«La méthode WOL permet de créer du lien et de poser un cadre de sécurité»
Créée par l’Américain John Stepper, la méthode Working Out Loud (WOL) commence à faire parler d’elle en Suisse romande. Très codifiée, avec une réunion hebdomadaire pendant douze semaines, elle permet d’avancer sur un projet professionnel ou personnel avec le soutien d’un petit groupe.
Photo: màd
Quelle était ta motivation de participer à un cercle WOL?
Marc Benninger: De par mon métier, un de mes rôles est de rester au courant des innovations managériales et organisationnelles. La rédactrice en cheffe de la version alémanique d’HR Today a interviewé l’an dernier le fondateur de la méthode WOL, John Stepper. J’en avais donc entendu parler. Par ailleurs, quand j’en ai l’occasion, j’aime appliquer ces nouvelles méthodes à ma propre activité, dans un esprit de développement personnel. J’ai par exemple effectué plusieurs tests de personnalité et suivi des formations et des coachings.
Sauf erreur, c’est le deuxième cercle WOL auquel tu participes. Qu’as-tu appris lors du premier cercle et pourquoi avoir voulu en démarrer un deuxième?
Susanne Zimmernann: Curieuse par nature, j’ai participé à mon premier cercle WOL en Suisse alémanique, sans avoir une claire idée du fonctionnement de ces cercles. Je cherchais depuis longtemps une méthode permettant de mobiliser les savoirs et les expériences qui ne sont pas exploités en entreprise. La partie immergée de l’iceberg en quelque sorte. Durant mon premier WOL, j’ai pris conscience que cette approche permet d’accéder à ce trésor caché. J’ai aussi été épatée par la qualité des relations créées, la solidarité et le soutien en ligne, sans devoir physiquement rencontrer les personnes. Ça allait donc de soi que j’allais lancer un cercle en Suisse romande. J’ai toujours eu l’habitude de proposer mes prestations dans les deux cultures. C’est important pour moi de créer des ponts.
Et toi, comment as-tu vécu ce premier WOL?
Marc Benninger: J’ai apprécié la diversité des profils de notre groupe. À première vue, nous n’avions que peu de points communs, mais ces différences furent en réalité une richesse. La récurrence et la discipline du rythme m’ont plu également. Chaque semaine nous avions un thème à traiter et des exercices à accomplir pour la semaine suivante. Cela a permis une réflexion en profondeur sur les questions que nous nous étions posées au début du processus. J’ai particulièrement apprécié le cadrage assez strict de ces réunions et les feedbacks spontanés que chacun a reçu semaine après semaine. Personnellement, cela m’a permis de donner du temps à la réflexion autour de mon projet et de laisser émerger des solutions innovantes sur le moyen terme.
Parmi tous les exercices, lequel t’a permis d’avancer sur ton projet et qu’as-tu appris de concret grâce à cet exercice?
Susanne Zimmermann: Ce n’est pas évident de choisir un seul exercice, car c’est le processus dans son entier qui m’a aidé à avancer, grâce notamment aux échanges hebdomadaires avec le groupe et aux différents exercices. Si je devais n’en retenir qu’un, ce serait: «Rédiger une lettre à votre Moi futur». Cet exercice m’a permis de visualiser mon avenir et de définir clairement une vision à moyen et long terme. Durant cette année 2020, qui a posé de nombreux défis aux indépendants et aux entrepreneurs, j’ai lu cette lettre avant de m’endormir pendant plusieurs mois. Cela m’a permis de me focaliser sur les sujets qui me tiennent à cœur et de faire entrer l’avenir dans le présent.
Tu es un expert des ressources humaines. Penses-tu que la méthode WOL pourrait être introduite en entreprise? Et quelle serait la valeur ajoutée pour la direction et les employés?
Marc Benninger: Oui, plusieurs entreprises l’utilisent déjà sauf erreur. C’est une manière de créer du lien et de poser un cadre de sécurité. La méthode WOL implique des règles assez strictes (gestion du temps, non-jugement, écoute) et c’est donc un outil précieux pour redonner de la confiance. La méthode m’a aussi contraint de me mettre à la place des autres membres du groupe. C’est agréable de ne pas toujours être fixé sur soi-même. J’ai aussi réalisé que les autres ont autant de doutes et d’incertitudes que moi... L’autre bénéfice du WOL est de vous obliger à sortir de votre cercle de connaissances traditionnelles puisque vous profitez des contacts des autres membres du cercle. Enfin, Working Out Loud est particulièrement bien adapté aux réseaux sociaux. L’idée est de partager avec vos contacts les progrès réalisés dans vos projets personnels. Personnellement, c’est en partie grâce au WOL que j’ai réalisé en 2020 des comptes rendus de livres RH que je partageais sur LinkedIn.
Si tu devais donner des conseils à un manager qui veut lancer un cercle WOL dans son entreprise, que dirais-tu?
Suzanne Zimmermann: Le premier pas serait de mener une analyse pour comprendre quel bénéfice il veut tirer de cette méthode. Quel est son objectif ? Ensuite, nous conseillons d’échanger avec des entreprises qui l’ont déjà introduite pour profiter de leurs expériences. Certaines PME’s appliquent le WOL pour améliorer la collaboration à distance par exemple. Il est aussi imaginable de pouvoir se mettre en réseau avec des partenaires pour promouvoir l’innovation ou de renouveler la chaîne de valeur. Un autre but peut être d’établir des relations durables et de nouvelles collaborations avec les partenaires de la chaîne de valeur. Les grands groupes utilisent le WOL pour l’intégration des nouveaux collaborateurs. Ces derniers apprennent à connaître les différents départements et créent un réseau interne dès les premiers jours.