Conseils pratiques

Mais où est donc passée votre attention?

L’attention influence notre fonctionnement au quotidien. Enjeu primordial pour les médias, les politiques et les entreprises, il s’agit aussi d’une faculté que l’on peut entraîner et améliorer.

Imaginez un instant que vous soyez en train de travailler sur une question légale épineuse. Est-ce que vous vous plongez dans le code du travail? Est-ce que vous rédigez un article en même temps que vous prenez un café?

La qualité de notre attention (vague ou intense), l’objet préférentiel de notre attention (des lieux, des personnes, des objets, des activités, des informations), notre volonté de s’éloigner ou de se rapprocher d’un sujet. Voilà autant d’éléments déterminants sur notre compréhension de nous-même, notre conception de l’autre et notre manière d’interagir.

Pourtant la manière dont nous accordons notre attention à une situation est influencée inconsciemment, par des préférences dont nous n’avons pas toujours conscience.

Du point de vue individuel…

La manière dont nous trions les informations a été étudiée par le médecin psychiatre suisse Carl Gustav Jung, créateur de la psychologie analytique et fils spirituel de Freud. Il y a selon lui deux manières de sélectionner les informations: par la sensation ou l’intuition.

Si vous comprenez le monde à travers vos cinq sens, alors vous constatez simplement ce qui est, vous affichez un grand sens et une vision pratique. À l’inverse, lorsque vous percevez le monde à travers votre intuition, vous sentez comment sont les gens, vous avez accès à des informations non explicites, vous voyez facilement les implications futures de ce qui se déroule maintenant.

Selon Jung, nous possédons tous en nous ces deux perceptions, mais nous préférons toujours l’une à l’autre, parfois de manière très tranchée. Ce choix est une habitude acquise inconsciemment.

… à la perception interpersonnelle en entreprise

En partant de ces observations, Jung a formulé le concept de type de personnalité, dont découle notamment le test Myers Briggs Type Indicator (MBTI). Celui-ci permet de montrer clairement aux équipes leurs similitudes ou leurs différences.

En effet, en répondant à des questions ciblées qui révèlent nos préférences, notre façon de fonctionner, il en découle une typologie dans laquelle on peut se reconnaître. Les conclusions de ce test proposent 16 typologies différentes, ce qui permet de mieux se comprendre et d’apprendre comment interagissent les autres typologies.

Les opposés s’attirent, se complètent et s’enrichissent, mais ils peuvent aussi, une fois la phase de curiosité passée, sombrer dans l’incompréhension, l’exaspération, la suspicion de mauvaise foi. Notre vision est renforcée par le biais cognitif de confirmation, c’est-à-dire que notre cerveau conserve les informations qui confirment nos idées préconçues, et a tendance à rejeter ce qui vient les défier… De même, l’éclairage que nous portons sur l’autre aura un impact significatif sur nos relations interpersonnelles, y compris professionnellement.

Les conséquences d’un point de vue macro-économique

Cet ensemble a créé ce que l’économiste Keynes a nommé les «prophéties auto-réalisatrices». Il a observé que la manière dont nous imaginons que quelque chose va se passer entraîne son accomplissement. Un exemple typique est celui de la bourse: si suffisamment de personnes croient qu’une action va monter, alors ils l’achètent, et elle monte! Ce sur quoi nous portons notre attention a donc un impact constant sur ce que nous vivons.

Les conséquences d’un point de vue personnel et managérial

Lors que nous nous concentrons en priorité sur nos erreurs, nos faiblesses, nos regrets, nous leurs donnons plus de poids, nous perdons en confiance en nous et en estime de nous-même. Ce qui nous entraîne à faire encore plus d’erreurs…

Prenez le cas où vous rédigez la liste de toutes les fois où vous n’avez pas pu répondre à une question, juste avant un rendez-vous clientèle, vous imaginez déjà une situation d’échec. En plus de ressentir du stress, vous ancrez en vous cette erreur, vous vous voyez sous un mauvais jour, et ce n’est pas le meilleur point de départ pour répondre à des questions.

Si nous portons notre attention sur nos réussites, nos forces, nos joies, nous gagnons en confiance en nous, en confiance en l’autre, en estime de soi, en gratitude envers l’autre. Et un cercle vertueux s’enclenche.

Par exemple, si vous savez que vous avez le contact facile, vous pouvez organiser une réunion avec de nouvelles personnes, élargir votre réseau, puis renforcer en vous l’idée que vous avez un bon relationnel suite à une réunion réussie. Il ne s’agit pas d’oublier ou de nier notre côté sombre, car cela aurait pour conséquence de le renforcer aussi, mais plutôt de ne pas plonger dans l’autocritique de manière inconsidérée et constante. Reconnaitre et apprendre de ses erreurs est suffisant, on peut ensuite agir en fonction, plutôt que de rester dans la simple autocritique.

Nous allons aussi développer certaines compétences en fonction de nos goûts, de nos métiers, et en fonction de ce que notre entreprise nous appelle à développer. Dès lors que la culture d’entreprise est focalisée sur la communication et la collaboration, ces qualités sont développées par les employés, au dépend d’autres ressources comme la rapidité d’action et de prise de décision.

Développer son attention et celle de ses équipes

Choisir consciemment où va notre attention nous apporte une vie riche de sens. Dans un premier temps, observer ce sur quoi nous portons notre attention, ce que nous faisons réellement (au-delà de ce que nous pensons devoir faire), comment nous utilisons notre temps. Cela nous dira ce qui est important pour nous.

Dans un second temps, nous pouvons analyser la façon dont nous portons notre attention et choisir (ou pas) de continuer comme avant. Vous pouvez ainsi choisir de développer vos perceptions sensorielles pour agrandir votre faculté à recueillir des informations «sensation».

Vis-à-vis des autres, nous avons intérêt à intégrer que notre perception du monde est partielle, et que les autres peuvent la compléter, l’informer, la développer. Un coaching peut aussi apporter de nouvelles perspectives.

En essayant d’autres activités qui sont loin de nos habitudes, en sortant de notre zone de confort, nous pouvons élargir ce sur quoi nous portons notre focus. En entreprise, cela correspond par exemple à des séances de team building ou des formations originales. Nous pouvons aussi choisir de développer d’autres types d’attentions, à travers la méditation, la pleine conscience, l’imagination active.

Et vous, où voulez-vous porter votre attention en ce moment?

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Eloïse Basille est formatrice en entreprise, consultante et coach professionnelle. Depuis sept ans, elle partage son expertise via son entreprise de conseil de carrière Ressource - Coaching. www.ressource-coaching.ch

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