La voilà donc ramenée à sa singularité. Et cette fois, elle tombe le masque. «J’ai pris du temps pour comprendre quels étaient mes talents. Je me suis demandé ce que je faisais avec plaisir et sans effort. J’ai beaucoup réfléchi. J’ai écouté l’avis des autres. Et j’ai utilisé la méthode d’assessment Gallup». Résultat? «Connexions, stratégie, maximisation, charisme et activation». Voilà donc l’ADN de Geneviève Morand.
Du côté matériel, on lui demande comment elle gagne son argent? Elle sourit: «Je suis très claire dans la séparation de mes mandats bénévoles et payants. La Fondation La Muse (un espace de coworking et d’échanges qu’elle a créé en 2009, ndlr), c’est du bénévole. Pour vivre, j’anime des formations et des conférences en entreprise.» Ses tarifs? Elle botte en touche: «Cela dépend du mandat. Je différencie les organisations à but non lucratif et les autres». Et ajoute qu’elle a créé deux emplois fixes à Rezonance, occupés par Quentin Turf et Claire Gadroit. Elle insiste d’ailleurs souvent sur cette collaboration. Sans eux, pas de pause de cinq ans pour réfléchir à l’avenir.
A l’avenir, Rezonance abritera les projets de ses membres
Le futur justement, parlons-en. La plateforme Rezonance célèbre cette année son quinzième anniversaire. «Avec Quentin et Claire, nous venons de terminer six mois de réflexion pour savoir dans quelle direction aller ces quinze prochaines années. Après de longs mois à se creuser la tête, le déclic est arrivé cet été. Nous avons compris que Rezonance est une plateforme fermée. Le réseau est là, certes, mais les projets et les événements, c’est nous qui les faisons vivre. A l’avenir, la plateforme accueillera les projets de nos membres, qu’ils soient événementiels ou non», détaille-t-elle. Bref, fidèle à elle-même, Geneviève Morand vient de se réinventer un avenir. Et garde donc toujours un temps d’avance.
L’avenir semble donc réglé. Il faut encore traiter le passé. Née à Lausanne, Geneviève Morand, comme son nom l’indique, est bien Valaisanne d’origine. Issue de cinq générations d’entrepreneurs, elle avoue une immense admiration pour son père, ingénieur chimiste et entrepreneur dur à cuire, qui est décédé l’année de la création de Rezonance. Avant-dernière d’une fratrie de cinq, Geneviève Morand n’est pas la seule tête connue du clan Morand. Son «petit» frère Guillaume est à l’origine des enseignes Pump it Up (chaussures) et politicien à ses heures perdues.
Enfance à Chailly et Epalinges. Petite, à part courir dans les bois pieds nus, elle a déjà le contact facile. Avec son charme naturel, elle aborde sans gêne les amis proches et moins proches de la famille. Elle étudie le droit à Lau-sanne, poursuit avec un Master en administration publique à l’IDHEAP. Elle refuse ensuite une bourse pour le Collège européen, écoutant son intuition qui lui dit d’entrer dans le marketing. Elle dirigera ensuite plusieurs entreprises de distribution de films et le service marketing de la Télévision suisse romande, où elle produit deux films sur les Indiens Kogis de Colombie
De sa vie privée, elle ne dira rien. A part évoquer ses deux fils: Oscar, qui se forme actuellement aux techniques de la permaculture (agriculture durable) et Victor, qui souhaite entrer dans les métiers de la scène. Victor assiste d’ailleurs à l’entretien, dans les locaux de La Muse à Lausanne. Ses derniers mots seront pour lui: «Comment étais-je?», lui demande-t-elle, rieuse. Lui sourit et laisse planer le mystère. Une pudeur qu‘il tient de sa mère, sans aucun doute.
* Geneviève Morand: L’art de l’entraide, éd. Jouvence, 2013, 140 pages et Du réseautage au management collaboratif, Dossier HRM n°31, éd. Jobindex media, 2013, 47 pages.
Bio express
- 1960 Naissance à Lausanne
- 1985 Master en administration publique (IDHEAP)
- 1991 Responsable marketing à la RTS (Radio télévision)
- 1998 Fonde la plateforme Rezonance