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Comment décrocher un poste de DRH

A qui envoyer sa candidature? Quels sont les réseaux? Quels sont les enjeux de la négociation finale? Ex-DRH de Metalor à Neuchâtel, Roger Matthey raconte comment il a décroché un poste chez JTI.
 

En octobre 2009, le fond de private equity français Astorg Partners devient actionnaire majoritaire du groupe neuchâtelois Metalor, spécialiste du raffinage de métaux précieux. Deux ans plus tard, le DRH du groupe, le Neuchâtelois Roger Matthey, réalise que la nouvelle stratégie imposée par le conseil d’administration ne colle plus avec ses valeurs et il en résulte une séparation. Un accord à l’amiable lui octroie six mois de salaire afin de réussir sa transition. Quatorze mois plus tard, il décroche un poste de manager RH stratégique chez Japan Tobacco International (JTI), au siège mondial du groupe à Genève. Il raconte ici cette tran-sition de carrière et livre quelques conseils.

«J’ai commencé par prendre du temps pour moi. Les dernières années chez Metalor ont été difficiles, avec une restructuration et de nombreux licenciements. J’avais besoin de digérer émotionnellement et de souffler un peu. Cela dit, j’ai beaucoup appris chez Metalor. Le CEO me laissait une grande marge de manœuvre et j’ai pu mettre en place des systèmes de talent management et de gestion de la performance. Mais après douze ans, la pause était bienvenue. J’ai pris du temps avec ma famille. Nous avons notamment traversé une partie de l’Europe en camping car.»

CV, réseau et plan marketing

«Ma première démarche a été d’informer mon réseau par e-mail que je cherchais un nouveau défi. Je suis membre d’HR Neuchâtel et je siège au comité du CRQP (Centre romand pour les questions du personnel). J’ai ensuite revu mon CV, mis sur papier mes réalisations et clarifié mes compétences. J’ai fait appel à un cabinet d’outplacement. Ce regard externe est très utile. Cela permet de prendre du recul et de bien cerner ses attentes. J’ai ensuite préparé un plan marketing. Quel secteur m’intéresse? Dans quelle zone géographique? Je cherchais une organisation où la Fonction RH siège au comité de direction. J’ai abordé quelques chasseurs de tête. Certains ont répondu favorablement et m’ont donné des conseils. D’autres, qui étaient pourtant venus me courtiser durant mes années chez Metalor, n’ont pas réagi... Cela m’a permis d’opérer un tri (sourire).»

S’adresser au CEO et essuyer des refus

«La difficulté quand on postule pour un poste de DRH c’est qu’il faut court-circuiter le DRH. Il faut donc s’adresser directement au CEO. Mais les CEO externalisent en général le recrutement de postes clés à des chasseurs de tête. Le taux
de réponse est donc assez faible. Cela peut même dévaloriser votre profil si vous postulez en direct. Il ne faut donc pas inonder le marché avec des offres spontanées et rester patient. Une période de douze à dix-huit mois est assez normale quand vous cherchez un poste intéressant à ce niveau-là. J’ai eu des opportunités très rapidement à la suite de mon départ de chez Metalor. On m’a par exemple offert de restructurer Merck Serono à Genève. Cela ne m’intéressait pas.»

«En mars 2012, j’ai dû encaisser quelques refus. Deux sociétés dans le secteur du luxe, basées dans la région de Neuchâtel, m’intéressaient beaucoup. Je suis arrivé jusqu’aux entretiens finaux, mais sans succès. C’est à ce moment que j’ai décidé d’élargir ma zone géographique, ce qui m’a permis d’accéder au marché genevois. Puis tout est allé très vite. Mon premier contact avec Japan Tobacco International (JTI) s’est fait via «indeed». J’estime par contre que pour un poste de cadre supérieur, c’est avant tout le bouche à oreille qui offre les meilleures opportunités. Seuls 20 pour cent de ce type de poste sont annoncés sur les réseaux sociaux.»

Premiers contacts et négociation salariale

«Le premier entretien avec la DRH de mon unité s’est déroulé au téléphone. Le feeling était bon d’emblée. Mes compétences collaient bien au profil recherché et je connaissais les outils en place, soit SAP et Hay Group pour l’évaluation des fonctions. J’entrais aussi dans un milieu industriel très dynamique, dans une société de 25 000 collaborateurs avec des possibilités de développement importantes et beaucoup de mobilité. Ce qui correspond à mes ambitions.»

«Comment négocie-t-on un salaire de DRH? En général, la question est soulevée dès le premier entretien. Dans mon cas, nous avons évoqué le salaire tout à la fin du processus, ce qui n’est pas un désavantage. Notez aussi que le salaire compte pour beaucoup dans une négociation salariale, cependant, les avantages annexes doivent aussi entrer dans la balance: caisse de pension, possibilités de formation, assurances maladie, flexibilité du temps de travail et places de parc.»

Roger Matthey

Roger Matthey est HR Strategy Manager chez Japan Tobacoo International (JTI) à Genève.
 

 

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Marc Benninger est le rédacteur en chef de la version française de HR Today depuis 2006.

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