Tous uniques mais égaux

Hommes et femmes doivent s'allier pour mettre fin au sexisme

Voilà maintenant plus de quarante ans que nous célébrons la journée internationale de la femme. Or, les stéréotypes de genre sont toujours aussi répandus et continuent à perpétuer les inégalités. Les femmes perçoivent encore 12,5 fois plus de discrimination au travail que les hommes et le WEF prédit qu’il faudra plus d’un siècle avant que l’égalité ne soit réalisée.

Cette situation est intolérable. Un effort coordonné doit être fourni pour que les hommes s’allient aux femmes afin de mettre un terme au sexisme. Les alliés sont des personnes qui collaborent avec un groupe stigmatisé en reconnaissant son besoin de progresser dans la lutte pour l’application des droits égaux. Pour devenir des alliés, les hommes doivent remplir deux conditions: être capables d’identifier le sexisme et intervenir afin de le stopper.

Le sexisme correspond aux attitudes, croyances et comportements des individus, ainsi qu’aux pratiques organisationnelles, institutionnelles et culturelles qui reflètent une évaluation négative des personnes sur la base de leur genre ou qui supportent l’inégalité de statut entre femmes et hommes. Identifier le sexisme n’est pas aussi aisé pour les hommes que pour les femmes. En effet, les études montrent que les hommes en comparaison des femmes tendent à moins percevoir les incidents sexistes et à les évaluer comme étant moins préjudiciables.

Des différences notables existent toutefois entre les hommes dans leur capacité à identifier le sexisme. Ceux possédant de meilleures capacités croient que la hiérarchie sociale peut être changée et comprennent que les groupes stigmatisés ne bénéficient pas des mêmes opportunités et ressources que le groupe dominant. Les hommes qui soutiennent le féminisme et l’application des droits égaux sont aussi plus conscients du sexisme subi par les femmes.

L’identification du sexisme doit susciter une réaction comportementale de désaccord visant à remédier au problème. Il faut savoir cependant que la confrontation peut avoir un coût. Les confrontateurs sont parfois perçus comme des fauteurs de trouble et leur action attribuée davantage à des traits de personnalité non désirables plutôt qu’aux comportements des auteurs d’actes sexistes.

Néanmoins, les confrontateurs sont jugés plus positivement que les confrontatrices, car leur comportement est perçu comme plus sincère et désintéressé. Pour cette raison, il est extrêmement important que les hommes (particulièrement ceux associés au groupe dominant) confrontent sans craintes les auteurs d’actes sexistes. Un allié a la possibilité de générer un effet boule de neige qui amènera les observateurs à développer leur capacité à identifier le sexisme, ainsi qu’à réagir de manière adéquate lorsqu’ils en auront l’occasion.

Les entreprises peuvent amener leurs employés à devenir des alliés. Pour ce faire, elles doivent les sensibiliser à la prévalence du sexisme à travers des formations et les encourager à rejeter les croyances visant à maintenir le statu quo.

Les entreprises doivent aussi être proactives en matière d’égalité et ne pas attendre qu’un problème apparaisse pour agir. Elles doivent développer une culture qui encourage leurs employés à devenir des lanceurs d’alerte et à rapporter les comportements ou processus RH potentiellement discriminatoires. Enfin, il est important de rappeler que ce changement culturel ne saurait être efficace sans inciter les hommes à agir avec les femmes et non au nom des femmes pour mettre un terme aux injustices dont elles sont victimes.

Pourquoi devenir un allié?

Faire le choix de devenir un allié doit être une démarche essentiellement humaniste, sincère et désintéressée. C’est l’expression d’une conviction profonde que les femmes et les hommes doivent bénéficier des mêmes opportunités car ils sont égaux en droits.

Toutefois, si l’esprit de fraternité insufflé par la Déclaration des droits de l’homme paraît trop idéaliste pour certains, il est toujours bon de rappeler que l’égalité entre femmes et hommes répond aussi à des enjeux économiques, légaux et de santé publique.

Ces enjeux concernent l’ensemble des membres d’une société puisqu’ils sont, par définition, liés les uns aux autres. En choisissant de devenir des alliés, les hommes servent donc non seulement la cause des femmes mais aussi celle de la société dans son ensemble.

 

commenter 0 commentaires HR Cosmos
SB

Après avoir réalisé une thèse de doctorat liée à la discrimination au travail, Steve Binggeli a travaillé plus de six ans dans les bureaux de l’égalité de la Confédération et du canton de Vaud. Aujourd'hui, il est membre du Comité de Direction du Service du Personnel de la Ville de Lausanne, responsable de la rémunération et de l’analytique RH. Il préside aussi le conseil de la fondation Pacte qui a pour mission de promouvoir l’égalité des chances et la mixité en entreprise

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