Les réseaux personnels peuvent valoir des primes
Faut-il voir en tout collaborateur un recruteur potentiel? A la suite d’autres entreprises comme le Crédit Suisse ou la Winterthur Assurances, l’UBS vient de se mettre au système de primes pour les collaborateurs qui permettent de pourvoir un poste vacant. Utiliser les réseaux des collaborateurs peut faire économiser beaucoup.
Depuis le début de l’année, l’UBS propose à ses collaborateurs une nouvelle prime: elle récompense ceux qui présentent un candidat pour un poste à pourvoir. Lequel candidat devra bien sûr encore être engagé pour que la prime soit effectivement versée. On parle d’une prime de 3000 fr. qui peut augmenter en fonction du niveau du poste à pourvoir. Le chiffre est confirmé par Rebeca Garcia, des relations médias de l’UBS, qui précise pourtant que ces primes ne sont pas encore parfaitement déterminées.
La banque ne désire pas s’étendre sur le sujet pour l’instant. Elle en est au tour de chauffe de cette nouvelle forme de recrutement: «UBS a mis en place en Suisse début janvier 2006 un programme pour récompenser les collaborateurs ayant recommandé des candidats qui ont finalement été engagés», explique tout de même Rebeca Garcia, «mais nous ne pouvons pas encore juger des effets de cette mesure, l’expérience est trop nouvelle.»
Mon réseau, notre réseau Rebeca Garcia commente encore les raisons de l’introduction de cette prime: «UBS reconnaît la valeur des recommandations de collaborateurs et encourage ce processus afin de recruter les meilleurs éléments.» L’UBS, à ce stade, ne parle pas de raisons économiques. Mais elles sont évidentes: les réductions des frais de recrutement sont importantes lorsqu’un candidat est présenté par un collaborateur.
Les raisons de l’UBS laissent aussi percevoir que, dans une époque où l’on n’a jamais autant parlé de réseaux, jusqu’à faire du réseautage une activité sociale à part entière, les réseaux des collaborateurs ont toute leur valeur pour attirer dans l’entreprise, «les meilleurs éléments», dont parle l’UBS.
Au Crédit Suisse, on pratique depuis plusi-eurs années déjà ce système de primes. Pascal Barraudy, responsable du recrutement pour la Suisse romande, met clairement cet élément en avant: «Ça nous permet d’avoir un excellent réseau, une capillarité dans le marché du travail. Nous pouvons profiter des réseaux de chacun de nos collaborateurs. Ils trouvent sur Intranet les postes vacants, ils en parlent autour d’eux.»
Pascal Barraudy vient de la Winterthur et explique que l’assurance pratique ce système de prime depuis au moins dix ans. Aujourd’hui, le réseau réuni de la Winterthur et du Crédit Suisse en Suisse romande, ce sont 3000 personnes ou 3000 recruteurs potentiels.
Réduction de coût importante Au Crédit Suisse, explique Pascal Barraudy, «en règle générale, la présentation d’un nouveau collaborateur est récompensée par une prime de 2000 fr. Dans certains cas cependant – présentation de spécialistes qualifiés ou de cadres expérimentés – le montant de cette prime peut être supérieur.» Il précise que le système de prime du Crédit Suisse comporte certaines restrictions: «Ce système n’est pas applicable aux collaborateurs des RH, aux membres du senior management ou aux futurs chefs de ligne du collaborateur potentiel. Il n’est pas pratiqué non plus pour l’engagement de Young Talents ou pour un membre de la famille du collaborateur concerné.»
Economiquement, le gain est assuré lorsqu’un collaborateur permet de pourvoir un poste vacant. Les 2000 à 3000 fr. de prime mentionnés par les deux grandes banques ne sont bien sûr rien à côté des tarifs d’une agence de placement (jusqu’à 20% du salaire annuel) ou de chasseurs de tête. Selon les chiffres récemment publiés par «PME magazine» dans une enquête sur les chasseurs de tête, «en principe, les cabinets de recrutement demandent le tiers (pour le top management) ou le quart (middle management) du salaire annuel». Les primes versées sont même plus avantageuses qu’une campagne d’annonces dans la presse pour le recrutement de nouveaux collaborateurs.
Le responsable du recrutement romand du Crédit Suisse ne cache pas que la banque est très satisfaite de l’efficacité du procédé: «Nous pouvons recruter de façon simple et rapide de très bons collaborateurs. Les résultats sont intéressants et permettent effectivement de réduire les coûts de procédure d’engagement.»
Win-win sur toute la ligne Le candidat présenté est pris en charge par les ressources humaines et, s’il est engagé, le collaborateur touche sa prime. Aux yeux de Pascal Barraudy, c’est un vrai win-win: l’entreprise réduit ses coûts et «la prime rend les gens très contents.» Quand on lui demande s’il ne voit pas de défaut à ce système de recrutement, Pascal Barraudy répond simplement que non: «Personnellement, je suis extrêmement favorable à cette prime. Chez nous, ça se passe bien. Depuis huit ans que je la pratique – d’abord à la Winterthur – je n’ai jamais eu de grand problème.» Il reconnaît bien qu’«évidemment en cas de gros problèmes avec le nouvel arrivé, ce pourrait être gênant pour celui qui a présenté le candidat».