Contradictions du marché de l'emploi suisse
En 2023, 1809 managers et cadres RH ont pris part à l'enquête menée par HR Today et von Rundstedt. Voici quelques-unes des principales conclusions en primeur pour les membres d'HR Today.
Illustration: Cdd20 / Unsplash
Disons-le d'emblée: la réalité est venue confirmer sept des huit hypothèses.
Polarisation entre les gagnants et les perdants: les premiers sont recherchés, les seconds sont rejetés. Pénurie de main-d’œuvre qualifiée et chômage structurel augmentent parallèlement (63% approuvent).
Moins d’envie de travailler et toujours plus de burn-out: plus de personnes travaillent moins, et peu de personnes travaillent plus. L’épanouissement des uns se fait au détriment des autres (67%).
Une spirale de croissance sans fin: la croissance provoque une pénurie de main-d’œuvre qualifiée et une augmentation de l’immigration, qui alimente la croissance et ainsi de suite. Cette spirale ne nous fait pas avancer d’un point de vue qualitatif (67%).
Pénurie de compétences et productivité: plus d’exigences de la part des travailleurs, mais moins de volonté de travailler. La productivité s’effondre en Suisse (61%).
Culture sectorielle: la transformation numérique exige en fait un haut degré de flexibilité et de mobilité sectorielle. Les personnes qui cherchent à changer de secteur peinent. Les employeurs privilégient les candidatures qui viennent du même secteur (70%).
Sens et individualisme: la plupart des répondants pensent que les employés visent leur épanouissement personnel et pas la construction d’une société plus durable (73%).
La nouvelle génération d’entrepreneurs: notre hypothèse était que les jeunes entrepreneurs d’aujourd’hui ne poursuivent pas de stratégie à long terme et que ce qui les intéresse en premier lieu n’est pas la contribution à la société, mais leur épanouissement personnel et leurs intérêts financiers. L’hypothèse est rejetée par les participants (46% approuvent).
Le dilemme de l’âge: les seniors devraient travailler au-delà de l’âge de la retraite afin d’atténuer la pénurie démographique et le manque de main-d’œuvre qualifiée. Personne ne veut les embaucher (71% approuvent).
Le dilemme de l’âge (87%), la polarisation entre les gagnants et les perdants (82%) et la baisse de l’envie de travailler avec le burn-out (79%) sont les trois sujets qui prédominent. Ces trois phénomènes font directement référence à des avantages ou à des préjudices individuels. Cela en dit long sur le sens de la responsabilité sociale et de la solidarité de notre société.
Quelques conclusions surprenantes
- Les groupes à risque sont peu soutenus par les employeurs: la formation est réservée aux employés performants et seuls 18% des employés en difficulté bénéficient de formations.
- Le secteur de la santé et l’administration publique, champions du temps partiel: le secteur de la santé (38,7% de travailleurs à temps partiel) et l’administration publique (38,4%) sont en tête.
- Stress et pression, une «tendance normale»: dans 34% des entreprises, plus d’un tiers des employés se trouvent en «zone rouge» et sont stressés.
- La croissance quantitative ne nous rend pas meilleurs ni plus heureux: pour 67% des personnes interrogées, la croissance quantitative n’a d’effet positif ni dur les conditions de travail ni sur la satisfaction des employés.
- Culture sectorielle – peu digne d’un pays dit «innovant»: 67% des employeurs exigent impérativement une expérience dans le même secteur lors du recrutement.
- Travailler plus longtemps n'est guère apprécié: seules 44% des personnes interrogées estiment qu’il est bon et juste de travailler au-delà de l’âge de la retraite.
- Les désavantages liés à l’âge sur le marché de l’emploi sont une réalité: une majorité de 56% considère que les difficultés commencent dès 50 ans, et 27% seulement à partir de 60 ans.