Horlogerie

Le chômage partiel ne va pas se généraliser

Le chômage partiel chez Cartier à Villars-sur-Glâne (FR) et les 46 licenciements chez Tag Heuer ne reflètent pas un phénomène général. Selon François Matile, secrétaire général de la Convention patronale (CP) horlogère, ils sont uniquement liés à la stratégie d'une entreprise ou au repositionnement d'une marque.

La Chaux-de-Fonds (ats) "Ces deux annonces ne sont pas prémonitoires de quelque chose", a déclaré François Matile lors d'un entretien à l'Agence télégraphique suisse (ats). Il y a peut-être un certain ralentissement, mais c'est une situation normale quand on augmente depuis un certain nombre d'années fortement les effectifs et les exportations de montres.

Pour 2014, François Matile ne s'attend pas à une évolution importante du nombre de nouveaux postes. "Il faut s'attendre à une stabilité, et au mieux à une légère hausse". En 2013, la CP avait recensé 57'286 employés, un chiffre en augmentation de 2,6% par rapport à 2012.

La branche horlogère se préoccupe davantage des conséquences du vote du 9 février. "Cela crée un sentiment d'insécurité et les employeurs se plaignent de ne pas savoir ce qui sera finalement décidé", ajoute François Matile. A savoir une application stricte et à la lettre du texte de l'initiative contre l'immigration de masse ou une solution plus pragmatique.

L'horlogerie est particulièrement touchée parce que la moitié de son personnel n'est pas suisse, précise François Matile. Environ 30% sont des frontaliers et 20% des permis B et C. La grosse inconnue concerne les frontaliers. Le secrétaire général de la CP ne comprend pas pourquoi ces derniers seraient pris en compte dans l'application d'une initiative qui parle de l'immigration de masse alors que par définition, le frontalier n'est pas un immigrant puisqu'il passe la frontière dans les deux sens chaque jour.

Des frontaliers depuis un demi-siècle

François Matile rappelle que le problème des frontaliers n'a rien à avoir avec une immigration récente puisque l'industrie horlogère en compte depuis un demi-siècle en tout cas. Elle utilise simplement le savoir-faire et la culture technique qui sont les mêmes les deux côtés de la frontière franco-suisse.

Mais le représentant des patrons horlogers reconnaît que le nombre de frontaliers peut être très élevé et atteindre jusqu'à 80% dans certaines entreprises basées par exemple à la Vallée de Joux (VD) ou en Ajoie (JU). Ces régions sont peu peuplées et le réservoir indigène est trop petit pour répondre aux besoins de l'industrie locale.

François Matile précise que si la demande en main-d'oeuvre dans l'horlogerie est toujours supérieure à l'offre, "on ne peut pas parler d'assèchement ou de pénurie du marché". Les employeurs finissent toujours par trouver les employés qu'ils recherchent.

Beaucoup de personnel a été formé ces dernières années, que ce soient des apprentis ou des adultes, lors de formations, à l'exemple de celle dispensée pour devenir opérateur en horlogerie. Selon lui, "tous les types de métiers horlogers et toutes les compétences sont recherchés.

Le salaire minimum enjeu de discussions

Pour éviter la sous-enchère salariale en lien avec l'introduction des accords de libre circulation, la branche horlogère suisse a mis en place des salaires minimaux à l'embauche qui varient selon les régions et les qualifications du personnel. François Matile déplore qu'il soit devenu un objet d'affrontement entre partenaires sociaux.

Dans l'horlogerie, il n'existe pas, comme dans d'autres branches, des négociations annuelles sur les salaires effectifs. "Selon notre convention collective de travail, cela ne se discute pas et est laissé à l'appréciation de l'employeur", rappelle le secrétaire général de la Convention patronale horlogère, dans un entretien à l'ats.

François Matile estime que les "conditions faites au personnel de la branche sont unanimement jugées favorables". Le congé maternité est plus long et couvert à 100%, il y a également un congé d'adoption ou de paternité, des ponts AVS, des couvertures maladie, etc.

Dès lors qu'il n'y a pas de négociation annuelle sur les salaires effectifs, les crispations entre partenaires sociaux se cristallisent sur les salaires minimaux à l'embauche. A titre d'exemple, dans le canton de Neuchâtel pour un employé non qualifié, il se monte à 3655 francs par mois, payé 13 fois par an.

"Les syndicats mettent la pression pour tirer tous les salaires minimaux à la hausse. Ce n'est pas notre vision. Nous pensons qu'ils sont un garde-fou, mais si on les monte trop, ce sera un SMIC à la française pour tout le monde, et ce n'est pas ce que l'on souhaite", explique François Matile.

 

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