Les restructurations se multiplient en Suisse alémanique
L'industrie alémanique traverse une phase de turbulences, les annonces de restructurations s'étant multipliées ces dernières semaines. Mardi, pas moins de 500 emplois chez Edwards Lifesciences, à Horw (LU), et chez Rockwell Automation, à Aarau, sont venus s'ajouter aux 1500 suppressions de postes déjà annoncées.
L'économie suisse se trouve dans une phase d'ajustement structurel, explique le SECO. Photo: 123RF
(ats) Le spécialiste américain du matériel médical cardio-vasculaire Edwards Lifesciences fermera par étapes d'ici à fin juin 2018 son usine d'Horw, laquelle emploie 250 personnes. Située dans une ancienne école, elle n'est plus adaptée aux besoins de la production d'un important site de technologie médicale de pointe, a expliqué le groupe d'Irvine, en Californie.
Le site d'Horw traite uniquement de certaines tâches de production précises et non de l'assemblage complet des valves cardiaques. Edwards, qui emploie dans le monde près de 12'000 salariés, entend rassembler tous les processus de fabrication à Singapour et aux Etats-Unis.
A Aarau, Rockwell Automation, qui occupe quelque 500 collaborateurs en Suisse, prévoit de supprimer d'ici à 2020 près de 250 emplois. Le spécialiste de l'automation industrielle sis à Milwaukee, dans l'Etat américain du Wisconsin, explique que la mesure s'inscrit dans l'adaptation de sa stratégie de production.
Transferts d'activités
Selon Rockwell Automation, l'activité de production du site d'Aarau doit être en partie transférée vers d'autres usines du groupe. Ce dernier juge pour l'heure prématuré de révéler l'ampleur de la restructuration et ne souhaite pas en dire plus, le projet se trouvant en phase initiale.
Selon Employés Suisse, 250 emplois seront supprimés dans le chef-lieu argovien, les premiers licenciements étant attendus dès le milieu de l'an prochain. La vague principale interviendra courant 2019, la restructuration devant s'achever en 2020.
Employés Suisse indique qu'une partie des emplois des activités de production d'Aarau seront transférés en Pologne et en Chine. Rockwell Automation est présent dans 80 pays dans le monde et emploie au total 22'000 salariés.
Ailleurs, Ruag a confirmé début septembre le licenciement de 39 salariés sur ses sites de Thoune, Berne et Zurich. Douze emplois seront supprimés dans le secteur Cyber Security Suisse et 18 dans l'unité Land Systems. Enfin, neuf employés ayant des fonctions de support devront quitter le groupe bernois, propriété de la Confédération et actif dans la défense et l'aéronautique.
Nestlé restructure aussi
Quelques jours auparavant, Nestlé a créé la surprise, sa filiale Nestlé Skin Health, active dans les soins de la peau, annonçant la fermeture de l'usine Galderma d'Egerkingen (SO). La mesure, qui entraîne la suppression de 190 emplois, est elle aussi associée à un transfert de production à l'étranger, probablement à Alby-sur-Chéran, en Haute-Savoie, ainsi qu'au Québec.
Le site soleurois, une ancienne usine du groupe Spirig repris en 2012 par Galderma, compte 268 employés. Son abandon implique la création de deux nouveaux sites, dont un à Zurich, l'autre devant être implanté dans le canton de Vaud.
Fin juillet, le groupe industriel lucernois CPH Chemie+Papier Holding, acquéreur de Papierfabrik Utzenstorf, à Utzenstorf (BE), la principale usine de Suisse de traitement du papier recyclé annonce la suppression de 200 emplois sur le site emmentalois. Seuls 20 postes y seront conservés.
Si la Suisse romande a pour l'heure en grande partie échappé à cette nouvelle vague de transfert d'emplois de production, Moutier a été durement touchée. La cité du Jura bernois, bientôt jurassienne, verra une centaine d'emplois disparaître, la branche verrière européenne du groupe japonais AGC Asahi Glass (AGC) ayant décidé de fermer l'usine prévôtoise, jugée non rentable.
Ajustement structurel
La multinationale nippone, un des acteurs majeurs de l'industrie verrière, notamment le verre plat ainsi que les vitrages de véhicules, est active dans près de 30 pays et emploie plus de 50'000 collaborateurs. En 2016, il a dégagé des revenus de 125 milliards de yens (environ 1,07 milliard de francs).
A ces emplois viennent encore s'ajouter les 300 salariés menacés par la faillite du fabricant de cuisines Bruno Piatti, suite à la déconfiture de son propriétaire allemand Alno. Dans le commerce de détail, Manor a pour sa part annoncé en durant l'été une réduction d'effectif touchant 200 collaborateurs à son siège de Bâle. Globus a lui biffé 30 postes.
Si le Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco) ne souhaite pas commenter cette vague de suppressions d'emplois, son porte-parole, Fabian Maienfish, explique à l'ats que l'économie suisse se trouve dans une phase d'ajustement structurel. Dans certaines branches, les enterprises ajustent leur production à l'évolution de la demande.