L'atelier RH

D’un DRH à l’autre

Patricia Luthy Essinger, HR Director chez SICPA Management SA, interroge Françoise Hagry Bertossa, Responsable RH chez PRO Entreprise Sociale Privée à Genève.

La fonction RH est-elle nécessairement sociale?

Françoise Hagry Bertossa: Ma première réaction serait de dire: «Evidemment!» Je viens d’ailleurs de passer une matinée à régler des problèmes d’endettement, de remboursement de caisse maladie étrangère et de comportement au travail liés à des problèmes de santé pour trois de nos employés. Normal, direz-vous, je suis responsable RH d’une entreprise sociale dont la mission est de créer des places de travail pour des personnes exclues de l’économie traditionnelle en raison de handicap.

Cela dit, PRO se pose régulièrement la question: jusqu’où aller dans la prise en charge de nos employés handicapés? Acquérir, gérer et développer les capacités et compétences humaines de nos collaborateurs nécessaires à la satisfaction des besoins de nos clients, dans le plus strict respect de notre «concept», est la mission dévolue aux RH de PRO. Elle est clairement et nécessairement sociale.

Est-ce si différent dans les autres secteurs de l’économie? Il existe une telle variété d’orientations au sein de cette fonction RH qu’il est difficile d’y répondre. Si l’on revient aux rôles traditionnels des RH, on peut parler de fonction sociale. Le collaborateur se tourne vers le RH quand il rencontre un problème privé.

Dans le sens littéral, la fonction RH est une fonction sociale car historiquement la GRH s’est développée en synthétisant des concepts/idées issus de multiples disciplines qui traitent de la nature humaine (psychologie, philosophie, sciences économiques, management, sociologie, etc.)

De surcroît, les missions dont les objectifs sont la mobilisation des ressources humaines et leur développement dans un but d’optimisation de la performance, doivent prendre en compte l’aspect social. Les projets de GRH ne peuvent se déployer de manière efficace dans un climat social incertain ou hostile. A l’échelle de l’individu, le collaborateur ne sera pas en mesure de se mobiliser si sa situation sociale est déstabilisée. 

Ce qui me pousse à me dire que sous le terme social, nous pourrions plutôt nous demander si la fonction RH se confond avec un rôle d’assistant ou support social? Quand la raison de cette fonction est d’être au service du business, il est demandé que le RH trouve des solutions pour optimiser les résultats de l’entreprise. Dans ce cas, elle n’est pas une fonction sociale même si les praticiens RH sont forcés de s’y intéresser.

Certains ont d’ailleurs choisi d’exclure cette dimension de support social en l’externalisant, pour différencier les rôles. Mais l’évolution des valeurs, la tendance à l’individualisme des sociétés, la pression démographique et les outils technologiques brouillent les frontières entre les espaces professionnels et privés.

Dans ce contexte, les collaborateurs attendent de l’entreprise qu’elle comprenne leur volonté de concilier vies professionnelles et privées. Ils demandent un espace de lien, d’écoute, donc du social. Quel que soit le type d’entreprise ou la mission confiée, je pense que la nature sociale de la fonction prédomine, même si elle se décline différemment selon les entreprises.

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Marc Benninger est le rédacteur en chef de la version française de HR Today depuis 2006.

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