La disparition de Carsten Schloter met le doigt sur la fragilité potentielle des managers
La disparition du patron de Swisscom Carsten Schloter, qui a mis fin à ses jours, met le doigt sur la fragilité potentielle des managers. Et sur la nécessité de briser l’omerta qui entoure ce phénomène, souligne "L'Hebdo» dans un dossier consacré à la question.
La disparition du patron de Swisscom Carsten Schloter, qui a mis fin à ses jours, met le doigt sur la fragilité potentielle des managers. Photo: Swisscom
Certes, rien ne prouve pour l’instant que le suicide - à son domicile fribourgeois - du directeur du numéro un de la téléphonie en Suisse est dû à sa charge importante de travail. Reste que ce décès, qui a provoqué une onde de choc dans le pays, interpelle. «A la base, le rôle d’entrepreneur est plutôt bon pour la santé, car le sentiment de diriger soi-même son destin est positif», explique dans «L’Hebdo» Rico Baldegger, le directeur de la Haute école de gestion (HEG) de Fribourg. «Mais lorsqu’il y a une perte de contrôle, alors la situation devient rapidement extrêmement négative.
En Suisse, il n’existe pour l’heure aucune statistique officielle chiffrant les problèmes de santé des dirigeants . Les choses devraient néanmoins changer l’an prochain, puisqu’une équipe de la HEG de Fribourg prépare une étude sur la question. En France, l’Observatoire spécialisé Amarok estime les suicides de patrons à un ou deux par jour. Au Japon, ce chiffre s’élève à huit (parmi les patrons de PME), selon des données officielles.
Dans une étude récente, la Harvard Medical School montre que plus de 95% des leaders interrogés ressentent une forme de burn-out, dont un tiers à un degré élevé. «Depuis vingt ans, l’ouverture des marchés internationaux a fait croître le poids qui pèse sur les épaules des managers. Ceux-ci se retrouvent sous des pressions multiples, coincés entre les actionnaires, les employés, les clients et, de plus en plus, le monde financier», commente Rico Baldegger.
Or, souvent encore, ce sujet est tabou. Mais les choses sont en train d’évoluer gentiment. Ainsi, de plus en plus de CEO assument le fait d’avoir besoin de prendre des congés sabbatiques afin de se ressourcer, note «L’Hebdo». Le patron de la Raiffeisen, Pierin Vincenz, a par exemple décidé de s’accorder une pause de deux mois après treize ans d’activités dans la banque.