La mue réussie des SIG de Genève: le modèle EquiLibre
Horaires à la confiance, espaces de travail réaménagés et un management basé sur la confiance: 650 des 1000 employés des Services Industriels de Genève sur le site du Lignon ont opté pour ce modèle. Décryptage avec leur DRH, Robert Monin.
Photo: Keystone
L’idée remonte à 2010, au moment où l’unité des Services partagés des SIG de Genève se réorganise et entame son introspection. Constats. L’entreprise traverse une période de grands changements: montée en puissance des impératifs environnementaux, arrivée des technologies intelligentes, transition vers une économie de la connaissance, accroisse- ment de la qualification des collaborateurs et ouverture du marché de l’énergie. A l’interne, l’âge moyen est de plus de 44 ans. Dans ces conditions, se demande SIG, «pouvons-nous encore être une entreprise efficiente, compétitive et attractive avec notre environnement de travail actuel?». La réponse est non. Commence donc la grande mue avec un projet pilote pour 100 collaborateurs. Aujourd’hui, plus de la moitié des 1000 collaborateurs du siège de SIG au Lignon ont opté pour le modèle EquiLibre, qui est né dans l’intervalle. Ce changement de paradigme dans la manière de travailler est basé sur trois piliers: la confiance, la responsabilité et l’autonomie.
Première innovation, chaque équipe décide elle-même si elle souhaite adopter ce nouveau modèle de travail. La participation n’est donc pas imposée par le haut. Ce qui explique notamment que seulement la moitié des employés de SIG vive actuellement sous ce nouveau régime.
En bref, le modèle EquiLibre permet aux collaborateurs de:
- bénéficier d’espaces de travail diversifiés (aménagements dynamiques)
- d’avoir la possibilité de travailler au moment où on est le plus performant (horaires à la confiance) et de travailler à distance;
- d’optimiser ses déplacements (prise de service délocalisée/ travail dans des tiers-lieux);
- de concilier plus facilement son activité professionnelle avec des activités et obligations personnelles;
- d’être responsable de l’organisation de son travail.
Le DRH, Robert Monin et son équipe ont opté pour ce nouveau modèle en septembre 2015. Pour en parler, il nous reçoit dans une boîte en verre (leurs nouvelles salles d’entretien), assis sur un fauteuil violet. Sur l’étage, les collaborateurs ont le choix, dans l’espace de travail réservé à la direction RH, entre des places de travail partagées, des bureaux fermés et des salles de réunions plus spacieuses. Mais ils peuvent aussi opter pour du Home Office et travailler depuis chez eux (ce travail à distance ne doit cependant pas dépasser 40 % du temps total).
«La transition s’est bien déroulée, assure Robert Monin. Nous avons par contre investi beaucoup de temps en amont pour recueillir les craintes et les risques potentiels. La plupart de ces écueils ne se sont pas produits, mais ce temps d’écoute en amont est sans doute une des clés de notre réussite».
En termes de management, le système est bâti sur la confiance. Robert Monin: «Nous sommes sur une logique de «confiance a priori». Alors qu’avant, le système était conçu pour éviter la dérive, notamment au moyen de la sanction. Du coup le collaborateur s’inscrivait dans une logique de défiance. S’en suivaient démotivation, compensation et donc davantage de contrôle de la part du management. Nous avons brisé ce cercle vicieux et changé le paradigme en inscrivant dans notre ADN que chaque collaborateur est digne de confiance.»
Pour le collaborateur, cette liberté acquise implique en revanche un surplus de responsabilité. «Avant, il lui suffisait de badger le matin, alors qu’aujourd’hui il devient responsable de son travail. Cela n’a pas été facile à accepter pour tout le monde», assure le DRH.
Ce changement de posture a également touché de plein fouet les managers. Désormais, ils organisent plutôt des entretiens de soutien pour comprendre les besoins du terrain afin d’atteindre les objectifs qui peuvent devenir communs. Les managers perdent par contre une partie de leur pouvoir puisque les équipes sont désormais responsables de leurs activités et de l’organisation de leur journée. Le manager devient un animateur et un soutien plutôt qu’un chef qui contrôle. Ce changement de posture peut révéler certains dysfonctionnements managériaux, assure-t-il.
Conférence de Robert Monin le 14 mars
Robert Monin, DRH de SIG, donnera une conférence sur les enjeux du programme EquiLibre le 14 mars 2017 à 17h30 dans les locaux de SIG au Centre Polyvalent du Stand, 5 rue des Jardin, 1205 Genève. Cet événement est gratuit. Inscriptions obligatoires par mail à isabella.cottone@hrtoday.ch