«Le vrai courage, c’est d’essayer de changer»
Il préconise aussi des formations sur l’art de donner du feedback. Pour les cadres, l’outil 360° est un bon moyen de commencer ce processus de changement, assure-t-il. «Mais attention à ne pas s’arrêter au bilan! Le vrai courage, c’est d’essayer de changer, semaine après semaine, étape par étape. Cela demande beaucoup d’humilité. Et c’est important d’être bien entouré.» Dans son cas, les proches qui lui donnent du feedback sont la DRH, Nathalie Warren, les autres membres du comité de direction, son assistante, ainsi que le Directeur Commercial International, à qui il rapporte. «J’apprécie également de me retrouver avec mes amis le week-end pour écouter de la bonne musique et déguster des bons plats. Ces moments de partage et de sincérité sont essentiels à mon équilibre.»
Mais après plus de six années passées à la direction de Nespresso Suisse, n’a-t-il pas envie de relever de nouveaux défis? «J’ai eu quelques opportunités en interne que j’ai pu décliner. Pour développer une culture d’entreprise avec un impact durable sur les résultats, il faut aussi savoir orienter son action sur le long terme.»
L’autre raison qui l’incite à prolonger son mandat est son attachement au Lavaux et au lac Léman. Né à Lutry en 1971, ses deux parents ont fait carrière à la Poste suisse. Très tôt, il développe une fascination pour le géant alimentaire de Vevey, «une entreprise à la fois très internationale et très suisse». A 22 ans, alors qu’il est en train d’effectuer son service militaire, il décroche son premier entretien d’embauche chez Nestlé. «Ma candidature n’a pas été retenue. Ils m’ont dit que je n’étais pas assez mûr», sourit-il. Après une licence en gestion de l’entreprise à HEC Lausanne, il démarre sa carrière chez British American Tabacco, avec une longue mission en Inde, qu’il parcourt de long en large. En 1999, il entre chez Nespresso, où il devient directeur des ventes et du marketing pour la Suisse. En 2004, il reprend la direction de Nespresso Allemagne et s’installe avec son épouse et sa fille à Düsseldorf. Ce seront ses années de «dictateur enthousiaste» qui lui permettront d’apprendre de ses erreurs. Il revient en Suisse fin 2005 comme Key Account Manager chez Nespresso International et sera nommé directeur de la filiale suisse trois ans plus tard. Aujourd’hui, il dirige plus de 700 personnes, réparties entre le siège de Paudex, un centre de relations clients à Sion, 23 boutiques Nespresso et une équipe commerciale répartie dans les principales villes suisses.
L’entretien touche à sa fin. On en profite pour lui poser une question critique. Au moment d’engager le personnel de leurs boutiques Nespresso, qui respirent le luxe et la qualité du service, y a-t-il des consignes spécifiques quant à l’esthétique physique des vendeuses et vendeurs? «Non, pas du tout. Ce serait complètement contraire à nos valeurs. Si vous avez eu l’impression que mes collègues travaillant en boutique sont physiquement séduisants, c’est aussi en partie grâce à l’atmosphère qui règne dans notre entreprise. Comme je vous l’ai dit, le respect de soi-même et de ses collègues engendre une certaine élégance qui favorise le respect des clients.» Pascal Hottinger ne donne aucun chiffre sur le résultat opérationnel de Nespresso Suisse. Selon une interview accordée au Handelsblatt en août 2014, le CEO de Nespresso International, Jean-Marc Duvoisin, indique que la société a réalisé un chiffre d’affaires de 4,25 milliards de francs. La même source indique que la part de marché de Nespresso en Europe serait de 30,5 pour cent en Europe de l’Ouest, un marché qui pesait en 2013 6,6 milliards de francs. Ce marché devrait croître à 7,4 milliards de francs en 2014.
Bio express
- 1971 Naissance à Lutry (canton de Vaud)
- 1992 HEC Lausanne
- 1995 Brand manager chez BAT
- 1999 Marketing & vente Nespresso Suisse
- 2004 Directeur Nespresso Allemagne
- 2008 Directeur Nespresso Suisse