Egalité

Les écarts salariaux entre femmes et hommes continuent de se réduire

Les inégalités salariales entre femmes et hommes continuent de se réduire progressivement dans le secteur privé. De 23,6% en moyenne en 2010, elles sont passées à 19,5% en 2014. Parmi ces différences de rémunération, 39,1% restent inexpliquées.

(ats) Cet écart s'explique en partie par des facteurs structurels tels que des différences dans le niveau de formation, le nombre d'années de service ou la fonction de cadre exercée dans l'entreprise, a indiqué l'Office fédéral de la statistique (OFS), à la veille de la Journée internationale des femmes. La différence est d'autant plus grande que la fonction de cadre est élevée.

Les écarts de rémunération varient aussi fortement d'une branche économique à l'autre. Ils atteignent par exemple 33,2% dans les activités financières et d'assurance, 23,9% dans l'industrie des machines, 18,6% dans le commerce de détail et 9,3%, dans l'hôtellerie-restauration.

Dans l'ensemble du secteur public (Confédération, cantons et communes), l'écart salarial entre femmes et hommes se montait en moyenne à 16,6% en 2014 (2012: 16,5%).

Part inexpliquée stable

La part inexpliquée des différences salariales entre femmes et hommes observées dans le secteur privé se montait à 39,1% en 2014, alors qu'elle atteignait 40,9% en 2012 et 37,6% en 2010. Elle est donc restée relativement stable ces quatre dernières années, relève l'OFS.

Cette part inexpliquée représentait 585 francs par mois en moyenne en 2014, contre 678 francs en 2012. Elle varie considérablement en fonction de la branche économique.

Dans l'hôtellerie-restauration par exemple, cette part correspondait à 295 francs par mois en moyenne (65,2%). Elle se montait à 633 francs par mois (56,9%) dans le commerce de détail, à 883 francs par mois (47,2%) dans l'industrie des machines et à 1133 francs par mois (27,2%) dans les activités financières et d'assurance.

Dans le secteur public (Confédération, cantons et communes), la part inexpliquée est plus élevée que dans le privé: elle représentait 41,7%, soit 608 francs par mois.

Surtout dans les petites entreprises

C'est dans les petites entreprises que la part inexpliquée des différences de salaire est la plus marquée. Elle est de 55,9% en moyenne dans les entreprises de moins de 20 emplois, contre 29,8% dans celles comptant au moins 1000 emplois.

La part inexpliquée tend à être moins marquée à mesure que l'on monte dans la hiérarchie. Elle représente 44,6% de l'écart salarial chez les cadres supérieurs, contre 60,2% dans les emplois sans fonction de cadre (32,2% chez les cadres moyens).

Plus les personnes salariées avancent en âge, plus la part inexpliquée de l'écart salarial entre femmes et hommes se réduit: elle atteint 36,8% chez les personnes de 50 ans et plus, alors qu'elle se monte à 38,4% dans le groupe des 30 à 49 ans et à 52,2% chez les moins de 30 ans.

Plus d'hommes dans les hauts salaires

Les femmes continuent à être surreprésentées dans les classes de salaires inférieures. En 2014, la majorité des postes du secteur privé pour lesquels le salaire brut à plein temps était inférieur à 4000 francs par mois étaient occupés par des femmes (64,1% contre 65,2% en 2010).

Dans le segment supérieur de la pyramide des salaires, qui correspond aux postes rémunérés à plus de 8000 francs brut par mois, 73,3% des postes étaient occupés par des hommes et 26,7% par des femmes. La part des femmes parmi les personnes occupant un poste rémunéré à plus de 16'000 francs brut par mois n'était que de 15,2% (14,3% en 2010), celle des hommes atteignant 84,8%.

Les syndicats dénoncent une discrimination salariale inacceptable

Les organisations syndicales ont vivement réagi à ces chiffres sur les inégalités salariales. Si Travail.Suisse et l'Union syndicale suisse (USS) saluent les progrès accomplis, elles dénoncent surtout la "pure discrimination" que représente la part inexplicable des écarts de salaire.

Travail.Suisse souligne que cette part inexpliquée se chiffre à 8 milliards par année. "A la veille de la Journée internationale des femmes, le constat est toujours aussi scandaleux", dénonce l'organisation. A long terme, les femmes discriminées toute leur vie seront à nouveau pénalisées au moment de leur retraite.

Travail.Suisse brosse le portrait de la personne qui subit la discrimination salariale la plus crasse en Suisse: "Professionnelle de moins de 30 ans, sans fonction de cadre, travaillant dans un petit restaurant de moins de 20 employés". Dans ce cas de figure, entre 52 et 65% de la différence salariale ne sont pas explicables objectivement.

La faîtière regrette notamment que la discrimination des femmes soit la plus marquée dans les petites entreprises de moins de 20 personnes. Car ces PME représentent 95% des entreprises et occupent 36% des employés en Suisse, rappelle le communiqué.

Les deux faîtières pointent aussi du doigt le secteur public, qui affiche un "score" supérieur à la moyenne nationale: 41,7% des différences salariales sont inexpliquées alors que la moyenne suisse est de 39,1%. Dans ce secteur, l'écart de rémunération en général n'évolue pas (16,6%) quand bien même il est inférieur à celui mesuré dans le secteur privé (19,5%).

L'USS qualifie de "décourageante" l'évolution constatée dans le secteur public, où la part inexpliquée est passée de 38,8% à 41,7%. Les employeurs du secteur public doivent aller de l'avant et mettre en oeuvre sans tergiverser la Charte sur l'égalité qu'ils ont signée en septembre, exige l'USS. La Confédération et 25 cantons et communes de Suisse ont apposé leur paraphe.

Et surtout, le Parlement et le Conseil fédéral doivent durcir la loi sur l'égalité de manière à ce qu'elle agisse efficacement contre les discriminations salariales, réclame encore l'Union syndicale suisse.

L'USS exige concrètement que les entreprises contrôlent régulièrement leurs salaires et l'implication des syndicats dans ces contrôles. Elle demande aussi la création d'une autorité qui mène ces contrôles pour dénicher les moutons noirs ainsi que des sanctions pour amener ceux-ci à prendre leurs responsabilités.

 

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Texte: ATS

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