«Les entreprises jouent un rôle essentiel dans la pérennisation du système de milice»
Christian Wyssmüller, président de la SSST (Société suisse de sécurité au travail) explique ici les enjeux derrière la récente déclaration publique: «Nous soutenons le système de milice suisse.»
Photo: Austin Kehmeier / Unsplash
En mars dernier, Suissepro et la SSST ont publié une déclaration publique pour soutenir le système de milice en Suisse. Qu’espérez-vous atteindre avec cette déclaration?
Christian Wyssmüller: Le système de milice fait partie de l’ADN de la Suisse et façonne notre vivre ensemble. Il favorise le partage de connaissances entre vies professionnelle et associative. Grâce à leur engagement en tant que miliciens, les membres de notre association contribuent à la diffusion d’une véritable culture de la prévention dans les entreprises et auprès de la population. Nous voulons sensibiliser les entreprises à cette question et les inciter à soutenir les collaboratrices et collaborateurs qui assument un mandat d’intérêt public.
Depuis quelques années, les personnes qui acceptent de s’engager à côté de leur travail au service de la collectivité semblent de plus en plus difficiles à trouver. Ne sont-elles pas assez soutenues par leurs employeurs?
Aujourd’hui, il y a péril en la demeure! Les Suisses semblent de moins en moins disposés à empiéter sur leurs loisirs pour prendre part à des activités bénévoles ou associatives. De notre côté, nous faisons le même constat lorsqu’il s’agit de trouver des membres pour intégrer nos différents comités de milice. Parmi les raisons invoquées par ces personnes: le manque de soutien de leur employeur et la nécessité de devoir assumer ces tâches sur leur temps libre ou même leurs vacances. La fragilisation du système de milice, un maillon indispensable de la chaîne de prévention des accidents, constitue un risque pour la vie associative et va à l’encontre des efforts menés pour contenir les coûts de la santé.
Qu’attendez-vous concrètement de la part des employeurs du pays?
La signature de cette déclaration se fait sur une base volontaire et nous laissons bien entendu la liberté aux entreprises de choisir les mesures qui leur conviendront. Grâce à leur soutien public en faveur du système de milice et la mise place de conditions favorables à l’engagement citoyen, de nouvelles vocations de milicien devraient voir le jour, permettant progressivement d’inverser la tendance constatée. Les spécialistes-miliciens engagés constituent un atout pour les entreprises, petites et grandes, qui ont tout intérêt à soutenir ce système en termes d’image, de responsabilité sociale, de visibilité, de compétences et de bien-être de leurs collaborateurs. Les entreprises jouent donc un rôle essentiel dans la pérennisation du système de milice, l’une des pierres angulaires de la démocratie participative suisse.
La liste des signataires de votre déclaration est impressionnante! Associations patronales, syndicats, grandes entreprises publiques. Combien de salariés sont représentés par ces signataires et comment expliquez-vous ce soutien massif et institutionnel?
Ce chiffre est très encourageant et nous sommes particulièrement heureux d’avoir obtenu le soutien d’organisations qui jouent un rôle prépondérant dans le domaine de la sécurité et de la protection de la santé. Les 25 signataires qui figurent sur la déclaration représentent un peu moins de 4 millions de travailleurs, issus du public et du privé. Cela démontre bien qu’une majorité de dirigeants ont conscience que nous sommes plus forts ensemble et que tout le monde a y gagner.
Au lieu du système de milice, vous auriez pu imaginer de professionnaliser ces fonctions. Pourquoi n’avoir pas choisi cette voie?
Au sein de la SSST, nous avons choisi de professionnaliser certaines fonctions, comme les finances, le juridique ou la communication. D’autres tâches, en revanche, exigent des connaissances métiers pointues, comme la vérification de formations dans les domaines de la sécurité et de la protection de la santé, des prises de positions sur des directives, de projets de lois, doivent être confiées à des spécialistes métiers. Ce savoir-faire, issu du terrain et prêt à être transmis, constitue précisément l’une des richesses de notre système de milice que beaucoup de pays nous envient et qui participe à la paix sociale.
Votre message s’adresse aussi directement aux responsables RH. Qu’attendez-vous d’eux concrètement?
Tout d’abord une prise de conscience de l’importance du système de milice. Les signataires de cette déclaration ont dû démontrer que leur politique du personnel était bien en accord avec la défense du système de milice et encouragent réellement les collaborateurs·trices qui souhaitent s’engager pour la collectivité. Les responsables RH peuvent nous aider à faire passer le message auprès de leur direction.
Les points clés de la déclaration
Les organisations et entreprises signataires souhaitent préserver le système de milice en Suisse et en faire activement la promotion avec la présente déclaration d’intention.
Les entreprises signataires soutiennent les collaboratrices et collaborateurs qui assument un mandat associatif d’intérêt public et qui s’engagent en faveur de la protection de la santé, la sécurité au travail et de la prévention.
Pour ce faire, les entreprises promeuvent des conditions et des modèles de travail flexibles permettant aux collaboratrices et collaborateurs spécialisés de s’engager
Lien vers la déclaration publique: ssst.ch/fr/milice