Débat

La génération Z est-elle trop exigeante?

La jeune génération fait couler beaucoup d'encre. On entend notamment qu'elle est très exigeante et que le travail n'est plus au centre de ses préoccupations. Trois spécialistes en débattent.

 

Ioannis Martinis - Head Legal Tech Coop Protection Juridique

On dit d'elle qu'elle n'est pas engagée et qu'elle a du mal à prendre des décisions. Elle serait soumise à une énorme pression de performance, chercherait la sécurité dans la famille et serait toujours derrière un écran. On écrit beaucoup sur la génération Z. Seuls ses représentants savent ce qu'il faut en penser ou ce qui est vrai. Cette génération ne peut pas être mise dans le même panier que les générations qui l'ont précédée. Il est toutefois certain que la génération Z a grandi avec le numérique; elle a été marquée par l'économie des plateformes, les applications web, le commerce électronique et les smartphones. Ce contexte a une influence considérable sur leur comportement. Un comportement que certains employeurs semblent avoir du mal à accepter, car ils perçoivent ces jeunes comme particulièrement exigeants. Dans un secteur économique qui a du mal à changer, la situation devient particulièrement passionnante. Dans le monde juridique, les grandes innovations n'ont pas eu lieu depuis l'élaboration du Code de Hammurabi (un texte juridique babylonien daté d’environ 1750 av. J.-C.). Chez les juristes, la transformation numérique progresse à petits pas. Les jeunes travailleurs doivent sourire en voyant où nous en sommes en 2022 en matière de numérisation dans le secteur juridique. Le défi des employeurs est donc d'autant plus grand: enthousiasmer la génération Z non seulement avec des incitations monétaires, mais aussi avec un environnement de travail qui répond à leurs exigences. Surtout lorsqu'une entreprise recherche les meilleurs talents. Celui qui fait un effort en profite doublement: l'entreprise gagne non seulement de bons collaborateurs, mais aussi ceux qui font avancer la transformation numérique. Un avantage considérable par rapport à la concurrence. Il est incontestable que la technologie modifie considérablement la manière dont les services juridiques sont fournis et consommés. Mots clés: «Legal Tech» et «New Law». Pour la première fois dans l'histoire du droit, la technologie touche au cœur de l'activité juridique: l'utilisation experte et précise du langage humain. Dans cette nouvelle ère, les prestataires de services juridiques seront à l'avant-garde, conscients de ces changements et acteurs de la transformation. Et qui mieux que de jeunes talents pour le faire?

Ivanna Baumann - Responsable RH & Recrutement, HRworks Sàrl

Quelles sont mes possibilités d'évolution? Puis-je travailler à 100% en Home Office? Et à quelle heure se termine une journée de travail chez vous? Pour les candidats·es des générations précédentes, ces questions auraient été impensables. Pour la génération Z, elles semblent être une évidence. Faut-il s’en inquiéter? Non. Car le monde du travail a évolué et place de plus en plus les collaborateurs et leurs besoins au centre des préoccupations. Parfois, les responsables RH ont l'impression que ces nouveaux jeunes de la génération Z considèrent ces nouvelles prestations RH comme allant de soi et en redemandent. Honnêtement, qui n'aspire pas à un bon équilibre entre temps libre et vie professionnelle? Mais chez les membres de la génération Z, le désir d'une flexibilité maximale va souvent de pair avec un certain manque d'engagement, qui ne s'arrête devant rien: ni devant la relation, ni devant le travail. La génération Z n'aime pas se fixer, car le bonheur pourrait l'attendre au coin de la rue. Bien entendu, ils représentent un défi pour les manageres RH lorsqu'ils souhaitent disposer de la plus grande liberté possible tout en n'offrant que peu de garanties. En fin de compte, une seule chose peut aider: échanger régulièrement avec eux. C'est la seule manière de concilier les souhaits de la génération Z avec les intérêts de l'entreprise. Et c'est la seule façon de faire comprendre à la nouvelle génération qu'une relation de travail est une relation donnant-donnant. Bien que cet échange permanent soit un défi, il en vaut la peine. Car la génération Z est au centre du marché du travail de demain. Plus les entreprises s'adapteront tôt à leurs besoins, plus elles profiteront de leurs qualités.

Benjamin Visser - CEO et fondateur d'Allygatr, société de capital-risque dans la Tech RH

De quoi parlons-nous lorsque nous évoquons la «génération Z»? Chacun et chacune a probablement une image différente à l’esprit. Ce qui me frappe, c'est que les différences individuelles sont plus importantes que les points communs. Quand j’observe notre équipe, je vois beaucoup de personnalités et d'individualités. Aucun et aucune ne se ressemble. Mais la génération Z a une chose en commun: elle est passionnée par son travail. Le défi est de taille, surtout pour les employeurs. Pourquoi? Parce que la Gen Z n’accepte pas ce qui ne lui convient pas. À mon avis, la Gen Z se défend et défend ses valeurs comme aucune autre génération avant elle. Le sens est particulièrement important. La question qui prime par dessus de tout chez eux est: «Pourquoi devrais-je faire cela?» Si le travail en général ou la mission en particulier n'a pas de sens, ils auront du mal à se motiver. Pour éviter d'en arriver là, ils vérifient minutieusement s'ils correspondent à l'entreprise ou au poste. Les employeurs peuvent alors se sentir très mal à l'aise. Je pense que tout cela est juste et important. Parfois, j'aimerais que la génération Z change de perspective et se pose d’autres questions: «Qu'est-ce que je fais? Comment cela se présente-t-il de mon côté, du côté de l'employeur? Est-ce que je peux m'attendre à cela ou est-ce que mon entreprise peut encore le supporter? Qu'est-ce que j'ai déjà et est-ce que j'en ai (vraiment) encore besoin?» Nous vivons à l’ère du New Work: hiérarchies plates, beaucoup de respect et de transparence, des tâches adaptées et de la créativité jusqu'à une liberté totale en ce qui concerne le télétravail. Lorsque la Gen Z arrive au bureau, la première chose que j'entends est souvent: «Oh la la, il n'y a pas de lait d'avoine!». Cela me fait sourire. Et en même temps, cela me réjouit, car en réalité, de tels «problèmes» n'en sont pas.

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Texte: hrtoday.ch
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