21.07.2020

Les Suisses vont au bureau même s'ils ont mal au dos

Les douleurs dorsales prennent des proportions épidémiques en Suisse. Selon le dernier rapport sur le dos, la comparaison 2011/2020 fait apparaître une progression significative. Paradoxalement, le nombre de jours de travail perdus pour cause de douleurs dorsales a diminué au cours des neuf dernières années.

Il y a neuf ans, 39% des personnes interrogées déclaraient avoir mal au dos plusieurs fois par semaine ou par mois, indique la Ligue suisse contre le rhumatisme dans un communiqué. Ce chiffre est passé à 50% en 2020. La part des personnes n’ayant jamais souffert de douleurs dorsales a baissé de 7% à 2%.

De plus en plus de personnes vont travailler

Bien que la prévalence des douleurs dorsales progresse, le nombre de jours de travail perdus pour cause de douleurs dorsales a diminué au cours des neuf dernières années. Ce phénomène pourrait s’expliquer par le fait que, du fait de la pression sociale ou de peur de perdre leur emploi, les personnes souffrants de maux de dos s’absentent moins souvent de leur travail, même si leur état le justifierait (les experts parlent de «présentéisme»). Selon plusieurs études, en Suisse, les actifs travaillent en moyenne quatre jours par an en étant malades et alors même qu’ils devraient prendre un congé-maladie.

Les douleurs dorsales entraînent des coûts élevés

Bien que les douleurs dorsales entraînent de moins en moins de jours d’absence, elles minent la productivité à raison de 4939 francs par personne et par an. En outre, le rapport sur le dos révèle la part des dépenses de santé supportée par les patients eux-mêmes: les deux tiers des personnes interrogées ont déclaré qu’en 2019, elles ont dépensé en moyenne 524 francs de leur poche pour des maux de dos. Ce chiffre comprend l’ensemble des coûts des traitements, des médicaments ou des aides non remboursés par l’assurance-maladie. Pour les personnes souffrant de douleurs dorsales chroniques, les dépenses de santé non remboursées se sont élevées en moyenne à 836 francs en 2019.

Le paradoxe de la prévention

Le rapport sur le dos brosse le tableau d’une population active sur le plan de la prévention: 79% des personnes interrogées préviennent les maux de dos en faisant attention à leur posture. 78% essaient de pratiquer une activité physique régulière. 72% évitent de porter des charges excessives. 58% font du sport. 49% font de la musculation pour le dos. D’autres enquêtes font également état d’une «évolution positive du comportement en matière d’activité physique» de la population suisse. Pourtant, le mal de dos progresse plutôt qu’il ne régresse.

Les experts consultés n’ont pas d’explication concluante à ce paradoxe. Ils ont tendance à mettre en doute les réponses des participants à l’enquête et considèrent que les recommandations émises dans le cadre de la prévention ne sont pas en cause.


Certains soulignent que les longues phases de station assise dans la journée ne peuvent pas être compensées par une séance de sport le soir. D’une manière générale, il est recommandé de pratiquer une activité physique pendant au moins 150 minutes par semaine au cours de laquelle le rythme cardiaque et la respiration s’accélèrent légèrement ou une activité physique intensive pendant au moins 75 minutes par semaine.

Un röstigraben du mal de dos

Que faire en cas de douleurs dorsales? Le rapport sur le dos 2020 révèle certaines différences culturelles. Lorsqu’ils souffrent de maux de dos, les Suisses alémaniques bougent beaucoup plus que les Suisses romands (24% contre 14%). Ces derniers se ménagent davantage que leurs compatriotes alémaniques (24% contre 10%). L’utilisation de remèdes domestiques tels que la chaleur ou le froid pour soulager les maux de dos est plus répandue en Suisse alémanique que dans la partie francophone du pays. Les Romand(e)s prennent en revanche plus souvent des analgésiques que les Alémaniques (70% contre 62%).