Diversité : passer de la tolérance à l’enrichissement mutuel
Les 28 et 29 novembre derniers, 250 personnes étaient réunies à la Haute Ecole de Travail Social de Genève pour comprendre les réalités professionnelles des personnes LGBT (lesbiennes, gays, bisexuel(le)s et transgenre). Et repenser le monde du travail en incluant la notion de diversité.
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La réponse à une question posée à l’assemblée a suscité ma surprise : «Qui s’occupe de Ressources humaines dans la salle?» Seules 5 mains se sont levées!
Est-ce un sujet qui n’intéresse pas les RH ou fait peur? Très souvent la réponse est : «Ce n’est pas un problème dans notre entreprise.» Si on persiste et demande «connaissez-vous des personnes LGBT dans votre entreprise?», la réponse est soit «non», soit «oui mais elles se font discrètes, n’en parlent pas, c’est leur vie privée».
Peu de chiffres permettent d’évaluer objectivement la présence des personnes LGBT dans la population active, par manque de recensement. Les associations de ces communautés avancent le chiffre de 5 à 6% de représentation des personnes LGBT parmi les travailleurs.
Plusieurs études montrent clairement que la santé de ces personnes est directement affectée par les discriminations, les injures banalisées, les violences physiques et psychologiques, les actes homophobes, particulièrement les jeunes LGBT. Elles vivent un stress quotidien lié au fait d’appartenir à une minorité encore fortement stigmatisée et soumise à des discriminations institutionnelles et individuelles.
Ces minorités sexuelles n'ont pas les mêmes chances que les hétérosexuels en terme de santé (voir références plus bas). Une étude de l'Autre Cercle met en évidence le fait que 26% des sondés déclarent qu’il y a eu des comportements homophobes sur leur lieu de travail. Pas moins de 85% d’entre eux affirment que leur entreprise n’a rien fait pour y mettre fin.
Certaines entreprises ou institutions publiques se penchent sur le sujet. La Ville de Genève a par exemple créé un poste de chargé de projets LGBT au Service Agenda 21-Ville Durable. Par ailleurs, pour la 2ème année consécutive, une campagne d’affichage a été mise sur pied à l’occasion de la Journée internationale contre l’homophobie et la transphobie 2014.
Son but ? Interpeller le grand public sur le fait que la vie privée est naturellement présente sur le lieu de travail et que, pour les personnes LGBT, être soi au travail peut être un enjeu. Ces actions sont également soutenues en interne par la direction des Ressources Humaines de la Ville de Genève.
Sur le site web de la Ville, on peut lire : «La vie personnelle n’est pas absente du lieu de travail. On y raconte son week-end, on affiche dans son bureau des photos de sa famille, on organise des repas d’entreprise où sont convié-e-s les conjoint-e-s, etc. Ces situations, anodines pour la plupart des gens, constituent un véritable enjeu pour les personnes LGBT.»
Cacher son homosexualité, voire s’inventer un conjoint du sexe opposé, est une manière de se protéger. Mais cela implique le renoncement à certains droits, comme pouvoir bénéficier d’un congé pour Partenariat enregistré ou d’avantages familiaux.
Cette dissimulation peut aussi entraîner souffrance au travail et difficultés professionnelles. «L’homophobie et la transphobie au travail sont une réalité, elles doivent être prises au sérieux et cesser d’être un tabou », explique la Maire de Genève et magistrate en charge des Ressources Humaines, Sandrine Salerno.
- Michael Häusermann, Dialogai, HJen Wang, Institut de médecine sociale et préventive de l'Université de Zurich, Etude Projet Santé Gaie, Juin 2003.
- Hatzenbuehler ML, McLaughlin KA, Keyes KM, et al, The impact of institutional discrimination on psychiatric disorders in lesbian, gay, and bisexual populations : A prospective study, Am J Public Health, 2010; 100:452-9.
- Bize R, Volkmar E, Berrut S et al, Vers un accès à des soins de qualité pour les personnes LGBT, Rev. Med. Suisse, 2011;7:17.
Pistes de réflexion
Toute entreprise doit veiller à assurer un climat de confiance qui permette à chaque employé de s’épanouir, quelle que soit son orientation sexuelle ou son identité de genre. Pour l’entreprise, aborder les questions LGBT au travail est une source de bien-être, d’échanges, d’avantages et de respect mutuel. Bien souvent l’envie est présente mais c’est le manque de connaissance ou la gêne d’aborder le sujet qui bloque bon nombre de dirigeants.
1) Plutôt que de chercher les personnes LGBT dans son entreprise, partir du principe qu’elles sont présentes
2) Garder à l’esprit que la personne en face de soi peut être LGBT, quelle que soit son apparence
3) Exprimer l'engagement de l’entreprise contre la lutte contre toutes formes de discrimination, en éditant la charte d’entreprise pour la diversité (www.charte-diversite.ch)
4) Affirmer l’intention d'être une personne gay-friendly ou alliée des LGBT en s’identifiant avec le logo « Ensemble avec nos différences » et être une personne de confiance, ouverte aux LGBT en questionnement. www.federationlgbt-geneve.ch/projets/le-reseau-dallies/