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Compte rendu du livre de Laetitia Vitaud: En finir avec la productivité, éd. Payot, 2022, 222 pages
Dans ce livre, la spécialiste du futur du travail propose une critique féministe de la productivité, "une notion phare de l'économie et du travail", élaborée durant la révolution industrielle par le philosophe écossais Adam Smith.
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Photo: Marc Benninger
- Elle montre que l’économie orthodoxe, qui place la productivité au centre du modèle, est surtout un monde d’hommes. Avec cette manière d'évaluer la productivité, ce sont les hommes qui créent de la richesse, qui font avancer l’économie et qui gagnent bien leur vie. Dans ce monde-là, les femmes s’occupent de la maintenance, de l’entretien et de la reproduction. Des tâches difficilement mesurables en termes de productivité et donc moins bien valorisées.
- Elle détaille aussi la notion d'externalité négative. Les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France et la Belgique ont construit leur richesse durant les XVIe, XVIIe et XVIIIe siècle grâce au travail non-rémunéré des 12 millions d'esclaves. Le travail non-rémunéré des femmes (qui tiennent le ménage et s'occupent des enfants) n'est pas pris en compte dans le PIB. Les dégâts causés à l'environnement sont une autre externalité négative.
- Elle propose une autre manière de mesurer la productivité – "écoféministe" – qui tient compte de la qualité des relations humaines, si importantes dans les services de proximité. En plus de la qualité relationnelle, la mesure de la productivité devrait intégrer l'impact social et environnemental de l'activité économique.