Anticiper les changements à venir pour maintenir ses compétences à jour

Bertrand travaille dans l’entreprise depuis trois ans. Pour lui, c’est une chance d’avoir été engagé à ce poste à son âge, 52 ans, il ne pensait pas être capable de retrouver du travail après son licenciement. Cette reconnaissance, il la manifeste tous les jours en travaillant du mieux qu’il peut et en faisant profiter chaque collègue de son expérience. Grâce à lui, l’entreprise peut former ses nouveaux collaborateurs à l’utilisation du système informatique complexe de gestion des stocks et des commandes. C’est d’ailleurs pour son expérience de plusieurs années avec cette solution informatique que son employeur l’avait engagé.

Le changement, source de mal-être

Bertrand a mal vécu la nouvelle de ce matin lors du colloque hebdomadaire. La Direction a décidé de changer de système de gestion des stocks pour une solution globale, plus performante. Très loin des habituelles mises à jour et des modifications d’interfaces dont Bertrand pouvait faire face, un tel changement allait lui demander beaucoup d’effort et d’investissement afin de l’intégrer dans son quotidien.

Le plus difficile pour lui n’est pas d’intégrer une nouvelle manière de travailler, il aime le changement et les défis. Bertrand remet en doute sa propre utilité au sein de l’entreprise. Il est persuadé que son âge est un défaut en comparaison de ses collègues plus jeunes et plus agiles que lui en informatique. Il est également certain que son poste est menacé, car n’étant plus utile en tant que formateur du futur ex-système de gestion, son employeur prendra sûrement la décision de le licencier.

Autour de lui ses collègues sont maussades. Ils sont persuadés que ce nouveau système est une «usine à gaz» supplémentaire qui va retarder les livraisons et mettre des bâtons dans les roues dans leurs activités. Dans cette atmosphère pesante, Bertrand commence à ressentir des symptômes de stress. Ses brûlures d’estomac ont repris et sa consommation de café a fortement augmenté. À cette tension s’ajoute le fait de devoir former du personnel à un système qui sera bientôt obsolète. Petit à petit, l’avenir de Bertrand se rétrécit et il commence à réfléchir à ce qu’il pourrait faire d’autre. De temps en temps, il flâne sur des sites d’offres d’emploi en s’imaginant dénicher une opportunité qui lui ferait quitter le malaise qu’il est en train de vivre actuellement. Cette quête d’opportunité ne fait que lui rappeler son âge et toutes les compétences qui lui manquent pour correspondre aux postes affichés.

Le souci de Bertrand est son incroyable faculté de garder ses angoisses et ses doutes au fond de lui pour se forger une vision du monde dans laquelle il n’a pas le bon rôle. Il en résulte souvent une attitude méfiante et une tendance à l’agressivité verbale, ce que Françoise, sa manager, a tout de suite perçu comme un signe inquiétant.

Françoise est une jeune manager, elle se soucie de ses collaborateurs. Après un bref entretien avec Bertrand elle avance la date de son bilan annuel et profite de ce moment pour lui laisser un temps de parole et d’écoute active. Elle se rend vite compte de l’abîme vertigineux dans lequel Bertrand est en train de plonger et décide d’agir.

La semaine qui suit, Bertrand est convoqué par le directeur qui souhaite l’intégrer à l’équipe de mise en place du nouveau système informatique. Ses compétences à maîtriser l’ancienne solution de gestion sont un atout pour planifier la transition et il fera partie du premier groupe d’experts formés destinés à former le personnel.

Bertrand ressentant un profond soulagement depuis cette réunion, il a exprimé sa gratitude envers Françoise pour avoir su déceler et apaiser ses inquiétudes.

En synthèse

Cette histoire souligne l’importance de l’anticipation dans le milieu de travail, non seulement pour gérer efficacement les changements, mais aussi pour maintenir la qualité de vie des employés et assurer leur bien-être et leur engagement. Elle met aussi en évidence les défis auxquels sont confrontés les travailleurs plus âgés dans un monde de plus en plus numérique, et la nécessité de la formation continue pour garder une employabilité élevée.