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Baromètre RH romand: la moitié des sondés souffrent d’un manque d’objectifs

Le premier baromètre RH de Romandie révèle une importante ligne de fracture entre les RH qui ont un rôle stratégique à jouer et ceux qui manquent d’objectifs clairs. Parmi les autres résultats de cette enquête*: le turnover de la profession est toujours aussi élevé. Parmi les préoccupations d’avenir, le recrutement de talents arrive en tête. 

Grand intérêt public pour les résultats du premier baromètre RH de Suisse romande. Les deux soirées de restitution (organisées à Lausanne et Genève au début septembre) ont attiré plus de 250 professionnels de la GRH. Qu'ont-ils découvert? Une image de leur métier en demi-teinte. Premier résultat significatif: la majorité des sondés (44%) avouent ne se sentir que ponctuellement impliqués dans les décisions stratégiques de leur entreprise. Alors que 41,7% d'entre eux affirment être activement impliqués. Cette ligne de fracture sert de clé de lecture pour une série de divergences entre les positionnements respectifs. En effet, les sondés qui s'estiment peu impliqués souffrent également d'un manque d'objectifs clairs (37%). Ils regrettent un déficit de moyens financiers pour mettre en place leur vision (45%). Ces DRH sont aussi plus nombreux à penser que leurs dirigeants n'ont pas une réelle volonté de développer un département RH efficace. Ils disent manquer de reconnaissance, de pouvoir de décision et de moyens techniques. Le premier baromètre RH de Suisse romande a également mesuré la satisfaction globale. Sur une échelle de un à dix, la moitié se situe à 5,9, soit proche de l'appréciation «mauvais» qui se termine à 5. 

Les entreprises s'attendent à des transformations importantes

Le son de cloche est en revanche bien plus positif du côté des RH qui assurent être fortement impliqués dans les décisions stratégiques de leur organisation. Ces derniers assurent avoir des objectifs clairement définis (63%) et profitent d'indicateurs pour mesurer leur valeur ajoutée. Ces repères sont la gestion des coûts des ressources humaines (masse salariale et prestations au personnel), la réalisation des objectifs fixés pour la fonction RH, l'évolution des indicateurs démographiques (absentéisme, turnover), l'adéquation des objectifs RH avec les objectifs de l'entreprise et enfin par une gestion prévisionnelle des compétences et des emplois. 

D'autres résultats plus généraux sur la profession intéresseront les gestionnaires en ressources humaines. Le turnover dans le secteur RH reste relativement élevé. Le nombre de professionnels RH qui occupent leur poste depuis 2 ans seulement est de 27%, soit presque un tiers. Ils sont 35% à être en fonction depuis 3 à 5 ans et 32% entre 6 et 10 ans. Les responsables RH avec une expérience de plus de 10 ans sont en revanche en train de devenir une denrée rare (10%). 

Côté prévisions pour l'avenir, près d'une entreprise sur deux prévoit des transformations importantes dans les deux ans à venir. Signe de la bonne santé actuelle de l'économie romande, les raisons de ces changements à venir sont à mettre sur le compte de la forte croissance (19%), de la diversification des produits et prestations (20%) et des évolutions technologiques (17%). D'un point de vue RH, ces défis d'avenir se traduiront par des réorganisations internes, le recrutement de nouveaux effectifs et le développement des compétences (voir le prochain dossier HR Today à paraître en décembre). Dans le détail, les axes prioritaires des politiques de ressources humaines de demain seront d'anticiper les emplois en fonction des besoins du marché (53%), la maîtrise des coûts (masse salariale) et enfin la gestion des compétences, des talents et des hauts potentiels (49%). A noter que les perspectives de l'évolution démographique (effet papy-boom) et la gestion de la diversité (genre, âge et nationalités) intéressent peu les entreprises sondées. La pénurie de main-d'œuvre qualifiée semble en revanche bien réelle. Pour 59% des sondés, l'appauvrissement des compétences clés sur lemarché de l'emploi est le risque majeur. 

Intégration des nouvelles technologies en demi-teinte

Sur le plan des nouvelles technologies, c'est surtout la gestion de la paie, des absences, de l'administration et des rémunérations qui ont été intégrés avec satisfaction. Puis, la formation et le recrutement. Viennent ensuite, la gestion des entretiens d'évaluation et des compétences.

Parmi les autres projets concrets pilotés par la fonction RH, l'adaptation du temps de travail (horaires flexibles), les gestion des conflits et l'égalité homme femme arrivent en tête. Les enquêtes de satisfaction suivent de près. Surprise, le burn-out arrive en queue de peloton. Enfin, la très grande majorité des sondés (88%) seraient déçus si l'activité RH venait à disparaître un jour.

* Les résultats reflètent l'avis de 108 entreprises en Suisse romande. Avec une diversité de secteur d'activité, de taille et de localisation. Résultats complets sur www.barometrerh.ch

 

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Marc Benninger est le rédacteur en chef de la version française de HR Today depuis 2006.

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