Recherche

«Le leadership soignant est un attracteur fort»

Face à la pénurie croissante de personnel soignant, Mehdi Merabet, manager de santé à Genève, a réalisé une étude sur les facteurs d’attractivité des techniciens en radiologie médicale.

Expliquez-nous le contexte de votre recherche? 

Mehdi Merabet: Je me suis inspiré du concept des «magnet hospitals» qui vient du Canada et des États-Unis. Ces hôpitaux parviennent à attirer et retenir du personnel soignant. Alors qu’en Suisse nous faisons face à une forte pénurie sur ces métiers. Selon l’Association suisse de techniciens en radiologie médicale (ASTRM), il y aura en 2025 1132 postes vacants en Suisse romande. Et selon le Jobradar, il y aura 15'790 postes vacants en 2025 dans tous les métiers des soins en Suisse. Nous constatons aussi beau- coup de brownout et de burnout dans ces métiers. 

Quels sont les meilleurs leviers pour attirer et fidéliser les techniciens en radiologie?

Les conclusions de ma recherche sur l’attractivité organisationnelle montrent que c’est la dimension du leadership TRM (technicien·ne en radiologie médicale) qui priment. Ce résultat a été confirmé autant par les personnes encore aux études, que par les praticiens sur le terrain. Les autres leviers sont la sécurité et la stabilité de l’emploi; la qualité des soins; la qualité de vie au travail et enfin la responsabilité sociale de l’entreprise.

Comment définissez-vous le leadership TRM? 

C’est un concept englobant la reconnaissance à la fois institutionnelle et interprofessionnelle. Il s’agit d'empowerment, de pouvoir d’agir et de valorisation du rôle TRM et du travail fourni. Il faut distinguer trois composantes. L’autonomie d’abord, soit l’indépendance dans le travail et l’identification professionnelle forte. L’encouragement à la prise d’initiative et l’innovation sont le deuxième élément. Cela implique de valoriser les pratiques soignantes des TRM en favorisant le développement des compétences complémentaires (pour répondre à des besoins spécifiques, par exemple la pratique de l’hypnose médicale). Enfin, la diversité des missions et le développement personnel et professionnel. Ce dernier point concerne les perspectives d’évolution (plan de carrière) au sein d’une institution et l’accès à la formation continue. Cette demande est claire et nette. 

Y a-t-il d’autres leviers d’attractivité? 

Le fait que l’institution de radiologie garantisse que la pratique soignante soit toujours centrée sur le patient, avec la mise en place des conditions propices à une alliance thérapeutique forte entre soignant·e et patient·e, notamment en ayant une dotation en personnel adéquate à la charge de travail. 

Vous montrez enfin que la marque employeur doit être améliorée... 

Ma recherche empirique a joué une fonction de plaidoyer mettant en lumière un métier de la santé méconnu et souffrant de préjugés accablant du type TRM = presse-bouton, reflétant bien ce manque de reconnaissance et impactant la motivation et la satisfaction au travail. Cette profession est dite médico-technique, à cheval entre le métier de soignant·e et celui de technicien·ne. C’est là où le bât blesse, alors que cette spécificité devrait être une force. Les formations bachelor et master dispensées dans les Hautes Écoles de Santé genevoise et vaudoise sont très bonnes et la demande est là, mais il y a encore un travail de revalorisation de l’image TRM à mener à travers des représentations positives, empouvoirées et fortes. 

commenter 0 commentaires HR Cosmos

Marc Benninger est le rédacteur en chef de la version française de HR Today depuis 2006.

Plus d'articles de Marc Benninger

Cela peut vous intéresser