La confiance, colonne vertébrale de toute relation
Établir la confiance dans un groupe prend du temps, exige un effort constant et de la cohérence. Sans elle, la collaboration est difficile et le climat souvent délétère.
Photo: Anna Öhlund/imagebank.sweden.se
Les conditions météo sont bonnes, la neige est là et les chiens surexcités sont prêts au départ. Le musher donne le signal et l’attelage s’élance dans la course. Après quelques centaines de mètres et une erreur du conducteur peu expérimenté qui aurait pu coûter la vie à un membre de la meute, le chien de tête fait demi-tour. La confiance n’y est plus.
Dès lors, inutile pour le musher de donner des ordres. La confiance est sourde aux injonctions et s’oppose à la force. Il va falloir tisser et renforcer ce lien pour repartir ensemble dans la même direction. Impossible de partir à la conquête de grands espaces, de prendre des risques collectivement sans confiance.
Respect, bienveillance, fiabilité
Entre l’être humain et l’animal, la confiance se construit sur le respect mutuel, une bienveillance authentique et la fiabilité. L’être humain étant un animal «presque» comme les autres, ces éléments sont aussi le socle de nos liens de confiance. Auxquels s’ajoutent intégrité, loyauté, vulnérabilité, empathie et bien sûr compétence.
Parmi toute cette liste, il me paraît important de détacher la compétence du reste. Bien qu’elle soit nécessaire dans tous les domaines, une erreur technique est souvent plus excusée qu’un défaut de loyauté ou un manque flagrant de bienveillance au sein d’un groupe. C’est d’ailleurs une défaillance technique du musher qui a provoqué le demi-tour des chiens, mais ce sont les autres valeurs partagées qui leur ont permis de repartir ensemble.
Sans confiance pas de collaboration
Quand les membres d’une équipe ne se font pas confiance, la collaboration devient difficile. La communication directe est souvent évitée, on renonce à partager ses idées, à demander de l’aide et les réticences à travailler ensemble s’ancrent. Inévitablement les conflits augmentent et la productivité comme la qualité du travail baissent. Enfin, le manque de confiance crée un climat délétère qui impacte le moral des troupes et peut pousser certains·es à quitter l’organisation. Cela impacte le fonctionnement de chacun avec des répercussions fâcheuses sur la systémique du groupe. Le coût d’un manque de confiance au sein des équipes est donc immense pour l’ensemble de l’organisation. Mais alors, que manque-t-il pour que la confiance et une meilleure collaboration soient au niveau souhaité?
Comment construire la confiance
La construction de la confiance est un processus continu qui nécessite du temps, de la cohérence et un engagement constant. Pour que les membres d’une équipe se fassent confiance (que le taux d’ocytocine augmente), il est nécessaire qu’ils apprennent à se connaître et se comprendre. Cela implique de s’intéresser aux autres; de connaître leurs besoins, leurs attentes, leurs compétences ou leurs difficultés. Sans exception, toutes ces étapes passent par une écoute attentive.
Pour cela, il est important de passer du temps ensemble, vivre des expériences, relever des défis, rire et valoriser les succès.
On a observé l’impact négatif de l’isolement et du manque de contact que le télétravail à 100% a eu sur nombre d’équipes. Aujourd’hui l’équilibre se trouve avec un panachage du présentiel/distanciel en entreprise. C’est dans cette optique que le team coaching ou des activités visant à créer ou rétablir une meilleure compréhension entre les membres de l’équipe et renforcer la confiance sont nécessaires. Une occasion pour faire des différences de chacun une force dans la complémentarité.
L'ocytocine, hormone de l'attachement
En dehors des compétences, nos liens de confiance prennent naissance dans notre biologie, plus précisément grâce à l’ocytocine (une hormone, sécrétée par l’hypophyse). Découverte au début du siècle dernier, de nombreuses études (dont celles de Zak, Kurzban et Matzner 2005) lui ont été consacrées. Nous la savons aujourd’hui impliquée dans le développement de nos capacités relationnelles, de notre confiance en nous, de notre confiance envers les autres et même de l’identification des émotions. Tout cela lui vaut d’être communément appelée «l’hormone de l’attachement», c’est dire son importance!