«La culture du travail est différente en Suisse romande»
La première édition de la version française d'HR Today paraît en décembre 2001, trois ans après la création de la version alémanique par deux entrepreneurs bernois établis à Zurich, Matthias Zimmermann et Thomas Sterchi.
Matthias Zimmermann (53 ans) a fondé en 1993, avec son associé Thomas Sterchi, la société Job-Index. Ils commencent par publier un magazine d’offres d’emploi. En collaboration avec swissstaffing (l’organisation faîtière des sociétés de location de services), ils lancent en 1998 le magazine Interview, qui deviendra en 2002 HR Today. La version alémanique d’HR Today célèbre ses 20 ans en 2018.
Matthias Zimmermann, après 25 ans d’activité dans le segment de la presse spécialisée, qu’est-ce qui vous donne encore envie de venir au bureau le matin?
Nous devons sans cesse adapter notre offre au public cible pour maintenir notre position sur le marché. C’est un défi passionnant. Au début de cette aventure, peu de monde s’intéressait aux RH. Cela a énormément changé.
Comment a évolué la fonction RH depuis 1998?
Il y a vingt ans, les RH étaient en majorité des hommes proches de l’âge de la retraite. La fonction était considérée comme une voie de garage, avec des tâches très administratives. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Les RH sont devenus·es des conseillés·es en carrière et en organisation.
Quel bilan tirez-vous après 20 ans d’HR Today?
Le segment de la presse spécialisée s’est fortement réduit ces dernières années. La faillite de Publicitas en 2018 en est un exemple marquant.
Nous pouvons donc être fiers d’avoir tenu jusqu’ici en employant 14 personnes. Très souvent, ces petites publications sont gérées par une ou deux personnes et le fondateur assume habituellement la rédaction en chef. Je n’ai jamais tenu ce rôle, je me suis plutôt impliqué dans la vente. En 2014, j’ai remis l’opérationnel et je me suis concentré sur le développement de nouvelles activités. Nous avons par exemple lancé un magazine pour les assistantes de direction, Miss Moneypenny. En 2019, nous avons racheté le salon RH de Zurich, Personal Swiss, que nous avons renommé HR Festival.
La création d’HR Today est due au hasard, paraît-il?
C’est juste. Quand je me suis mis à mon comte il y a 28 ans en créant avec Thomas Sterchi la société Job-Index, nous proposions des services au secteur RH. En collaboration avec le programme d’occupation des Offices régionaux de placement (ORP), nous avons édité le magazine «Le marché du travail». Nous avons ensuite publié l’annuaire PSP Index (liste des prestataires de services RH de Suisse), ce qui nous a permis de mettre un pied dans le milieu. Nous avons également fondé jobs.ch (portail emploi) et Prospective (annonces d’emploi). Devenir l’éditeur d’un magazine RH n’était pas dans nos plans. En 1998, Franz With qui siégeait au comité de Swissstaffing nous a suggéré de créer un magazine de ressources humaines de qualité. Nous avons saisi l’opportunité et avons d’abord lancé «Interview», que nous avons renommé «HR Today» en 2002.
Pourquoi ce changement de titre?
La fondation Andy-Warhol de New York publie un magazine dont le titre est «Interview»... Nous recevions sans cesse des courriers qui leur étaient destinés (sourire). L’avantage de la marque HR Today est qu’elle fonctionne des deux côtés de la Sarine. HR Today fait aussi référence à l’actualité de la branche.
Pourquoi avoir lancé une version française en 2001?
La faîtière Swissstaffing souhaitait avoir un journal qui s’adresse aussi à ses membres en Suisse romande. Nous avions aussi choisi le nom HR Today dans cette optique.
Quels furent les défis au moment de lancer cette version française?
D’un point de vue commercial, le marché suisse romand représente environ un cinquième du marché alémanique. C’est aussi pour cette raison que nous avions choisi cette périodicité bimestrielle (une parution tous les deux mois, ndlr). D’un point de vue rédactionnel, la culture du travail est différente en Suisse romande. Nous avons donc opté pour une rédaction basée en Suisse romande qui donne la parole aux entreprises et aux intervenants des cantons francophones.
Le secteur des médias est en pleine restructuration. La version papier d’HR Today existera-t-elle toujours dans cinq ans?
Je le crois, oui. La version print d’HR Today va perdurer. Nous souhaitons que le titre devienne la référence en termes de formation continue RH. Notre intention est de livrer aux lectrices et lecteurs des connaissances qu’ils et elles peuvent ensuite mettre en pratique. Nous développons en parallèle d’autres services RH. Nous avons par exemple investi dans un logiciel qui génère des certificats de travail, zeugnis.ch. Nous proposons aussi des formations et des événements dédiés aux managers RH. Nous souhaitons enfin nous adresser à un public RH très large, du HR Business Partner en grande entreprise au patron de PME qui a lui aussi des problématiques RH à résoudre.