Bio express
1981 : Naissance à Nîmes
2005 : IESEG School of Management Lille
2011 : Fonde Gates Solutions
2016 : Co-organisateur de #tru-Geneva
2019 : Second au SourceCon GrandMaster
Guillaume Alexandre est un champion du sourcing de candidats. Passionné de technologie et de contact humain, il représente une nouvelle génération de RH qui veulent «disrupter» la profession.
Photos: Oliver Vogelsang/disvoir.net pour HR Today
Il rentre de #TruParis et repart bientôt pour Amsterdam, où il donnera la conférence de clôture du SourceCon Europe (le rendez-vous incontournable des talents sourceurs). Il y a un mois, il était à Seattle, où il a terminé second au SourceCon Grand Master 2019. A 37 ans, il a déjà un sacré pedigree. Voici Guillaume Alexandre. Débit rapide et sourire franc. Un des meilleurs sourceurs du monde. Il éclaire: «Le sourceur identifie des profils et les contacte pour qu’ils deviennent candidats à un poste. Le recruteur les transforme ensuite en employés». En 2011, Guillaume Alexandre a fondé Gates Solutions à Versoix (canton de Genève), une société de conseils qui aide les grandes organisations à déployer leur stratégie de sourcing. Actuellement, il travaille la moitié de la semaine chez Philip Morris International à Lausanne.
Le métier de sourceur est encore jeune. Il est né il y a une dizaine d’années avec l’essor des réseaux sociaux. Guillaume Alexandre: «Le sourceur a deux cerveaux. Le premier est passionné de data. Le deuxième de marketing et de neurosciences. Cela ne sert à rien de trouver les bons profils si vous ne parvenez pas à les convaincre de venir à l’entretien.» Son ami David Sankar, sourceur au site d’emploi Indeed en Irlande, détaille: «Guillaume, c’est les deux super pouvoirs du sourceur pleinement développés, utilisés, exprimés et partagés avec bienveillance. 1. Savoir trouver n’importe quel profil de compétence dans la masse absurde de données disponible. 2. Savoir convaincre n’importe quelle personne de venir prendre un café avec le recruteur qui le missionne.»
Le sourceur est donc d’abord un champion du data. Aujourd’hui, LinkedIn recense 612 millions de profils dans le monde. La Suisse en compte 2,2 millions. En 2017, l’Office fédéral de la statistique estimait que le pays comptait 5 millions de personnes actives. Le taux de pénétration moyen de LinkedIn en Suisse est donc d’environ 50%, dans certains secteurs il grimpe à 90%. Guillaume Alexandre: «C’est plus facile de trouver un Chief Financial Officer qu’un polisseur d’aiguille qui n’est pas sur les réseaux. Plus votre empreinte digitale est grande, plus ce sera facile de vous trouver.» Il mène ses recherches également sur Facebook (2,3 milliards de profils dans le monde), GitHub (réseau d’ingénieurs IT – 30 millions de profils) et sur le réseau Meetup par exemple. «La donnée c’est du pouvoir, assure-t-il. C’est pour cette raison que je travaille en direct avec les entreprises. C’est une question de confiance. Je suis tombé un jour sur le numéro de mobile d’Emmanuel Macron. Ce sont des informations très sensibles qu’il faut savoir manier avec intégrité...»
Lui a appris l’intégrité sur le tas. Passionné de technologie, il adore la difficulté et est capable d’enchaîner les nuits blanches pour trouver la solution à une énigme (il a testé plus de 5000 URL pour accéder à la finale du dernier SourceCon). Sur son bureau, trois écrans sont allumés en permanence. Côté outils, il conseille d’avoir un compte LinkedIn recruteur payant (840.par mois, tarif entreprise). Il dispose aussi d’une centaine d’extensions à son moteur de recherche Chrome. Ces outils lui permettent d’extraire des données, d’envoyer des messages personnalisés ou de simuler des visites sur des profils LinkedIn. La maîtrise de toute cette technologie est un vrai métier. Dans une interview accordée au site allemand www.competitiverecruiting.de, Guillaume Alexandre explique: «Tout est disponible en ligne. Il suffit de travailler, de repousser ses limites et d’apprendre de vos pairs.»
