Étude: Les contradictions du marché de l’emploi suisse
Le cabinet de placement von Rundstedt, en collaboration avec HR Today, vient de publier les résultats de sa nouvelle étude portant sur huit sujets controversés concernant le marché de l'emploi.
«Il y a des phénomènes sur le marché de l'emploi suisse qui sont manifestement contradictoires et complexes à comprendre», estime Anne Donou, directrice de von Rundstedt en Suisse romand. L'étude s'appuie sur une enquête détaillée à laquelle ont participé 1 907 managers et cadres RH dans toute la Suisse. Les résultats sont disponibles de manière détaillée selon les secteurs, les régions et la taille des entreprises. Voici un aperçu.
Les huits contradictions qui ont été au cœur de l'étude:
1) Polarisation entre les gagnants et les perdants: les premiers sont recherchés, les seconds sont rejetés. Pénurie de main-d'oeuvre qualifiée et chômage structurel augmentent parallèlement (63% approuvent).
2) Moins d’envie de travailler et toujours plus de burn-out: plus de personnes travaillent moins, et peu de personnes travaillent plus. L'épanouissement des uns se fait au détriment des autres (67% approuvent).
3) Une spirale de croissance sans fin: la croissance provoque une pénurie de main-d’oeuvre qualifiée et une augmentation de l’immigration, qui alimente la croissance et ainsi de suite. Cette spirale ne nous fait pas avancer d’un point de vue qualitatif (67% approuvent).
4) Pénurie de compétences et productivité: plus d'exigences de la part des travailleurs, mais moins de volonté de travailler. La productivité s'effondre en Suisse (61% approuvent).
5) Culture sectorielle: la transformation numérique exige en fait un haut degré de flexibilité et de mobilité sectorielle. Les personnes qui cherchent à changer de secteur peinent. Les employeurs privilégient les candidatures qui viennent du même secteur (70% approuvent).
6) Sens et individualisme: la plupart des répondants pensent que les employés visent leur épanouissement personnel et pas la construction d’une société plus durable (73% approuvent).
7) La nouvelle génération d’entrepreneurs: notre hypothèse était que les jeunes entrepreneurs d'aujourd'hui ne poursuivent pas de stratégie à long terme et que ce qui les intéresse en premier lieu n'est pas la contribution à la société, mais leur épanouissement personnel et leurs intérêts financiers. L’hypothèse est rejetée par les participants. (46% approuvent).
8) Le dilemme de l’âge: les seniors devraient travailler au-delà de l'âge de la retraite afin d'atténuer la pénurie démographique et le manque de main-d’oeuvre qualifiée. Personne ne veut les embaucher. (71% approuvent)
A l'exception des jeunes entrepreneurs, une nette majorité confirme ces 8 contradictions. Lorsque l’on interroge sur la nécessité de prendre des mesures, le dilemme de l'âge (87%), la polarisation entre les gagnants et les perdants (82%) et la baisse de l'envie de travailler avec le burn-out (79%) sont les trois sujets qui arrivent en tête. Ces trois phénomènes font directement référence à des avantages ou à des préjudices individuels. Cela en dit long sur le sens de la responsabilité sociale et de la solidarité de notre société.
Les résultats détaillés sont publiés dans un livre blanc téléchargeable sur research.hrtoday.ch