Interview

«Les entreprises doivent veiller à ce que le travail ne rende pas malade»

Fondatrice de Happy At Work à Genève, Annika Månsson poursuit ses efforts pour augmenter le bien-être des individus en organisation. Elle répond aussi aux critiques qui estiment que ce n’est pas le rôle de l’entreprise de s’occuper du bonheur des employés.

Vous organisez un événement RH sur l’engagement des collaborateurs le 30 novembre à Genève. Motiver les collaborateurs à venir travailler est-ce devenu la nouvelle préoccupation des dirigeants·es?

Annika Månsson: Pas forcément nouvelle, mais une préoccupation de plus en plus forte et importante. Depuis le Covid, le défi est de maintenir les gens engagés afin qu’ils contribuent le plus possible à la création de valeur. Lors de cet événement, nous ferons le lien entre l’engagement, la performance et la durabilité. Nous allons également parler de la confiance, de la sécurité psychologique et de la santé mentale. Tous ces sujets sont liés.

Quel diagnostic faites-vous de cette difficulté qu’ont les entreprises à rester attractives dans le monde post-Covid?

Le mal-être et le stress augmentent en Suisse et partout ailleurs dans le monde. Cette anxiété est liée au Covid mais aussi à toutes les crises géopolitiques. L’anxiété augmente, l’engagement diminue et les entreprises ne savent pas comment réagir. Comment faire revenir les gens au bureau? Comment garder les personnes loyales? Hier, je lisais une étude qui annonce que 50% des collaborateurs sont en recherche active de nouvelles opportunités. Retenir les talents devient de plus en plus compliqué pour les entreprises. Et si vous ne vous préoccupez pas de ces questions aujourd’hui, la facture risque d’être lourde demain. La bonne nouvelle c’est que de plus en plus de dirigeants·es C-Level s’en rendent compte et sont donc sensibles à ces questions. Parler d’émotions au travail et de l’importance des relations au travail n’est plus tabou.

Vous dirigez Happy At Work depuis 15 ans, est-ce vraiment le rôle des entreprises de s’occuper du bonheur des travailleurs?

Cette question nous est souvent posée. Notre postulat est très clair. Est-ce que le travail est censé nous rendre heureux? Est-ce le rôle des entreprises de nous rendre heureux? Nous pensons qu’à minima, les entreprises doivent veiller à ce que le travail ne rende pas malade. En 15 ans, j’ai accompagné plus de 1000 personnes en burnout. Le minimum qu’on puisse attendre d’une entreprise est qu’elle ne rende pas les gens malades. Quand nous parlons de bonheur au travail, nous faisons référence aux émotions positives. Cette question est très subjective, car la perception de chacun est différente. Mais grosso modo, plus vous ressentirez d' émotions positives au travail, plus vous serez engagé et plus vous allez contribuer aux succès de l’entreprise. C’est donc clairement du win-win: viser le bonheur au travail profitera aux individus et aux entreprises. Le bien-être au travail est d’ailleurs une coresponsabilité, c’est autant aux individus et qu’aux entreprises d’y travailler.

Événement: L’engagement des collaborateurs, le défi central des entreprises pour rester innovantes et performantes

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Marc Benninger est le rédacteur en chef de la version française de HR Today depuis 2006.

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