Tous uniques mais égaux

L’incohérence entre paroles et actes pèse sur l’attractivité des entreprises

L’engagement des entreprises en matière de diversité a un effet positif sur leur image et contribue notamment à attirer de nouveaux talents. Cependant, il arrive que certaines entreprises se présentent comme beaucoup plus engagées sur ce thème que ce qu’elles ne sont en réalité. Cette incohérence entre les paroles et les actes peut avoir des effets néfastes sur leur attractivité en tant qu’employeur.

La composition du conseil de direction et du top management joue un rôle déterminant à bien des égards. Ainsi, plusieurs études ont pu mettre en évidence un lien positif entre le nombre de femmes dans ces organes de gouvernance et des variables comme la responsabilité sociale, la réputation, ou la performance financière de l’entreprise. Malgré cela, les femmes restent largement sous-représentées parmi les cadres supérieurs.

Afin d’attirer de nouveaux talents et valoriser leur image en tant qu’employeur, de nombreuses entreprises ont adopté des valeurs censées refléter leur engagement pour la diversité de genre et leur reconnaissance de la contribution des femmes dans le monde du travail. Cet engagement peut être signalé, par exemple, via leur site Internet, une charte de diversité ou leur présence lors de certaines manifestations.

Cette stratégie permet d’influencer positivement l’attractivité de l’entreprise auprès des talents féminins mais aussi des candidats masculins. Toutefois, cet effet positif est tributaire de la cohérence que ces personnes perçoivent entre le message qui est véhiculé par l’entreprise et la composition démographique de ses organes de direction.

Une récente étude (1) montre que l’attractivité d’une entreprise en tant qu’employeur diminue drastiquement si elle se présente comme promouvant la diversité de genre alors que son conseil d’administration est uniquement composé d’hommes. Ce lien entre ce que l’on nomme les diversity mixed messages et l’attractivité de l’entreprise s’explique par la perception d’un manque d’intégrité comportemental au niveau organisationnel.

Fait intéressant, les chercheurs ont observé l’évolution des perceptions de l’intégrité et de l’attractivité d’une entreprise fictive se disant engagée en matière de diversité de genre en fonction de la proportion de femmes composant son conseil d’administration. Pour ce faire, ils ont fait varier la composition du conseil de 8H pour 0F à 4H pour 4F, soit cinq conditions expérimentales au total.

Les résultats montrent que les participants (171H, 256F) ont perçu l’entreprise comme plus intègre par rapport à ses valeurs et donc plus attractive à partir du moment où son conseil d’administration comportait au moins deux femmes. La présence d’une seule femme a été perçue comme un artifice et non comme un signal d’engagement dans une démarche de diversité au niveau de la direction.

Cette étude révèle une fois de plus l’importance pour les entreprises d’aligner leurs paroles sur leurs actes en matière de gestion de diversité. Plus les entreprises seront perçues comme intègres dans ce domaine, plus elles seront considérées comme attractives par les talents féminins et masculins.

(1) Windscheid, L., Bowes-Sperry, L., Kidder, D. L., Cheung, H. K., Morner, M., & Lievens, F. (2016). Actions Speak Louder Than Words: Outsiders’ Perceptions of Diversity Mixed Messages. Journal of Applied Psychology. Advance online publication.

commenter 0 commentaires HR Cosmos
SB

Après avoir réalisé une thèse de doctorat liée à la discrimination au travail, Steve Binggeli a travaillé plus de six ans dans les bureaux de l’égalité de la Confédération et du canton de Vaud. Aujourd'hui, il est membre du Comité de Direction du Service du Personnel de la Ville de Lausanne, responsable de la rémunération et de l’analytique RH. Il préside aussi le conseil de la fondation Pacte qui a pour mission de promouvoir l’égalité des chances et la mixité en entreprise

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