La productivité des salariés augmentée par l'aménagement du bureau

Paris (ats/afp) "Perpétuellement connectés, les cadres ont des journées-marathon qui s'allongent de plus en plus, où l'on répond à ses mails très tôt le matin et jusqu'à tard le soir, chez soi", a constaté Catherine Gall, directrice de recherche chez le fabricant d'équipements de bureaux Steelcase, lors du Salon de l'immobilier d'entreprise (Simi) de Paris.

Ces cadres reçoivent en moyenne "un volume d'informations numériques qui double tous les quatre ans, ce qui conduit à la saturation", a estimé Yves Le Bihan, président de l'Institut français du leadership positif. "Nous nous interrompons en moyenne toutes les trois minutes dans notre travail, c'est un véritable fléau", poursuit-il.

Ainsi, après avoir généralisé les espaces de travail ouverts où "tout le monde se voit et s'écoute", les professionnels de l'immobilier ont réalisé que ces locaux bruyants étaient parfois synonymes de perte de productivité. Ils tentent maintenant de corriger le tir en aménageant des espaces plus propices à la concentration et à la créativité, dit Mme Gall.

En 2016, Steelcase commercialisera ainsi des postes de travail individuels constitués d'un fauteuil dont le dossier, très haut, isole son occupant et doté d'un voyant lumineux signifiant "J'ai besoin de calme pendant 15 minutes".

Réintroduire de la nature

La société aménage des espaces où les salariés peuvent "travailler debout, en se déplaçant, sans forcément utiliser d'outils numériques, en écrivant sur un grand tableau, avec des post-it, face à des collègues, pour stimuler la créativité".

Steelcase propose aussi des postes de travail positionnés côte-à-côte mais tête- bêche, pour "renforcer le confort émotionnel lié à la proximité avec un collègue qui vous apprécie, ce qui est valorisant et rassurant", explique sa directrice de la recherche.

De plus en plus de professionnels de l'immobilier s'efforcent par ailleurs de "réintroduire un peu de nature" au travail, via des espaces verts qui contribuent au bien-être des salariés et "améliorent leur productivité", constate Hortense Serret, docteur en écologie. Pas moins de "10% des absences des employés peuvent être attribués à une architecture sans aucune connexion avec la nature".

Facteur humain

Nombre de jeunes entreprises se sont engouffrées dans la brèche, telles que Yellogarden qui installe des jardins potagers sur le toit des immeubles et même dans les bureaux: au siège du groupe Bouygues, des bacs de polystyrène où poussent des plantes aromatiques et des fraisiers, jouxtent les tables de travail.

"Si les espaces verts augmentent la valeur patrimoniale des immeubles, les jardins potagers augmentent leur valeur d'usage, du point de vue des promoteurs immobiliers", affirme Laurent Caudal, fondateur de Yellogarden. Et les deux contribuent à l'obtention des labels environnementaux qui donnent de la valeur aux immeubles.

Toutefois, les professionnels de l'immobilier "s'occupent beaucoup des murs mais pas beaucoup du facteur humain dans l'environnement de travail", déplore le Dr Florence Bénichoux, qui dirige Better Human, une agence de conseil en communication santé.

Augmentation de la performance

Car si de plus en plus de grandes entreprises offrent à leurs salariés des salles de sport, des services de conciergerie, de sophrologie, de massages, des cours de yoga, de méditation, "tout cela c'est de la qualité de vie hors travail", pointe-t-elle, soulignant que "ce qui compte, c'est le bien-être au travail".

Car la qualité de vie au travail augmente la performance: "les salariés heureux sont deux fois moins malades, six fois moins absents, neuf fois plus loyaux et 31% plus productifs", énumère-t-elle.

Selon une étude de l'institut Gallup, le manque d'engagement des salariés français représenterait une perte de 51 milliards d'euros par an (55,32 milliards de francs au cours actuel).