Le secteur de l’hospitalité perd son personnel qualifié
Une enquête menée par Coople auprès de plus de 1300 personnes ayant travaillé dans le secteur de l’hospitalité (restauration et hôtellerie) avant la crise montre que le personnel temporaire, précédemment actif dans ce domaine, a changé d’aspiration professionnelle.
L'industrie hôtelière suisse est restée partiellement ou complètement fermée pendant des mois. Cela a conduit, entre autres, au retour de nombreux professionnels étrangers dans leur pays d'origine ainsi qu’à de nombreuses reconversions dans d'autres secteurs d’activité. Depuis peu, les restaurants et les hôtels sont autorisés à exploiter à nouveau les terrasses et l'intérieur de leurs établissements. Mais l'incertitude et la crainte de nouvelles fermetures demeurent.
Plus d'une personne sur huit pourrait tourner le dos au secteur de l'hôtellerie et de la restauration
Coople a mené une vaste enquête à la fin du mois de mai 2021 auprès de plus de 1300 travailleurs flexibles* qui travaillaient à temps plein, ou, à temps partiel dans le secteur de l’hospitalité avant la crise du COVID. Les résultats montrent que ce secteur a perdu en attrait auprès de nombreux travailleurs.
Lorsqu'on leur a demandé s’ils souhaitaient continuer à travailler dans l'industrie de l’accueil, seuls 45,3% (597 personnes) des 1319 répondants étaient tout à fait convaincus qu'ils allaient poursuivre leur carrière dans les métiers de l’hôtellerie et de la restauration. Pas moins de 41,3% ont répondu qu'ils «envisageaient» leur retour, tandis que 13,5% considéraient un retour dans le secteur de l'accueil comme incertain ou impossible. Cela signifie qu'environ un travailleur flexible sur huit ayant travaillé dans l’hôtellerie et la restauration pourrait tourner le dos au secteur de façon temporaire ou permanente.
À la question de savoir pourquoi un retour dans le secteur de l’hospitalité est incertain ou impossible, les cinq réponses les plus fréquentes sont les suivantes: «Je cherche un poste qui me rapporte plus» (20,8%), «Je cherche plus de stabilité d’emploi» (20,2%), «J’aimerais plus de flexibilité» (16%), «Je cherche de meilleurs horaires de travail» (12,8%) et «Je n’aime pas devoir prendre des pauses non rémunérées entre mes heures de travail» (10,2%).
Inquiétudes quant à l'avenir professionnel
L’enquête a également porté sur l'impact de la période de fermeture des restaurants liée aux mesures sanitaires contre le Coronavirus sur la situation professionnelle des répondants et leurs attentes pour l'avenir. Ici, une majorité de répondants (77,19%) ont indiqué que leur vie professionnelle a changé au moins modérément à beaucoup (valeur moyenne 6,7; 0 = aucun impact / 10 = impact très fort).
Ces changements ont une influence sur le degré de confiance des travailleurs flexibles de l'industrie des métiers de l’accueil envers le futur de leur secteur. Seulement 21,8% des personnes ont indiqué qu'elles étaient peu ou pas du tout inquiètes pour leur avenir professionnel («Êtes-vous inquiet pour vos perspectives de carrière?»; valeur moyenne 5,5; 0 = pas du tout / 10 = beaucoup). Un peu moins de 8 personnes sur 10 sont assez ou très préoccupées par le futur de leur situation professionnelle.
La perte d'un emploi dans le secteur de la restauration est souvent suivie d'un transfert vers d'autres secteurs
Interrogés sur leur situation professionnelle actuelle, 29,2% des participants à l'enquête ont déclaré avoir perdu leur emploi précédent et être toujours à la recherche d'un nouvel emploi. 23% étaient en chômage partiel au moment de l'enquête. 13,6% avaient perdu leur ancien emploi mais en avaient déjà trouvé un nouveau. Sur ce total de 159 personnes, 63,7% ont déclaré avoir changé de secteur d'activité et ne plus travailler dans l'industrie de l'accueil.
Des conditions de travail attrayantes peuvent aider à lutter contre la perte de personnel
«Notre enquête montre qu'il est actuellement difficile pour les entreprises de l’hospitalité en Suisse de faire revenir leur personnel habituel, ce qui ralentit leur reprise économique après la crise ou, dans le pire des cas, la rend impossible, relève Yves Schneuwly, directeur général de Coople Suisse. Cela est bien sûr lié à des facteurs psychologiques et à la motivation des employés, mais ces problèmes pourraient être au moins partiellement compensés par l’amélioration des conditions de travail; seulement bien sûr si les entreprises sont économiquement en mesure de le faire après les longues et difficiles pauses forcées.»
L'enquête montre que de nombreux employés des secteurs de l’hôtellerie et de la restauration souhaiteraient voir leurs revenus augmenter. Aujourd’hui, les salaires moyens du secteur sont relativement bas, pourtant de très nombreuses entreprises ne peuvent se permettre de les augmenter à la vue de la situation actuelle et de ses incertitudes. Les incitations complémentaires telles que les primes, qui pourraient contrebalancer le manque de personnel, sont également difficiles à mettre en œuvre pour les mêmes raisons.
Toutefois, la demande de plus de flexibilité, notamment concernant les horaires de travail, comme indiqué par l’enquête, pourrait aider à retenir une partie du personnel des métiers de l’accueil au sein de ce secteur. La possibilité de reprendre le travail à son propre rythme et d'avoir son mot à dire sur la durée des missions, la charge de travail, les jours de travail ou même les lieux de travail est souhaitée par de nombreux participants.
L'avenir du travail se caractérise par la flexibilité et l'autonomie, y compris dans le secteur de l’hôtellerie et de la restauration. Les entreprises qui répondent à la demande croissante de flexibilité et qui font constamment appel à de nombreux travailleurs flexibles sont sur la bonne voie à court et moyen terme. Retrouvez sur le lien suivant les résultats complets de l’enquête ainsi qu’une présentation infographique.