Mettre les conflits sur la table
Vient ensuite la résolution des conflits. Il dit: «Les conflits sont positifs pour l’entreprise. A condition qu’ils soient mis sur la table et que les parties concernées soient capables d’en parler. Nous apprenons beaucoup plus des conflits et des dysfonctionnements que de nos succès. Mais là-aussi, cela exige une ouverture d’esprit et une capacité à cultiver les liens avec les autres membres d’une équipe.»
Le sixième pilier vient renforcer le cinquième. Il s’agit du pouvoir des mots. «L’issue d’une situation inextricable est souvent liée à la manière dont nous dialoguons avec les autres et aux mots que nous choisissons quand nous communiquons. Les mots portent en eux une énergie positive ou négative. Etre capable de s’exprimer clairement avec des mots simples et positifs aura une grande influence sur la réussite de vos projets.»
En septième position vient la négociation. Il explique: «Si vous adoptez cette posture bienveillante et positive, que vous créez du lien et que vous soignez votre langage, vous serez en mesure de régler la plupart des conflits. Pour les situations plus complexes, il faut apprendre à négocier. Négocier, c’est parvenir à trouver un terrain d’entente où une solution nouvelle pourra émerger. Cela implique d’être à l’écoute et d’accepter de faire des concessions.»
Aligner ses paroles avec ses pensées et son coeur
En dernier lieu arrive la capacité à créer des émotions. «Le leader qui est authentique et qui aligne ses paroles avec ses pensées et son cœur, va créer des émotions fortes. Mais attention, ce n’est pas un processus artificiel. C’est pour cela que j’ai titré mon deuxième livre «Dare to Care»2. Le caring (que l’on peut traduire par «être attentif aux autres») est une posture qui implique d’ouvrir son cœur et d’être vraiment attentif aux autres. Sans cette bienveillance, les prises de risques seront inutiles. Il faut oser (Dare en anglais) et avoir une confiance profonde dans l’autre et ses qualités», martèle-t-il, visiblement ému.
Il grandit dans une ferme de l’Ohio
C’est que George Kohlrieser sait lui aussi créer des émotions. Il remplit la pièce avec son sourire et sa présence. Né dans une famille de paysans de l’état de l’Ohio, il grandit entouré de cochons, de moutons et de vaches. «J’ai travaillé dur à la ferme, trop dur sans doute», dit-il aujourd’hui. Cette abnégation au travail lui a coûté son premier mariage. De cette union sont nés trois enfants, dont un fils qui décèdera brutalement à 23 ans, dans un accident. Il évoque cette épreuve dans une conférence Ted sur «la puissance du deuil» à Lausanne (à visionner sur Youtube). Bon élève, aîné d’une fratrie de quatre, il entre d’abord au séminaire, passionné par la philosophe et par la piété de sa mère. Il quitte la voie religieuse après de longs tourments intérieurs et choisit la psychologie clinique, «car je voulais aider les gens en souffrance.» Sur le terrain, il découvre les horreurs de la violence conjugale. Thérapeute de talent, il se fait repérer par le Dayton Police Department, qui engage des jeunes psychologues dégourdis pour accompagner les unités d’intervention lors de prises d’otages. Il en tirera un livre, une carrière et la conviction profonde que même les situations les plus noires recèlent des richesses insoupçonnées.
1 George Kohlrieser: Hostage at the table. How leaders can overcome conflit, influence others, and raise performance. Ed. Jossey-Bass, 2006, 252 pages
2 George Kohlrieser: Care to Dare. Unleashing astonishing potential through secure base leadership. Ed. Jossey-Bass, 2012
Bio express
- 1944 Naissance dans une ferme de l’Ohio
- 1968 Dirige le Shiloah Center for Human Growth (Ohio), spécialisé dans les thérapies individuelles et de groupe.
- 1979 Anime un talk-show à la radio, Matters of the Mind
- 1998 Professeur à IMD Lausanne
- 2006 Publie «Hostage at the Table»