Très proches de leurs équipes, les deux patrons ont mis en place une culture d’entreprise «bivouac». «Nous préférons nous retrouver en montagne autour d’un feu pour préparer nos plans stratégiques que dans un grand hôtel de l’arc lémanique», assure Frank Gerritzen, un féru d’alpinisme. «Oui, cet esprit bivouac est aussi une manière de faire confiance à nos conseillers. Chacun sait ce qu’il a à faire sans que les rôles et les tâches soient assignés. Mais cela implique du lâcher-prise, ce qui n’est pas toujours évident», ajoute Pascal Gueissaz. L’autre ajoute: «Nous utilisons aussi l’image de l’essaim d’oiseaux pour définir notre organisation du travail.»
Très actif dans la communauté RH, Frank Gerritzen a présidé l’Association des Professionnels du Recrutement fixe de Suisse romande (APRF). Il préside également l’association Business Angels Suisse romande depuis 2011. Une passion lucrative? «Malheureusement non, sourit-il. Investir dans des startups est une activité très risquée.» Ce goût de l’investissement et de la prise de risque est sans doute un autre de leur point commun. «Dans la pratique, c’est dans l’analyse et la discussion qu’on découvre les bons filons. S’engage ensuite un processus de réflexions critiques qui dure jusqu’à 18 mois. Nous discutons beaucoup et étudions le marché avant de nous lancer. Mais si vous faites bien les choses, une bonne idée par année suffit amplement», confie Pascal Gueissaz. Illustration de leur esprit d’entrepreneuriat: en 2014, ils fondent Qualis Vita à Berne, une société spécialisée dans l’accompagnement des personnes âgées. Selon certaines estimations, il y aura plus de 2 millions de 65+ en Suisse en 2039. Actionnaires, administrateurs, rompus aux prises de décisions difficiles, les deux hommes gardent pourtant les pieds sur terre. Frank Gerritzen: «Nous avons également eu pas mal d’idées qui n’ont pas fonctionné. Cela nous a appris à rester prudents.»
Management Buy Out
Pascal Gueissaz passe son baccalauréat à Neuchâtel en 1978, puis étudie la finance et la comptabilité à l’Université de Saint Gall. Il entre à la Société de Banque Suisse et enrage encore aujourd’hui de la fusion avec UBS: «Les cultures d’entreprise étaient totalement différentes, quel gâchis!». Il devient ensuite secrétaire général de la société de travail temporaire Adia, qui sera renommée Adecco. En 1995, il fonde Contaplus, aujourd’hui Careerplus. Neuf ans plus tard, l’entreprise fusionne avec le groupe anglais BNB Recruitment Solutions, société britannique spécialisée dans le recrutement. Proche de la faillite en 2008, BNB accepte de vendre à Pascal Gueissaz et un groupe d’actionnaires leurs activités en Suisse. Careerplus est donc né d’un Management Buy Out.
Frank Gerritzen de son côté est issu de l’école hôtelière de Glion. Néerlandais d’origine, il étudie l’économie et le management à l’Université de Lausanne. A la suite d’un premier emploi chez American Express en Suisse, il part aux Etats Unis, où il collabore avec Trade Marcs Group (distributeur du café La Semeuse en Amérique). Après un Master en affaires internationales à l’Université de Columbia, il rentre en Suisse pour ouvrir l’antenne européenne de Dorian Drake International (agent exportateur). L’affaire tourne mal et il se retrouve sans emploi. C’est Caroline Gueissaz, la soeur de Pascal, qui lui propose alors de rejoindre Careerplus. Les deux hommes ne se quitteront plus.
Bio express
- 1984 Frank Gerrizten termine l’école hôtelière de Glion et Pascal Gueissaz sort de HEC Saint-Gall.
- 1997 Frank Gerrizten le rejoint chez Contaplus.
- 2008 Management Buy Out. Pascal Gueissaz devient actionnaire de Careerplus.