20.10.2020

La Suisse compte plus de 300'000 travailleurs culturels

Plus de 63'000 entreprises, au total plus de 300'000 travailleurs culturels, dont le niveau de formation est supérieur à la moyenne et avec une proportion de femmes plus élevée que dans l’économie générale, une valeur ajoutée de 15 milliards de francs, soit 2,1% du PIB: tels sont les principaux résultats de la nouvelle statistique de l’économie culturelle de l’Office fédéral de la statistique (OFS), que l’OFS réalise selon l’accord passé avec l’Office fédéral de la culture (OFC).

La statistique de synthèse ne porte pas seulement sur les domaines traditionnels de la culture, comme par exemple les musées ou les arts visuels, mais comprend aussi, entre autres, l’architecture ou la publicité, indique l’OFS dans un communiqué. La statistique de l’économie culturelle produit des informations aussi bien sur les entreprises culturelles que sur les travailleurs culturels. Elle porte sur les années allant jusqu’à 2019 et montre ainsi comment l’économie culturelle a évolué jusqu’à la crise du coronavirus.

Une entreprise sur dix relève du secteur culturel

En 2018, le secteur culturel comptait 63 639 entreprises et 66 122 établissements (succursales ou sites de production). Par rapport à l’économie totale (609 000 entreprises, 687 000 établissements), le secteur culturel représentait environ 10,5% des entreprises et 9,6% des établissements. Les domaines culturels les plus importants par le nombre d’entreprises sont les Arts visuels (env. 30% des entreprises culturelles), l’Architecture (21%) et les Arts scéniques (16%).

En 2018, les entreprises du secteur culturel comptaient 234 494 emplois, correspondant à 161 433 équivalents plein temps (EPT). L’économie totale comptait 5,2 millions d’emplois et 4,1 millions d’EPT. La part du secteur culturel est nettement moins forte en termes d’emplois (4,5%) qu’elle ne l’est par le nombre d’entreprises. Les entreprises du secteur culturel comptent en moyenne nettement moins d’emplois que les entreprises de l’économie générale. Cela se reflète aussi dans la forme juridique des entreprises culturelles: plus de la moitié d’entre elles (62,2%) sont des raisons individuelles.

La culture représente 2,1% du PIB

La valeur ajoutée du secteur marchand de l’économie culturelle (entreprises sans l’administration publique et sans les institutions sans but lucratif au service des ménages) était en 2018 de 15,2 milliards de francs aux prix courants. Cela représente 2,1% du produit intérieur brut (PIB). La plus grande part de cette valeur ajoutée est produite dans les groupes Livre et presse, Audiovisuel et multimédia ainsi que Patrimoine culturel et architecture. À titre de comparaison: Eurostat, le service statistique de l’UE, indique, pour la culture dans l’UE-27, une valeur ajoutée de 2,3% en 2017.

La valeur ajoutée a évolué différemment au cours des dernières années selon les domaines culturels. Elle était nettement moins élevée, à prix constants, en 2018 qu’en 2011. Le recul est de 1,3% par an en moyenne; pendant la même période, le PIB a augmenté, à prix constants, de 2,0% par an. Le recul dans le secteur de la culture est imputable en particulier au domaine Livre et presse. L’évolution a été plus favorable dans le domaine Architecture et dans le groupe Publicité, artisanat d’art et enseignement culturel.

Plus de 300 000 travailleurs culturels en Suisse


En 2019, 312 000 personnes actives en Suisse étaient des «travailleurs culturels» au sens large. On entend par là toutes les personnes qui travaillent dans le secteur culturel, quelle que soit leur profession, ainsi que les personnes qui exercent une profession culturelle en-dehors du secteur culturel (voir plus bas la note méthodologique). Cela représente 6,3% des personnes actives en Suisse. En comparaison internationale, la Suisse se situe à cet égard dans le haut du tableau, avec des pays comme l’Islande, Malte, l’Estonie, le Luxembourg et la Finlande. Un tiers des travailleurs culturels (32%) travaillent en-dehors du secteur culturel.

Les travailleurs culturels constituent une catégorie de personnes bien formées: en 2019, la majorité d’entre eux (56%) étaient diplômés du degré tertiaire, contre 42% dans l’ensemble de la population active. L’économie culturelle est une économie plutôt féminine: la part des femmes parmi les personnes actives y était, en 2019, plus importante (51%) que dans l’économie totale (47%). Par ailleurs, 28% des personnes actives dans la culture étaient des indépendants, soit nettement plus que dans l’économie totale (13%).

De fortes inégalités entre hommes et femmes

En 2019, 30% des travailleurs culturels étaient membres de la direction de leur entreprise ou y exerçaient une fonction de cadre. La proportion était de 33% dans l’économie totale. Les différences entre les sexes sont ici à peu près les mêmes que dans l’économie totale: dans l’économie culturelle, 36% des hommes exercent une fonction de direction ou de cadre, contre 24% des femmes. Les différences sont particulièrement marquées dans les domaines Enseignement culturel (écart: 20 points), Architecture (écart: 19 points) et Livre et presse (écart: 17 points).

En 2018, le salaire mensuel brut médian était, dans l’économie générale, de 6857 francs pour les hommes et de 6067 francs pour les femmes. Dans le secteur culturel, les hommes gagnaient 7356 francs par mois et les femmes 6088 francs par mois. L’écart est de 17,2%, contre 11,5% dans l’économie totale. L’écart salarial entre les hommes et les femmes est marqué dans des domaines comme Livre, presse et multimédia (femmes: –23,1%) et Patrimoine culturel et architecture (¬¬–17,1%). A noter que les différences de qualifications, de fonctions, d’expérience professionnelle, etc. ne sont pas prises en compte, ni les entreprises de moins de trois collaborateurs et les indépendants.