Travail temporaire

«Les missions de très courte durée vont augmenter»

Comment évoluent les demandes des entreprises en termes de travailleurs temporaires? Fabrizio Turdo, directeur associé chez STAFF FINDER à Zurich, donne son avis sur l’avenir du secteur intérimaire, parle de l’évolution des marges et détaille les spécificités du secteur hôtellerie/gastronomie.

Le marché suisse de l'emploi est assez calme. Selon les perspectives de Manpower publiées en juin 2013, 6% des employeurs comptent augmenter leurs effectifs au 3e trimestre. Quels sont les effets de cette stabilité sur le secteur de l'intérim?

Effectivement, le marché de l’emploi est très peu volatile. A mon avis, cela reflète une tendance de fond dans la manière qu’ont les employeurs de planifier leurs forces de travail. Les entreprises s’appuient toujours plus sur un noyau dur, formé d’équipes très compétentes, les «Key Players», autour desquelles elles engagent des travailleurs intérim pendant les pics de travail. Cela permet aussi aux entreprises de tester du personnel avant de l’engager en fixe. On passe donc d’un recrutement basé sur les compétences à un recrutement basé sur l’expérience. Plusieurs études montrent cette évolution.

Le recours aux travailleurs intérimaires permet de répondre à deux défis. Le premier est de réagir rapidement à une situation d'urgence avec des missions courtes. Le second est de jouer sur la masse salariale en gardant de la flexibilité dans ses effectifs, avec des missions beaucoup plus longues. Comment évoluent ces deux options?

Les deux modèles vont coexister à l’avenir. Nous estimons par contre que les missions de très courte durée vont augmenter. D’où notre positionnement dans les segments de la gastronomie, de l’hôtellerie et du commerce de détail. Nous essayons de leur trouver du personnel dans des délais très brefs. Nous avons par exemple recruté 85 personnes en trois heures pour un concert de Madonna.

Dans les secteurs de la gastronomie et de l'hôtellerie, les employeurs sont souvent des très petites structures, peu formalisées. Comment faites-vous pour limiter les coûts administratifs élevés liés à cette multitude de petites missions dans un secteur régi par plusieurs CCT?

Oui, vous avez raison et vous touchez là à notre valeur ajoutée. Toute l’administration du personnel a été standardisée. Nous avons créé une plate-forme de planification à laquelle chaque employeur-client peut accéder directement. Les frais administratifs sont fixes peu importe la durée de la mission. Nous servons en quelque sorte d’intermédiaire entre les employeurs et les employés. Le prix du mandat est fixé directement par les deux parties. Tout le reste se fait automatiquement. Nous avons ici une équipe de 20 personnes qui suivent le processus.

Vous assurez trouver du personnel dans les 12 heures, mais dans la restauration c'est souvent dans l'heure que le cuisinier malade doit être remplacé. Comment faites-vous pour gérer cette réactivité?

Nous faisons de notre mieux ! (sourire) En ce qui concerne la demande dans les 12 heures, notre expérience montre que nous sommes capables d’y répondre dans 99% des cas. Notre base de données contient aujourd’hui 20'000 chercheurs d’emplois. Et nous avons 35’000 «amis» sur notre page Facebook.

Comment vivez-vous l'application de la nouvelle CCT du secteur intérim?

La nouvelle CCT du secteur intérim est une très bonne chose. Les salaires sont désormais dictés et cela évite de la sous-enchère salariale. Le fonds dédié à la formation est également très apprécié. Depuis 2012, notre société est membre de swissstaffing, l’organisation faîtière des services de location de travailleurs temporaires. Nous sommes ravis de cette situation.

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Marc Benninger est le rédacteur en chef de la version française de HR Today depuis 2006.

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