24.03.2022

Les causes des arrêts de travail pour raisons psychiques

Près de 57% des incapacités de travail d’origine psychique sont déclenchées par des conflits sur le lieu de travail, indique une nouvelle étude menée en Suisse. Ils durent en moyenne 218 jours et représentent des arrêts de travail à temps plein dans 95% des cas.

L’analyse a porté sur près de 2000 dossiers d’indemnités journalières maladie, parmi lesquels 1350 arrêts de travail pour raisons psychiques (panel représentatif de toutes les incapacités de travail psychiques enregistrées par SWICA à travers toute la Suisse) et, à titre comparatif, près de 600 arrêts de travail comparables pour raisons somatiques, c’est-à-dire physiques. Les arrêts de travail analysés dans ce cadre ont duré de 15 à 730 jours et ont pris fin en 2019.

«Chez SWICA, nous avons tout intérêt à vouloir comprendre les causes de ce phénomène. En tant que plus grand assureur d’indemnités journalières maladie de Suisse, nous comptons en effet quelque 27 000 entreprises assurées avec pas moins de 600 000 personnes assurées», indique Roger Ritler, responsable Prestations Entreprises au sein de SWICA, dans un communiqué.

L’étude représentative a été menée par Swica en collaboration avec WorkMed, un centre de compétence en psychiatrie de Bâle-Campagne. S’y sont joins la Hochschule Döpfer de Cologne (pour la partie analyses statistiques) et ValueQuest (pour la partie programmation de questionnaires).

Principaux enseignements

Les incapacités de travail pour raisons psychiques durent en moyenne 218 jours et représentent, dans 95% des cas, des arrêts de travail à temps plein. C’est nettement plus long que la plupart des arrêts de travail pour raisons somatiques. À noter que près de la moitié des rapports médicaux ne précise pas clairement le motif pour lequel la personne assurée n’est pas en mesure de travailler. De même, presque la moitié des rapports rédigés par des médecins de famille ou des psychiatres ne donne aucun pronostic quant au retour au poste de travail ni aucune indication sur la manière de conserver celui-ci. En conséquence, près d’un assuré sur deux en arrêt de travail finit par perdre son emploi consécutivement à l’incapacité de travail.

Une majorité des personnes en arrêt de travail avait déjà connu des problèmes psychiques par le passé, que ce soit pendant sa scolarité, sa formation ou à des postes occupés précédemment. Nombre d’entre elles souffre d’isolement social ou ne s’entend pas avec sa famille.

On estime que 57%  des incapacités de travail d’origine psychique sont déclenchées par des conflits sur le lieu de travail. Certaines conditions de travail particulièrement astreignantes favorisent les arrêts de travail de très longue durée: contraintes émotionnelles, interactionnelles et cognitives et exigences élevées en matière de fiabilité. Pour ce qu’est de la durée des arrêts de travail, on note de fortes disparités entre les branches d’activités.

«Dès lors qu’une personne salariée se trouve en incapacité de travail à cause d’un conflit, elle a peu de chance de réintégrer son poste de travail, remarque Niklas Baer, responsable de WorkMed. Bien souvent, les rapports de travail ont été résiliés avant. Il faut donc prendre des mesures suffisamment tôt et impliquer toutes les parties prenantes – médecins, employeuses et employeurs, personnes salariées – de manière à désamorcer une telle escalade par la prévention.»

Éviter la perte d’emploi

Les médecins traitants devraient être davantage soutenus et formés pour mieux gérer les certificats d’incapacité de travail et aider les patientes et patients à garder leur emploi. Il serait judicieux que médecins, assurances et employeuses et employeurs élaborent des lignes directrices expliquant comment agir dans des situations compliquées et comment aider les personnes en arrêt de travail à garder un pied dans le monde du travail sur le long terme.

Plutôt que de ne pas intervenir ou de le faire trop tard lorsque la situation a pris une mauvaise tournure, il faudrait davantage sensibiliser les employeurs à un ancrage de la prévention par un comportement bienveillant et une intervention précoce. Les compagnies d’assurance devraient, pour leur part, soutenir davantage les entreprises par une approche préventive et pragmatique afin d’éviter qu’une situation ne dégénère.

L’étude complète (en allemand) «Prescriptions d’arrêts de travail pour des raisons psychiques» est disponible sur www.workmed.ch.