17.02.2023

Perception du prestige des professions en Suisse

Dans le 33e numéro de la revue «Social Change in Switzerland», des chercheurs dévoilent les résultats d’une nouvelle enquête qui demande aux Suisses de noter le prestige d’un ensemble de professions. Les médecins et dirigeants d’entreprises occupent les premiers postes, tandis le personnel de nettoyage et les ouvrières de fabrique se voient reléguées aux dernières places.

Dans une enquête réalisée en 2019, plus de 1500 individus ont évalué un ensemble de professions selon leur prestige. Dans cette hiérarchie des professions en Suisse, les scores de prestige les plus élevés sont donnés aux médecins, professeurs universitaires, dirigeants, pilotes d’avion et juges, indique un communiqué. À l’autre bout de la hiérarchie se trouvent les métiers de nettoyage, d’emballage ou d’aide de cuisine, mais aussi les ouvriers de fabrique ainsi que les caissiers et caissières de magasins.

Les auteurs comparent l’échelle de prestige suisse avec une échelle internationale et observent une forte corrélation, rejetant ainsi l’idée d’un Sonderfall suisse – à deux exceptions près: en Suisse, les professions techniques et de soins, issues de la formation professionnelle, ont un prestige plus élevé qu’au niveau international. En revanche, les métiers de cols blancs comme les vendeurs, secrétaires ou employés de bureau sont moins bien considérés en Suisse qu’au niveau international.

Les deux principaux facteurs expliquant pourquoi une profession est perçue comme prestigieuse sont la formation et le revenu, alors que la proportion de femmes ou de migrants dans une profession ne semblent pas affecter son prestige. De même, l’évaluation du prestige ne varie guère selon qu’une profession est proposée aux répondants au féminin (vendeuse) ou au masculin (vendeur). Seuls font exception quelques métiers typiquement féminins comme esthéticienne ou sage-femme, où la version féminine est plus prestigieuse, ainsi que quelques métiers typiquement masculins comme pompiers ou charpentiers, où la version masculine l’emporte.

Les auteurs concluent que, dans la mesure où les perceptions du prestige sont largement partagées dans la population, elles ont un caractère normatif qui est susceptible de guider les choix d’orientation professionnelle des jeunes.

Joye, D., Lemel, Y., & Wolf, C. (2023). Le prestige des professions en Suisse. Social Change in Switzerland, N°33, www.socialchangeswitzerland.ch