10.12.2020

Remplir ses obligations financières devient un exercice d'équilibriste

A la fin du mois, il reste aux Suisses de moins en moins de leur légendaire revenu brut élevé, selon Intrum. En cette année 2020 marquée par le Covid, de nombreuses personnes craignent d’être de plus en plus en retard ou de devenir incapables, à moyen terme, de remplir leurs obligations financières, ce qui suscite des craintes existentielles pour nombre d’entre elles.

Le nombre de personnes pessimistes quant à l’avenir a fait un bond de 10% par rapport à l’année précédente: aujourd’hui, un Suisse sur deux a peur de ne plus pouvoir profiter d’une retraite confortable, rapporte un communiqué.

C’est une chute de très haut que la Suisse doit accepter dans le classement qui reflète le bien-être financier des consommateurs sur 24 marchés européens. L’année dernière, elle figurait encore parmi les quatre premiers, mais cette année, elle a dégringolé à la 15ème place et se retrouve donc largement dans la moitié inférieure du classement. Mais qu’est-ce qui a un impact aussi négatif sur le bien-être des consommateurs suisses? Pourquoi s’en sortent-ils moins bien que les autres Européens avec leurs revenus? C’est à cette question, entre autres, que s’intéresse la dernière étude d’Intrum, le European Consumer Payment Report 2020 (ECPR). Comme chaque année, Intrum a interrogé 24’400 personnes dans 24 pays européens sur leurs habitudes de consommation et de dépenses quotidiennes. Les différents rapports nationaux sont très instructifs, tout comme le baromètre du bien-être financier qu’ils contiennent. Ce dernier mesure dans quel pays les consommateurs ont la plus grande ou la moins grande sécurité financière pour couvrir leurs dépenses quotidiennes et garder le contrôle sur leurs finances.

Le taux d’épargne en chute libre, les craintes existentielles en hausse

Les bouleversements économiques de 2020 n’ont épargné aucun pays européen. Bien qu’environ 35% des personnes interrogées dans les 24 pays aient dû faire face à une baisse de leurs revenus, la crise du Covid-19 a eu un impact comparativement plus important sur les finances des ménages suisses. Près de la moitié des personnes interrogées en Suisse ont déclaré que leurs dépenses augmentaient plus vite que leurs revenus. C’est le coût exorbitant de la vie qui exerce une pression particulièrement importante sur le budget de la population suisse. Thomas Hutter, Managing Director d’Intrum Suisse, s’inquiète: «Un citoyen suisse sur deux se retrouve avec moins de 20% de son salaire après avoir payé toutes ses factures à la fin du mois. Chez les consommateurs des pays de l’UE, ce taux s’élève en moyenne à 41%. Il est déplorable, mais tout à fait compréhensible, qu’avec la diminution des moyens financiers, près de la moitié de notre population soit confrontée à des craintes existentielles.» Près d’un Suisse sur deux interrogé, âgé de 18 à 64 ans, a confirmé être plus préoccupé que jamais par son bien-être financier.

Différents niveaux de résistance à la crise

Le budget plus serré des consommateurs cette année en raison du Covid a eu un impact sur le comportement de paiement dans toute l’Europe: En moyenne, 14% des Européens et même 19% des Suisses interrogés ont reporté d’une ou plusieurs fois le paiement de leurs factures. Il est toutefois frappant de constater qu’avec l’adaptation du mode de vie aux restrictions liées au confinement, les factures pour l’accès à Internet et les biens de consommation importants pour le ménage ont été payées en priorité. 

Si on compare les différents pays ayant participé à l’étude, les pays baltes sont surprenants. Jusqu’à présent, ils ont mieux survécu à la crise du Covid-19 que d’autres pays européens. Bien que les restrictions de l’activité économique aient également eu un impact significatif sur les niveaux d’emploi en Estonie, en Lettonie et en Lituanie, leurs ménages présentent des niveaux d’endettement bien plus faibles. Apparemment, ces pays, qui ont dû surmonter des décennies économiquement et politiquement difficiles et qui ont inévitablement dû renoncer à certaines choses, sont mieux à même de faire face aux crises et aux budgets serrés que d’autres pays qui, après de longues périodes d’abondance, semblent avoir plus de mal à disposer soudainement de ressources nettement moindres et à devoir se serrer la ceinture.

Des familles qui s’inquiètent pour l’avenir

La moitié des ménages ayant des enfants en Europe partagent un triste consensus: elles sont toutes aux prises avec des difficultés financières et la pandémie a accentué cette pression. Ces parents affirment que la crise du Covid-19 leur a fait prendre conscience que leurs finances ne sont pas suffisamment sûres pour mener une vie sans stress. Ils portent donc un regard inquiet sur l’avenir.