Mais la data ne suffit pas. «Plus de 85% des personnes actives seraient prêtes à relever un nouveau défi si on arrivait à les séduire. Mon rôle est de convaincre ces personnes de rencontrer le recruteur. Je m’intéresse aux neurosciences, au marketing et aux stratégies de séduction.» Quand il parle de ce sujet en public, il recourt volontiers à la métaphore de la drague. «Quand vous entrez dans un bar, vos chances de séduire une fille seront beaucoup plus grandes si vous êtes bien habillé, bien chaussé et avec une phrase d’approche impeccable», sourit-il. Sur LinkedIn, il dispose d’un réseau de 15 000 contacts, un chiffre bas pour un sourceur? «Ce n’est pas le nombre qui compte. Plutôt le taux d’engagement. Ce qui m’intéresse, c’est d’interagir avec mon réseau.»
Aujourd’hui, toutes les grandes sociétés ont compris l’importance du sourcing. Le géant du tech américain Google reçoit 3,2 millions d’offres d’emploi par année (pour 6000 postes à repourvoir). Google emploie une armée de 150 sourceurs pour trier ces profils. Les meilleures équipes de sourcing sont chez Facebook, Tesla, Microsoft, Apple, Amazon et Booking.com. En Suisse, les pionniers sont le groupe Richemont, Swissquote et le CERN. Lui travaille actuellement chez Philip Morris International où il implémente une stratégie adaptée à la multinationale. Il détaille: «Nous mettons en place un modèle agile, qui permet de réaligner les recherches en permanence avec les besoins. Dans un environnement complexe comme celui de Philip Morris, tout bouge en permanence. Le recrutement est un puzzle gigantesque. Cette agilité est donc indispensable.»
Son discours sur le recrutement traditionnel est critique. Guillaume Alexandre cite souvent la formule de l’Américain Josh Bersin: «La guerre des talents est terminée, les talents ont gagné!» Comprendre: nous vivons un changement de paradigme. Il s’enflamme: «L’époque du «post and pray» est révolue. Une entreprise ne peut plus se permettre d’attendre que les talents viennent à elle. Nous sommes tous égaux désormais! Le recrutement devrait être la priorité numéro un de tout manager. Chez Facebook, pour des profils importants, c’est Mark Zuckerberg qui s’implique dans le recrutement. Aujourd’hui, l’entreprise doit clarifier sa raison d’être, son «Why»! Nous sommes entrés dans l’ère de l’employer branding et du marketing. Les messages doivent être authentiques et portés par la direction.» Guillaume Alexandre a donné une conférence stimulante sur ce sujet au Disrupt RH de Lausanne en octobre 2018 (à visionner sur YouTube).
Son regard sur les RH est tout aussi critique. Il dit: «Les RH s’occupent très bien de la famille en interne, mais dès qu’il faut sortir, c’est une autre affaire.» Ce message, il le diffuse notamment via les conférences #truGeneva, qui rencontrent un succès grandissant. «Cela fonctionne car le blabla y est proscrit. Les gens viennent pour échanger et pour se confier.» Autour de lui gravite une équipe de jeunes entrepreneurs/RH qui veulent changer les mentalités, Michel Guye Bergeret, Nicolas Revol, Laetitia Kulak et Elsa Berthault notamment.
Né en 1981 à Nîmes, Guillaume Alexandre a grandi dans la région de Cognac. Ne sachant pas dans quelle direction s’engager, il opte pour une école de commerce, l’IESEG à Lille, «car cela m’ouvrait plein de portes.» Après ses études, il s’intéresse à la chasse de tête, car «j’avais envie de discuter avec les gens». Pour son premier mandat, il doit recruter la DRH du International Herald Tribune à Paris. Il a 22 ans et réussit facilement à avoir les DRH du Monde, de Libération et du Figaro au bout du fil. Avide d’apprendre le métier, il s’expatrie à Londres «pour apprendre à nager avec les requins». Il entre chez K2 Partnering Solutions et se démarque rapidement de ses collègues. Les patrons l’envoient à Genève pour ouvrir la filiale suisse. Il atterrit au bord du Léman en 2006, avec son épouse, et compte s’y installer pour de bon. Très vite, il est confronté à une grosse pénurie d’ingénieurs IT. «Tout le monde s’arrachait les mêmes profils, la concurrence entre les cabinets de recrutement était féroce.» Il s’intéresse alors aux techniques de sourcing et ouvre son propre cabinet en 2011. Il pense d’abord à une société de recrutement classique et engage une douzaine de conseillers. Il réalise rapidement que son cœur bat pour le sourcing, et non pour le management. En 2015, il change de stratégie et choisit de poursuivre seul. Avec ses trois écrans et son goût de l’énigme, il devient vice-champion du monde.
1981 : Naissance à Nîmes
2005 : IESEG School of Management Lille
2011 : Fonde Gates Solutions
2016 : Co-organisateur de #tru-Geneva
2019 : Second au SourceCon GrandMaster