09.06.2020

L’OIT publie des orientations pour un retour au travail sûr et sain

Les politiques de retour au travail devraient se fonder sur une approche centrée sur l’humain, qui place les droits et les normes internationales du travail au cœur des stratégies économiques, sociales et environnementales. Il faut par ailleurs veiller à ce que les orientations stratégiques s’intègrent dans les systèmes nationaux de sécurité et de santé au travail. Une note d’orientation destinée à créer des conditions de retour au travail sûres et efficaces durant la pandémie de COVID-19 a été publiée par l’Organisation internationale du Travail (OIT).

La note d’orientation indique que les politiques de retour au travail doivent être fondées sur une approche centrée sur l’humain, qui place les droits des personnes au cœur des stratégies économiques, sociales et environnementales, indique l'OIT dans un communiqué. Le dialogue social – qui réunit des gouvernements et des organisations d’employeurs et de travailleurs – sera déterminant pour établir des politiques efficaces ainsi que la confiance nécessaire pour un retour au travail en toute sécurité.

La note se fonde sur des documents d’orientation spécialisés de l’OIT et les normes internationales du travail, qui fournissent un cadre normatif pour créer des conditions de retour au travail sûres. Ce document souligne que les orientations politiques devront s’intégrer dans les systèmes nationaux de sécurité et de santé au travail (SST), car ceux-ci créent les bases d’environnements de travail sûrs. Les orientations peuvent ainsi contribuer à une culture d’amélioration continue au niveau national, que ce soit dans l’administration, les institutions, la législation, les services d’inspection du travail, la collecte d’informations ou dans d’autres domaines.

Le document d’orientation indique que les travailleurs doivent se sentir en sécurité sur leur lieu de travail et protégés aussi bien contre les risques directement liés au COVID-19 que contre les risques indirects, en particulier les problèmes psychosociaux ou les risques ergonomiques liés à des postures de travail inconfortables ou à des équipements inadaptés lorsqu’ils travaillent à domicile. Les travailleurs doivent avoir le droit de se retirer d’une situation de travail «dont ils ont des motifs raisonnables de penser qu’elle présente un danger imminent et grave pour leur vie, leur sécurité ou leur santé» et, ce faisant, ils «doivent être protégés contre toute conséquence injustifiée».

Le document propose que chaque milieu de travail, chaque emploi ou chaque groupe d’emplois fasse l’objet d’une évaluation avant le retour au travail, et que des mesures préventives soient mises en œuvre pour garantir la sécurité et la santé de tous les travailleurs, selon une hiérarchie des mesures de prévention. Pour les personnes qui continueront de travailler depuis chez elles, le risque d’infection dans un contexte professionnel peut être éliminé. Pour tous ceux qui retourneront sur leur lieu de travail, la priorité doit être accordée aux solutions qui prévoient de remplacer les situations dangereuses par des situations moins dangereuses, par exemple d’organiser des réunions virtuelles plutôt que présentielles. Lorsque cela n’est pas possible, une combinaison de mesures de contrôle techniques et organisationnelles sera généralement nécessaire pour prévenir la contagion. Si les mesures à mettre en œuvre sont propres à chaque lieu de travail, elles peuvent consister, en plus des pratiques de nettoyage et d’hygiène, à installer des barrières physiques comme des vitrines de protection en plexiglas, à améliorer les systèmes de ventilation, ou à adopter des horaires de travail flexibles. Les orientations rappellent également que l’utilisation d’un équipement de protection individuelle approprié peut être nécessaire pour compléter d’autres mesures – en particulier pour les professions les plus dangereuses –, et que cet équipement doit être fourni gratuitement aux travailleurs.

Il convient de tenir compte des besoins des travailleurs les plus exposés aux maladies graves, notamment les travailleurs âgés, les femmes enceintes, les personnes souffrant d’affections préexistantes, les réfugiés, les migrants et les personnes travaillant dans le secteur informel. Une attention spéciale devra être accordée à la nécessité de veiller à ce que les politiques de retour au travail ne créent pas de discrimination fondée sur le genre, l’état de santé ou d’autres facteurs.

«Des pratiques de travail qui ne seraient pas optimales constituent, partout, une menace tant pour la santé des travailleurs que pour la durabilité des entreprises. C’est pourquoi, avant de retourner au travail, les travailleurs doivent être sûrs qu’ils ne seront pas exposés à des risques inconsidérés», explique Deborah Greenfield, Directrice générale adjointe de l'OIT pour les politiques. «Et, pour aider les entreprises et les économies à redémarrer au plus vite, les travailleurs devront se conformer à ces nouvelles mesures. Cela signifie que le dialogue social sera particulièrement important, car il constitue le moyen le plus efficace d’apporter des informations et des points de vue utiles pour les politiques et les actions, créant ainsi les meilleures chances d’une reprise rapide et équilibrée.»