Comment bien gérer le déconfinement en entreprise?
Chassez l’anxiété, elle revient au galop. Alors que le déconfinement progressif annoncé par le Conseil fédéral a constitué dans un premier temps une bouffée d’air bienvenue pour les entreprises, les patrons font désormais face à une deuxième vague d’anxiété: comment assurer à la fois la santé des employés et celle de la société?
Le déconfinement pose de nombreuses questions logistiques dans les entreprises. Photo: 123RF
En entreprise, «l’organisation du travail est primordiale», rappelle Philippe Guibert dans une interview croisée publiée par le magazine Bilan. «Le port de masques ainsi que le nettoyage des locaux sont des mesures relativement faciles à mettre en place», précise le Directeur Médical Régional Consulting Santé en charge de l’activité conseil, sécurité et santé pour l’Europe d'International SOS, société spécialisée dans la gestion des risques médicaux et de sécurité. «Ce qui est plus difficile est de respecter la distanciation.» Certes, le travail à domicile est possible, «mais il y a plein de questions logistiques qui sont posées». Certaines entreprises mettent en place des dépistages à l’entrée, que ce soit à travers des questionnaires ou des prises de température. «Quand une personne a de la fièvre, c’est très évocateur du coronavirus mais ce n’est pas fiable à 100%.»
«Il y a tout un arsenal à disposition, à chacun de se l’approprier», poursuit Philippe Guibert. Il y a la possibilité d’ouvrir un guichet sur deux, d’utiliser des écrans, des barrières en plexiglas, des masques, du gel hydroalcoolique, digitaliser au maximum, rester le plus distant possible… c’est à chaque profession de s’approprier les bons gestes. «Nous n’avons pas le choix, puisque le virus va circuler pendant longtemps.» Soit nous développons une immunité collective ou alors un vaccin. «Il faut comprendre que le normal d’avant ne sera pas le normal d’aujourd’hui tant que nous ne développons pas une immunité collective ou alors nous sommes vaccinés.»
Concernant spécifiquement les multinationales, «la difficulté est de gérer en parallèle les degrés d’avancement de la crise en fonction des zones géographiques», note Cédric Fraissinet, Directeur Général d'International SOS en Suisse et en Italie. «Les filiales locales des entreprises que nous soutenons sont impactées de manière différente: nous voyons le retour au travail dans plusieurs pays d’Asie, la préparation au déconfinement en Europe, alors que les Etats-Unis semblent être encore dans la première phase de la crise et que l’on anticipe une probable accélération en Afrique.»
L'occasion de se réinventer
Quid de la tension entre économie et santé? «Le monde économique suisse ne doit pas forcément s’arrêter», rassure Cédric Fraissinet. Dans cette crise très particulière, la santé est un facteur déterminant de la reprise d’activité de nos entreprises et donc de l’économie suisse. Protéger la santé de ses collaborateurs et leur permettre de revenir travailler sereinement c’est protéger son business. «Dans beaucoup de secteurs économiques cette reprise d’activité est parfaitement possible.»
Directeur sécurité d’International SOS, Gautier Porot estime que dans ce nouveau normal, les entreprises doivent être capables de se réinventer, se repenser et réfléchir à quoi demain sera fait. «Une phase essentielle, souvent oubliée et volontairement ignorée des entreprises - car fastidieuse après un temps de crise - est la réforme de leur organisation.» Elle doit passer par une rétrospective transverse et transparente des dysfonctionnements internes. «De ces leçons doivent découler des réformes organisationnelles courageuses et, au besoin, une réorganisation audacieuse.» Enfin, cette nouvelle architecture interne doit être testée tous les six mois par des exercices de simulation de crise pour s’assurer de sa solidité et de son interopérabilité.
Infos pratiques pour les entreprises
- Page web de la FER Genève dédiée au déconfinement
- Guide du ministère français du travail
- Concept de protection préconisé par le SECO