26.06.2018

La santé mentale est un problème individuel, estiment les entreprises

L'inspection du travail a un impact positif dans la prévention des risques psychosociaux, selon un rapport du Secrétariat d'Etat à l'Economie (Seco). Les entreprises continuent toutefois de voir ces risques comme un problème individuel.

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(ats) Les risques psychosociaux au travail (stress, harcèlement, agression,...) constituent un enjeu majeur pour la santé au travail. Le Seco et les inspections cantonales mènent depuis 2014 et jusqu'à cette année une action prioritaire sur ce thème auprès des entreprises.

Dans ce cadre, les visites d'inspection ont permis à 47% des entreprises visitées de développer des connaissances en matière de risques psychosociaux, et 34% d'entre elles ont pris des mesures de prévention, souligne le rapport. Celles-ci n'ont pas pour autant entrepris des changements d'organisation.

"Problèmes individuels"

Or, selon le Seco, des mesures touchant à l'organisation du travail sont nécessaires pour endiguer les risques psychosociaux. Mais du côté des employeurs, on tend à les "considérer comme des problèmes individuels, dans l'émergence desquels le travail n'aurait qu'un rôle marginal".

Une thématique qui a émergé spontanément dans les réponses des entreprises interrogées par le Seco, qui n'abordait pas cet angle dans son questionnaire. "Quand on déplace une employée entre nos sites et qu'elle est fortement perturbée: est-ce la responsabilité de l'employeur ou les gens sont toujours plus fragiles?", s'interroge un responsable d'entreprise cité dans le rapport.

Dans cette perspective, l'intervention de l'employeur se résume majoritairement à des mesures de soutien et à une gestion plus ou moins informelle des cas problématiques. Le but est d'éviter l'aggravation d'une situation ou d'intervenir de manière curative, mais il n'y a pas d'action en amont sur les facteurs de risque, selon le rapport.

Devoirs de l'employeur

S'il est difficile d'identifier les causes et les effets précis des risques psychosociaux, leur prévention fait pourtant partie des devoirs de l'employeur, rappelle le Seco. C'est pour mieux faire connaître les obligations des entreprises et les aider à développer leurs compétences dans le domaine que le Seco mène une action prioritaire consacrée aux risques psychosociaux.

L'étude de cette action a confirmé "la pertinence de l'activité de surveillance" qui "pose les prémisses nécessaires à une meilleure prise en compte des risques psychosociaux dans les entreprises", relève le rapport. Toutefois, l'impact des mesures prisent par les autorités dépendent d'un contexte favorable.

Selon les études internationales, les stratégies de prévention basée sur la sensibilisation ont peu d'impact dans les pays avec un marché de l'emploi très flexible. Les formes d'emploi atypique (travail temporaire, sous-traitance, freelance,...) qui y sont utilisés, complexifient en effet les rapports de subordination. Or, il n'existe pas d'étude sur cette problématique en Suisse, regrette le rapport.

Le Seco a interrogé 185 établissements visités par un inspecteur et 161 entreprises non auditées pour réaliser son rapport. Il émet plusieurs recommandations afin d'améliorer la situation. Il demande aux employeurs d'agir d'avantage sur l'organisation du travail et encourage le personnel à s'impliquer dans la prévention en matière de santé-sécurité. Il appelle aussi au développement et l'adaptation des stratégies d'inspection.