Elevée dans le respect de la relation aux clients
Née en Italie dans la campagne romaine, elle est la dernière d’une fratrie de quatre enfants. Son histoire familiale lui offre une ouverture sur le monde. Son grand-père émigre aux Etats-Unis en 1887, où il tombe amoureux et se marie. S’en suivent onze enfants, dont le père de Maria Anna, né en Italie et qui tiendra un commerce de vélos et cyclomoteurs. «Nous trainions toute la journée dans le magasin avec mon père. J’ai été élevée dans le respect de la relation aux clients.» Quand ses parents lui annoncent qu’ils vont repartir de l’autre côté de l’Atlantique, elle décide de rester au pays, se marie «très jeune» et émigre en Suisse. Elle s’y sent tout de suite à l’aise: «Les Suisses cultivent un certain respect des gens et des choses, c’est une posture extraordinaire. Il faut avoir vécu dans d’autres pays pour le réaliser. Le couple Di Marino aura deux filles, Cinzia, qui dirige aujourd’hui un établissement médico-social, et Veronica, qui partage son temps entre la responsabilité des RH des cinémas Pathé en Suisse romande et son cabinet de conseils RH (Di Marino Consulting).
De l’usine à l’ORP de Pully
Avec une formation de styliste et deux enfants en bas âge, Maria Anna Di Marino décroche un premier emploi dans une usine du canton de Fribourg. Elle démarre en bas de l’échelle et doit porter un bonnet blanc, comme toutes les ouvrières.
«Les chefs d’équipe avaient un bonnet rose et la cheffe d’unité un bonnet bleu. Je savais qu’un jour je porterais moi-aussi ce bonnet bleu», raconte-t-elle. Elle travaille dur, se forme et réussit. En 1988, changement de cap. Elle décroche le poste de directrice d’un complexe hôtelier de la région lausannoise: «C’est là que j’ai découvert l’importance des relations humaines. Je dirigeais une équipe de 70 personnes. J’ai appris à me connaître et à réaliser l’effet de mes comportements sur les autres. C’est ainsi que naît le respect de la différence.»
Elle met fin à la crise de la section HR Vaud
Le début des années 1990 est marqué par une vague de chômage. Le taux national passe de 0,2 à 7 pour cent en peu de temps. Le canton de Vaud lance alors un projet pilote, en créant les premiers Offices régionaux de placement (ORP), dont celui de Pully. C’est Maria Anna Di Marino qui en prend la tête. Elle raconte: «Nous sommes partis de rien. J’ai pris contact avec de nombreux patrons de l’économie locale. Grâce à mon expérience de cheffe d’entreprise, ils m’ont ouvert leurs portes. Une fois en face d’eux, je leur détaillais les témoignages de procédures de licenciements inacceptables que me rapportaient les chercheurs d’emploi.» Elle confronte les uns et les autres à leurs responsabilités et réussit son pari. Ce modèle d’ORP vaudois sera ensuite reproduit à travers tout le pays. Elle tirera de cette expérience une conviction: la fonction RH a un rôle déterminant à jouer en entreprise. Après un brevet fédéral en gestion du personnel, elle s’intéresse à la vie associative de la profession et devient membre de HR Vaud. La section traverse une période difficile et le comité démissionne en bloc. «Ils m’ont proposé de reprendre la présidence. J’ai hésité, mais je trouvais dommage de dissoudre l’association». La suite fait partie de sa légende personnelle. Elle convainc trois anciens membres du comité de ne pas jeter l’éponge et recrute des nouvelles têtes pour consolider les rangs. Très vite, elle lance les lunchs RH et des événements plus importants, les 5 à 7. Les membres sont ravis et les nombres augmentent. Sur la lancée, elle imagine de mettre sur pied un congrès RH romand, pour «créer des ponts entres les chercheurs et les praticiens».
Bio express
- 1968 Arrive en Suisse
- 1988 Directrice d’un complexe hôtelier
- 1994 Crée l’Office régional de placement de Pully
- 2000 Assume la présidence de HR Vaud
- 2002 Organise le 1er Congrès RH romand
* Les Relations Humaines: Du cerveau au comportement – Apport de la biologie, des neurosciences, de l’économie et de la psychologie. Congrès HR Sections romandes. Mardi 8 septembre 2015. Programme complet et inscriptions sur www.congres-romand.ch