Femmes et congé maternité
Un exemple? «Prenez une collaboratrice qui vient vous annoncer son intention d’avoir un enfant. L’idéal est d’entamer la discussion tout de suite, dès le début de sa grossesse, car les deux parties en présence sont responsables du bon déroulement du congé et de la reprise de l’activité qui vont suivre. «Il s’agit de déterminer comment cela va se passer pendant et après. On constate souvent que ces questions restent dans le flou et que rien n’est établi jusqu’à ce que la collaboratrice soit sur le départ. Cette dernière part en ayant obtenu, dans le meilleur des cas, un poste garanti à son retour», constate Nadene Canning. «Trop souvent, ces femmes re-viennent à temps plein et s’épuisent. Selon les statistiques, durant la première année de vie d’un enfant, les parents perdent 700 heures de sommeil! Il est donc primordial qu’elles organisent un système de soutien autour d’elle, entre la famille, le conjoint ou d’autres personnes. Il ne s’agit pas d’aviser le moment venu, il faut anticiper son organisation future avant l’arrivée de l’enfant.»
A chacun son équilibre
Et elle sait de quoi elle parle. Adolescente, elle se fixe l’objectif d’être cheffe d’entreprise à 30 ans. Elle entre dans une maison d’édition, gravit les échelons durant trois ans et est nommée directrice générale. La trentaine passée, elle se marie et après la naissance de ses deux filles, aujourd’hui âgées de 19 et 20 ans, elle poursuit sa carrière dans différentes entreprises. Et son équilibre à elle dans tout ça? «L’équilibre n’est pas le même pour tout le monde. Il faut oser prendre le temps de s’écouter. Pour ma part, je sais que j’ai besoin de voyager. J’ai toujours travaillé pratiquement à plein temps en me disant que tant que mes enfants vont bien, je peux poursuivre sur cette voie qui me convient», confie-t-elle.
Cependant, lorsqu’elle doit licencier plu-sieurs personnes, la jeune femme, qui venait d’enchaîner deux grossesses, sent se lever le vent du changement. «J’ai passé un cap à cette période, je me suis éloignée de la notion de faire du profit à tout prix qui est ancrée dans de nombreuses sociétés.» Elle poursuit sa carrière au sein du World Conservation Union dans le développement durable à Gland pendant 5 ans. «Nadene a des idées et s’exprime de manière directe. C’est pratique car l’on sait où on se situe avec elle», confie Joëlle Ziegler. Très dynamique, elle se lance ensuite dans un postgrade Société, Sciences et Technologies de l’EPFL en même temps qu’elle fonde son entreprise AllSystemsGO en 2002 active dans des services de réalisation de projets.
Le grand tournant
Quelques années plus tard, Nadene Canning doit refuser un poste de rêve aux Galapagos pour éviter de se séparer de sa famille. Un an plus tard, on lui diagnostique un cancer. Sa vie est en suspens. Rétablie, elle change complètement sa manière de voir les choses et décide de se recentrer sur elle-même. «Vivre en Suisse, c’est évoluer dans une autre culture. Les différences sont énormes. J’ai voulu revenir à ce que j’étais avant de venir ici. Une Québécoise!», proclame-t-elle avec un grand sourire.
Elle est née près de Montréal de parents anglophones originaires d’Ontario. Son père est connu au Canada comme réalisateur de documentaires et sa mère est puéricultrice. Le métier de son père l’incite à se lancer dans l’industrie du film. Finalement, elle accroche dans la publicité où elle fait ses premières armes pendant les années fastes. En parallèle, elle effectue un bachelor en économie à l’université de Concordia au Québec en cours du soir. Lorsque la maison d’édition qui l’emploie lui propose un poste en Suisse, elle se lance. Avec cette devise chevillée au corps: «On peut tout faire dans la vie si on est organisé!»