Julius Baer biffe 200 postes malgré un bénéfice en hausse de 96%

La banque Julius Baer a fortement accru sa rentabilité l'an passé. Recueillant les fruits de l'intégration des activités de gestion de fortune de Merill Lynch, l'établissement zurichois a quasiment doublé (+96%) son bénéfice net à 367 millions de francs. Mais 200 emplois, essentiellement en Suisse seront sacrifiés sur l'autel du franc fort.
 

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Zurich (ats) Depuis la décision de la Banque nationale suisse (BNS) d'abolir le taux plancher, l'appréciation du franc représente un défi pour tout le secteur bancaire, a relevé lundi 2 février à Zurich Boris Collardi, le directeur général de Julius Baer. Afin d'en réduire l'impact sur sa rentabilité, le gestionnaire de fortune a lancé sans attendre un programme de réduction des coûts.

L'opération, dont Boris Collardi attend "une mise en oeuvre rapide et directe" - soit d'ici mi-2015 - vise à réaliser des économies de 100 millions de francs, dont près de 60 millions cette année. Un montant équivalent à l'éstimation de l'impact du franc sur les affaires du gestionnaire de fortune fondé il y a 125 ans.

Les suppressions de postes, qui interviendront par le biais des fluctuations naturelles ainsi que des licenciements, concernent notamment les activités de support pour la gestion de fortune internationale. Outre des économies en matière de personnel, Julius Baer vise aussi une réduction des charges d'exploitation, en particulier dans les frais de voyages et de marketing.

Intégration sous toit

L'an passé, la banque a supprimé 250 emplois, dont 200 en Suisse, essentiellement dans le cadre de l'intégration des affaires de gestion de fortune hors Etats-Unis et Japon de Merill Lynch (IWM). A fin décembre Julius Baer employait 5247 salariés à temps plein, dont 3076 en Suisse.

Si le nouvel environnement monétaire représente un obstacle, il offre également des opportunités dans un contexte de consolidation du secteur, a poursuivi M. Collardi. Sans exclure des acquisitions en Suisse, le Vaudois entend cependant se concentrer sur l'étranger, compte tenu d'un pouvoir d'achat renforcé par la vigueur du franc.

Côté performance financière, Julius Baer a tiré profit l'an passé de l'achèvement de l'intégration d'IWM, le bond du bénéfice reflétant en partie la diminution des charges passées à ce titre. L'établissement a aussi bénéficié de l'absence en 2014 d'amortissements en lien avec l'accord fiscal avec la Grande-Bretagne.

Ajusté de l'ensemble des éléments exceptionnels, le bénéfice net ressort à 585,5 millions de francs, en hausse de 22%. Les revenus ont gagné 16% à 2,55 milliards et les charges 14,2% à 1,84 milliard.

Envol de l'action

En matière de bénéfice net la performance de Julius Baer a dépassé les attentes des analystes, lesquels interrogés par l'agence awp attendaient un montant moyen 345 millions de francs. Les investisseurs ont eux visiblement été comblés, l'annonce d'un dividende porté de 60 centimes à 1 franc par titre n'y étant pas non plus étrangère.
Vers 14h15 à la Bourse suisse, le titre Julius Baer s'envolait de 6,84% à 40,17 francs. Dans le même temps, l'indice des valeurs vedettes Swiss Market Index (SMI) prenait 0,51% à quelque 8427 points.

A l'issue de l'exercice sous revue, les avoirs des clients culminaient au niveau record de 396 milliards de francs, 14% de plus qu'un an auparavant. Les fonds sous gestion se chiffraient eux à 291 milliards, dont 60 milliards pour IWM, en progrès de 14% également.
La croissance reflète un afflux net d'argent frais de 12,7 milliards de francs, dont pas moins de la moitié provenant des marchés émergents. A la faveur de l'intégration d'IWM, Julius Baer a doublé son volume d'affaires en Asie, cette région générant 25% du total.

Conflit fiscal réglé cette année

Evoquant le litige fiscal avec les Etats-Unis, M. Collardi a concédé en avoir anticipé la résolution en indiquant déjà l'été passé qu'une solution interviendrait encore en 2014. Mais ce sera pour cette année, a-t-il souligné.

Au chapitre des perspectives, outre la confirmation des objectifs à long terme, M. Collardi a fait part de la volonté de l'établissement de moderniser sa plate-forme informatique, en collaboration avec le fournisseur genevois Temenos. Les travaux débuteront en Asie cette année.