Les femmes plus durement touchées par le semi-confinement
Durant la période de semi-confinement, de nombreuses inégalités de genre sont survenues ou ont été amplifiées. Ainsi, alors que seuls 3% des répondants à une enquête ont indiqué avoir perdu leur emploi, 70% d’entre eux étaient des femmes.
Du 8 avril au 10 mai 2020, en pleine période de semi-confinement imposée par le Conseil fédéral en raison de la pandémie de coronavirus, des chercheuses du Laboratoire de sociologie urbaine (LASUR) et du Laboratoire des relations humaines-environnementales dans les systèmes urbains (HERUS) à l’EPFL, en partenariat avec l’Institut de recherche Idiap et l’Institut de Psychologie de l’Université de Lausanne, ont diffusé en Suisse sur les réseaux sociaux et au sein de différents canaux un questionnaire en français, allemand, italien et anglais sur les nouvelles adaptations de vie des habitants. Leur objectif? Evaluer leurs conditions de vie professionnelle et personnelle et construire de meilleures stratégies de solidarité à l’avenir.
En ce qui concerne spécifiquement les inégalités de genre, un communiqué révèle que les femmes estiment en majorité que leurs conditions de travail étaient plus difficiles, une grande partie de ces répondantes exerçant dans le secteur médico-social, plus exposé aux risques d’infection. Les personnes travaillant dans ce secteur sont celles qui se sont senties les plus utiles durant la crise, mais également celles qui auraient souhaité le plus souvent recevoir une compensation pour leur travail, sous forme de jours de récupération, de congé ou à travers un soutien financier.
En outre, une femme sur deux a indiqué avoir été en charge exclusive de l’école à la maison, contre un homme sur dix. De manière intéressante, une part plus importante d’hommes que de femme déclare partager cette tâche. «Les hommes peuvent avoir eu l’impression de prendre en charge les devoirs scolaires, ou de l’avoir fait plus souvent qu’avant, sans que cela coïncide avec le ressenti de leur conjointe ou à une répartition effective», précise Laurie Daffe, postdoctorante au LASUR, soulignant qu’un tel cas de figure revient souvent en sociologie du genre, qui a notamment mis en évidence le poids différencié de la «charge mentale» entre hommes et femmes.
Enfin, les jeunes actives diplômées sont celles qui ont le plus déclaré devoir assumer trop de tâches domestiques. «Cette catégorie a tendance à se montrer plus attentive à la répartition des tâches dans le couple, mais ce résultat peut aussi provenir du fait que les classes supérieures ont plus souvent recours au travail domestique rémunéré en temps normal», analyse Garance Clément, postdoctorante au LASUR. «Ce sont cependant bien ces travailleuses domestiques, qui ont souvent perdu leur source de revenus durant la crise, qui ont été les plus pénalisées.»