Franc fort: l'USS réclame le retour à un taux plancher

La décision prise le 15 janvier par la Banque nationale suisse (BNS) risque de devenir "la faute de politique économique la plus grave de ces dernières décennies", a estimé vendredi 6 février l'Union syndicale suisse (USS). Pour lutter contre le renforcement du franc, la faîtière syndicale demande à la banque centrale de rétablir un taux plancher.
 

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Berne (ats) "Si la Suisse dispose avec le franc d'une monnaie propre, les instances responsables doivent alors veiller à ce qu'elle serve et non pas nuise à l'économie et à la population", a déclaré Paul Rechsteiner, président de l'USS, à Berne. Le cours supportable pour l'économie réelle est de 1,30 franc pour 1 euro, a-t-il ajouté.

L'actuel cours (1,05 franc) est par conséquent un danger pour les emplois, les salaires et des secteurs industriels entiers. S'accommoder d'une énorme surévaluation du franc ne peut être une option, selon l'USS.

Rompre avec l'austérité

"C'est en premier lieu à la BNS d'intervenir", souligne le syndicat. L'institut d'émission doit replacer le franc à un niveau supportable. "L'instrument le plus efficace pour le faire est un taux plancher explicite ou un but de taux de change explicite, si nécessaire complété par des intérêts négatifs ou des restrictions au marché du franc", explique Paul Rechsteiner.

L'organisation syndicale exhorte aussi le Conseil fédéral à agir. Afin de protéger les firmes exportatrices touchées de plein fouet par le franc fort, l'USS demande à l'instance gouvernementale de renforcer l'assurance contre les risques à l'exportation. Les PME devraient pouvoir bénéficier de cette protection plus largement.

Pour lutter contre le danger de récession, le syndicat exige également que la Confédération et les cantons cessent leur politique d'austérité. "Etant donné que les taux d'intérêt n'ont jamais été aussi bas, voire sont négatifs, une telle manière d'agir est d'autant plus absurde", confie le président de l'USS.

L'organisation syndicale demande encore à Berne de préserver et de simplifier l'accès au marché de l'Union Européenne (UE), afin de soutenir le secteur d'exportation. Pour ce faire, elle soutient, tout comme economiesuisse, les accords bilatéraux et l'abolition d'obstacles douaniers.

Eviter la sous-enchère salariale

Enfin, au Conseil fédéral de donner un signal fort pour lutter contre le dumping salarial. Il doit montrer que sur sol helvétique, on doit verser des salaires suisses et que ceux versés en euros aux employés frontaliers sont illégaux, martèle l'USS.

De telles pratiques ouvrent tout grand la porte à la sous-enchère salariale et font pression sur tous les salaires, précise Vania Alleva, coprésidente d'Unia et vice-présidente de l'USS. Par ailleurs, les syndicats relèvent que les nombreuses baisses salariales annoncées ne résolvent pas le problème. "Les salaires ne représentent que 20% des coûts totaux et les baisser ne réduirait guère les coûts", commente Vania Alleva.

Vers une hausse du chômage

L'USS et Unia ne sont pas contre le recours au chômage partiel en cas de commandes lacunaires. L'instrument permet de maintenir le savoir-faire au sein même des firmes et d'assurer l'emploi.

Les deux organisations syndicales ne s'opposent pas fondamentalement non plus à l'augmentation du temps de travail pour autant que la mesure soit présentée en toute transparence et que des contreparties soient proposées, comme la protection contre le licenciement et le renoncement au versement de dividendes.

Si le cours euro-franc se maintient à la parité en 2015, l'USS table sur une stagnation du produit intérieur brut (PIB) et un taux de chômage de 3,7%.