Les prix de la garde d'enfants à domicile se stabilisent
Le secteur de la garde d’enfant a été fortement impacté par le ralentissement économique amorcé mi-mars, notamment à cause du confinement qui a marqué un coût d'arrêt des besoins de garde des parents. Malgré la crise, les prix de la garde à domicile se stabilisent, avec une très légère augmentation de 1.24% passant d’un salaire horaire net de 15,32 CHF en 2019 à 15,51 CHF en 2020, selon Yoopies. Les votations fédérales du 27 septembre sur les déductions fiscales pour les enfants pourraient s’avérer cruciales pour l’avenir du secteur.
Le secteur de la garde d’enfant a été lourdement touché par la crise Covid-19. De nombreuses familles ont rompu le contrat pendant le confinement et les heures de gardes déclarées ont brutalement chuté. Les allocations pour perte de gain à hauteur de 80% ne pouvaient être perçues qu’à certaines conditions, et de nombreux professionnels de la garde d’enfant n’ont pas pu en bénéficier, indique un communiqué.
Les prix moyens horaires pour la garde d’enfants à domicile n’ont cependant pas beaucoup évolué : le salaire horaire moyen a augmenté de 1.24% en un an pour arriver à 15,51 CHF. Ce sont les parents habitant le canton de Zoug qui déboursent le plus pour faire garder leurs enfants : le salaire horaire net moyen s’élève à 21,53 CHF, alors qu’il n’est que de 14,47 CHF dans le Jura, canton dans lequel les prix pratiqués sont les moins chers. Le podium des cantons les plus onéreux est complété par Schwytz (19.23 CHF) et Zurich (16.10 CHF). Le salaire grimpe même jusqu’à 31,67 CHF dans la ville d’Altendorf (SZ), 27,80 CHF à Wallisellen (ZH), ou encore 25 CHF à Cham (ZG). A l’inverse, à Bulle (FR), les parents paieront en moyenne 11,28 CHF. “Ces tarifs ne reflètent cependant pas le formidable élan de solidarité dont nous avons été témoins durant la crise. En effet, pendant le confinement, nous avons pu mobiliser plus de 5000 bénévoles et près de 40% des gardes chez Yoopies étaient gratuites. Si l’on prenait en compte les gardes bénévoles, les prix moyens seraient en réalité fortement à la baisse,” commente Anne-Charlotte Cauhapé, directrice commerciale de Yoopies Suisse.
La Suisse, pays le plus cher d’Europe
Yoopies compte aujourd’hui plus de 3 000 000 profils de baby-sitters dans 16 pays Européens. Comme les années précédentes, la Suisse reste le pays le plus cher en Europe pour la garde d’enfants à domicile. Sur la deuxième place du podium se trouve la Grande-Bretagne avec un tarif net moyen de 8,47 £ (soit 10,24 CHF) suivie de près par l'Allemagne dont le tarif s’élève à 9,43 € (soit 10,16 CHF). En fin de peloton, on retrouve l’Italie (7,75 €) l’Espagne (7,68 €) et le Portugal (7,09 €). En Suisse, la capacité d’accueil de la petite enfance reste globalement faible, tout en variant d’un canton à l’autre. Ces disparités obligent les parents à trouver une alternative, tirant ainsi les prix du babysitting vers le haut.
Remettre un secteur fragilisé sur pieds
La Suisse se trouve donc dans une situation de difficulté double, avec à la fois des prix élevés pour les parents et un secteur de la garde d’enfant fortement touché par la crise. Et si la solution à ce double problème était l’augmentation des déductions fiscales pour les frais de garde d’enfants?
La modification de la législation sur l'impôt fédéral direct ferait passer le montant maximum déductible au titre des frais de garde d’enfants par des tiers de 10 100 à 25 000 francs par ménage. En outre, la déduction générale pour enfants passerait de 6 500 à 10 000 francs, ce qui soulagerait les familles quel que soit le mode de garde choisi. Face à la crise du coronavirus, cette mesure permettrait de soulager aussi bien les familles qui assurent la garde à la maison que celles qui font appel aux crèches. Le projet aiderait à lutter contre la pénurie de personnel qualifié car il encouragerait, en supprimant l’obstacle fiscal, les deux parents à travailler, tout en leur permettant une meilleure conciliation entre vie professionnelle et vie familiale grâce à un plus grand pouvoir d’achat. Parallèlement, cela dynamiserait le secteur de la garde d’enfant avec la création de nouveaux emplois.
Les opposants de la nouvelle loi estiment de leur côté que ces mesures ne profiteront qu’aux familles à hauts revenus au détriment de la classe moyenne. Cependant, en attendant une hausse des allocations familiales et des mesures permettant de financer directement la garde d’enfant, à l’image de la France avec le complément de libre choix du mode de garde (CMG), ce projet de déduction fiscale allège les charges de plus d’une famille sur deux. Le peuple se prononcera sur cette question le 27 septembre lors d’un référendum.
Les entreprises, un rôle à jouer
Les entreprises ont elles aussi leur rôle à jouer. La crise Covid a rendu la limite entre vie personnelle et vie professionnelle perméable et la charge mentale des salariés s’en est trouvée amplifiée. L’expérience du télétravail et de l’école à la maison a démontré ses limites et l’impact sur la performance au travail. Face à cette prise de conscience, plus de 20 entreprises suisses ont mis en place des solutions de garde d’enfants pour leurs salariés, à l’instar de SIG, Migros Vaud ou encore Protectas. “Les entreprises doivent prendre leur part et financer la garde d’enfant de leurs salariés, ce qui aura un impact direct sur leur performance” conclut Anne-Charlotte Cauhapé.