20.05.2021

Une exposition virtuelle pour donner un coup de pouce aux futurs apprentis

Après un an de pandémie, les jeunes en recherche d’une place d'apprentissage ou d'un emploi à la fin de leur formation se trouvent dans une situation inédite. Pour les soutenir dans le passage entre l'école et le monde du travail, l’Institut fédéral des hautes études en formation professionnelle IFFP leur propose une exposition virtuelle.

«La création d’une expo 3D a directement à voir avec la situation délicate de la transition école-travail liée à la pandémie. Avec l’absence de salons de métiers et la difficulté à trouver des stages, cette expo 3D permet par exemple la discussion en classe pour préparer les choix professionnels», explique la professeure Nadia Lamamra, à l’origine du projet, dans un communiqué.

L’intérêt ou la plus-value, en comparaison à la visite durant les salons, est que les élèves peuvent découvrir à leur rythme les enjeux principaux de la formation professionnelle duale. En plus de pouvoir être utilisée comme un outil collectif en classe ou par les structures d'aide à la transition, la visite 3D peut aussi être explorée seul ou en famille à la maison.

L'expo 3D s’appuie sur l’expo itinérante qui aurait dû être montrée lors des différents salons des métiers l’an dernier en Suisse romande (Lausanne, Fribourg, Delémont). Elle le sera en présentiel en novembre prochain à Lausanne, puis à Genève, si la situation sanitaire le permet.

Immersif et ludique

Cette exposition immersive et ludique présente les résultats de plusieurs recherches menées par Nadia Lamamra et son équipe à l'IFFP. Faits, chiffres, mais aussi points de vue des apprentis et des formateurs en entreprise permettent d’expérimenter le quotidien, les succès, mais aussi les difficultés de la filière de formation la plus fréquentée de Suisse.

«A l’IFFP, nous travaillons au maximum dans une optique de recherche appliquée, poursuit Nadia Lamamra. Nous transmettons le résultat de nos recherches au terrain, afin qu’il puisse être directement utile et faire évoluer la formation professionnelle, en améliorant ce qui doit l’être». Les résultats sous forme vulgarisée, ainsi que des pistes d’action sont ainsi proposées aux différents acteurs de la formation professionnelle, des apprenti-e-s aux autorités cantonales, en passant par les structures de transition ou encore les formateurs et formatrices en entreprise.

L’expo 3D offre soit une courte visite guidée permettant de saisir les différentes thématiques de l’expo avec une attention supplémentaire portées sur les questions de genre (photos du début, graphique sur le choix des métiers, diplôme pionnier), soit une déambulation libre. La déambulation libre peut se faire soit avec la barre de navigation (point par point), soit grâce aux flèches de navigation du clavier, permettant de s’approcher des éléments (iconographie, documents, graphiques).

La visite virtuelle a volontairement évité de mettre l’accent sur les textes, qui peuvent être lus simplement en s’approchant de la paroi (excellente qualité de l’image). L’animation d’autres éléments a été privilégiée: comme les sons (carte de la formation professionnelle en Suisse, graphiques sur le choix des métiers ainsi que sur les arrêts, sorties ou encore témoignages de jeunes en transition) ou des films.

Jouer au recruteur

Les jeunes peuvent encore découvrir une animation vidéo sur l’enjeu du temps et un jeu («Dans la peau d’un recruteur»), qui a été créé en version électronique pour que les élèves puissent expérimenter la situation de recruter un apprenti. La visite peut donc prendre un tour ludique ou très informatif.

Ce jeu permet de se mettre dans la peau d’un recruteur. L’ado découvre ainsi que malgré les tests, une partie de la sélection est arbitraire et se fonde sur des critères sociaux, physiques ou de look: il faut avoir «la tête de l’emploi». «Les jeunes qui se sont mis dans la peau d’un recruteur avaient tendance à ne pas engager un candidat au look punk ou plus âgé que les autres», a remarqué Nadia Lamamra lors de la première exposition qui s’est tenue à Martigny début février 2020 avant le Covid.

Sur le terrain, le recrutement bat son plein. Le marché des places d'apprentissage semble mieux préparé à la pandémie qu'il ne l'était il y a un an: davantage de places ont trouvé preneur jusqu'ici.

Mieux soigner la formation en entreprise

Pour Maurizio Colella, secrétaire syndical chez Unia Vaud, la perte d’attrait de certains apprentissages auprès des jeunes, couplée à la pandémie et au départ à la retraite de la génération des babyboomers, pourrait inciter les entreprises à mieux soigner l’encadrement de leurs apprentis.

Certains secteurs, comme la carrosserie par exemple, ont choisi pour pallier le manque de candidats de ne pas uniquement investir dans des campagnes promotionnelles plus ou moins spectaculaires, mais de rendre les métiers attractifs grâce à un plus grand soin apporté à la formation des apprentis, explique Nadia Lamamra. Pour les entreprises, au-delà du label parfois valorisé «d'entreprise formatrice», cela permet de ne pas uniquement les attirer dans le métier mais d'espérer les garder à moyen et long terme.