07.04.2020

Le travail par équipe accroît le risque d'accident

En raison de la crise actuelle liée au coronavirus, le nombre de personnes qui travaillent par équipe a augmenté en Suisse. En conséquence, le risque d’erreur et d’accident s’accroît significativement lui aussi. La Suva donne plus de précisions à ce sujet et explique comment réduire le risque d'accident.

Le travail par équipe concerne actuellement de très nombreux collaborateurs. La répartition des travailleurs en équipes doit permettre de réduire le risque de contamination par le coronavirus. Dans certaines branches comme la santé, le commerce alimentaire et la logistique, les collaborateurs qui travaillent toujours par équipe sont aujourd’hui particulièrement sollicités car ils sont appelés à travailler nettement plus qu’en temps normal, rappelle la Suva dans un communiqué.

Ce que beaucoup ne savent pas, c'est que le travail par équipe accroît significativement le risque d'erreur et d'accident. Des études scientifiques montrent par exemple que les personnes qui rentrent chez elles en voiture après avoir travaillé de nuit encourent un risque sept à huit fois plus élevé d'être victimes d'un accident. Le risque d'accident continue d'augmenter après chaque poste de nuit supplémentaire, et pas seulement pour les accidents de la route, à savoir de 25 % après la deuxième nuit, de 35 % après la troisième, et de 50 % après la quatrième.

Une source de fatigue

Le risque élevé d'accident s'explique principalement par la fatigue accumulée: en effet, le fait de travailler à des heures irrégulières conduit souvent à un épuisement, surtout lorsqu'on doit travailler le soir, la nuit ou tôt le matin. «Il faut alors travailler à des heures où notre horloge interne est programmée pour dormir et où les hormones de nos organes et fonctions corporelles nous poussent à nous reposer. Il en résulte une sorte de décalage horaire permanent», explique Reto Etterli, spécialiste de la prévention à la Suva.

«À l'inverse, on doit dormir tandis qu'il fait jour et chaud dehors, et que nos fonctions tournent à plein régime», poursuit-il. À long terme, on a alors tendance à dormir mal ou pas assez, ce qui affecte la concentration et des fonctions corporelles telles que la capacité de réaction. Or cette dernière est essentielle pour prévenir les accidents, que ce soit au volant, au travail ou durant les loisirs.

Une alimentation souvent déséquilibrée

De nombreuses personnes travaillant par équipe ont de mauvaises habitudes alimentaires et ne prennent pas suffisamment de temps pour manger sainement en période de stress. Elles consomment des en-cas froids, sucrés ou gras et des boissons caféinées pour rester éveillées et mangent à des heures irrégulières, ce qui a une influence négative sur la qualité du sommeil et favorise par conséquent les accidents.

Une bonne gestion de la santé est primordiale

La Suva donne quelques conseils simples pour améliorer les conditions de travail par équipe et réduire ainsi le risque d'accident:

  •   Boire un à deux litres d'eau ou de thé par jour ou par nuit favorise la concentration
  •   Le fait de manger régulièrement, même si on dort une partie de la journée, favorise la vie commune au sein du foyer ainsi que la digestion.
  •   Consommer des aliments chauds la nuit dispense plus d'énergie, surtout lorsque le travail est exigeant.
  •   Observer une courte pause toutes les heures aide à rester concentré, notamment en cas de tâches répétitives.
  •   Faire une turbosieste de 15 à 20 minutes pour rester éveillé avant ou pendant le trajet en voiture. Écouter de la musique à un volume élevé, l’air frais et les boissons caféinées sont inefficaces et peuvent entraîner, au contraire, des difficultés d'endormissement ou des réveils intempestifs une fois rentré chez soi.
  •   Il est également conseillé de renoncer à l’utilisation d’écrans électroniques sans filtre anti-lumière bleue juste avant le coucher car ils bloquent la production de mélatonine, notre hormone du sommeil.
  •   La durée légale du travail, des pauses et du repos est aussi applicable en période de stress. Ces prescriptions doivent être strictement respectées et exigées de l’employeur. Elles contribuent à réduire le risque d’erreur et d’accident (voir directives du SECO ci-dessous).