«Les pratiques de travail flexibles sont perçues comme moins accessibles dans le secteur public»
Karine Renard a réalisé une thèse à l'IDHEAP (Institut de Hautes Etudes en Administration Publique) sur l'effet sur le bien-être des pratiques du travail flexible dans les secteurs privés, parapublics et publics.
Photo: Ken Tomita / Pexels
Assiste-t-on aujourd'hui à un changement de paradigme sur ce rapport à l'entreprise depuis la pandémie?
Karine Renard: Je ne saurais dire s'il y a un changement de paradigme. Mais je pense que la pandémie a provoqué une rupture dans nos manières de travailler. Une enquête a démontré qu'avant la pandémie, deux tiers des employés du secteur public n'avait jamais pratiqué le télétravail. Cela a clairement changé depuis la pandémie. On remarque que le secteur privé avait déjà mis en place ces pratiques de travail flexible auparavant, et que selon une enquête en 2021, l'utilisation de pratiques flexibles était plus présente dans les organisations privées, parapubliques que publiques. Post-pandémie, différentes organisations publiques suisses mettent en place la possibilité de télétravailler. Je pense que le changement vient surtout des employés, qui ont pu goûter au télétravail et souhaitent majoritairement, garder cette pratique, d'une manière ou d'une autre, dans les organisations.
Quelles sont ces pratiques de travail flexible que vous avez identifiées, et quels effets ont-elles sur le bien-être et la santé des employés·es?
La perception d'avoir accès, de la part des employés, à la flexibilité en termes de lieu, de temps, et l'accessibilité à ses collègues et supérieurs grâce aux TICs (technologies de l’information et de la communication). Les études montrent l'importance de différencier les politiques mises en place, les processus RH et la perception des acteurs d'avoir accès à ces pratiques ou non. Ma thèse porte sur la dernière perspective. Ma thèse démontre que la perception d'avoir accès à ces pratiques de travail flexible sont favorables, globalement, pour le bien-être des employés de tous les secteurs. Elles ont un effet positif sur l'engagement, la satisfaction au travail et tendent à diminuer le stress et la fatigue des employés. De plus, elles favorisent une meilleure conciliation vie professionnelle-vie privée pour les employés.
Quelles sont les différences entre le privé, le parapublic et le public?
Au niveau du bien-être, on obtient que les employés du secteur public sont significativement moins engagés dans leur travail comparativement aux deux autres secteurs. On ne peut pas généraliser ce résultat, car il dépend de mon échantillon, mais reste une information intéressante. Et pour les pratiques flexibles, celles-ci sont perçues comme moins accessibles dans le secteur public, comparativement aux deux autres secteurs. Les résultats du secteur parapublic sont comparables au secteur privé. Le secteur public se distingue encore par sa différence. Une piste pour augmenter l'engagement des employés du secteur public pourrait être la mise en place des pratiques de travail flexible.