Merci Covid-19?
Par-delà le drame sanitaire, le virus, on le constate, est un puissant filtre sociologique revitalisant. Quatre focales peuvent être dénombrées.
Une nouvelle cosmologie s’annoncerait-elle? Visuel: 123RF
- Une focale de revisitation de soi, de ses pratiques, de sa temporalité, de son organisation, de son projet de vie, de ses valeurs, de ses peurs, de la relation à soi-même et aux autres. Dans ce sens, il met en travail intérieur et en réflexion personnelle l’individu sur son propre positionnement.
- Une focale de révélation du cadre: il dévoile par sa présence ce qui, habituellement, nous est interdit de voir. Il rend visible l’invisible notamment sur le registre du politique, du psychologique et du sociologique. Dans ce sens, il élargit le regard citoyen, comme nous l’avons décrit dans la première partie de cette série.
- Une focale de reconfiguration des priorités: il reconfigure les priorités en modifiant l’agenda social. Dans ce sens, il remodèle le politique en imposant sur l’agenda une nouvelle hiérarchie des métiers centrée sur leur utilité sociale, en conséquence une nouvelle vision politique du monde, comme nous l’avons indiqué dans la seconde et la troisième partie de cette série.
- Une focale d’accélération des pratiques: il induit de profonds changements dont l’avènement de nouvelles pratiques sociales concrètes en sera le signe. Dans ce sens, il annonce l’avènement d’une nouvelle culture d’organisation du travail, tant attendue, comme esquissée dans la quatrième partie de cette série.
Dans ce sens, pour clore sur l’exergue avec Nietzsche, ce chaos imposé par le Covid-19 pourrait nous conduire à mettre au monde un nouveau projet sous la forme d’une «étoile dansante». Une nouvelle cosmologie s’annoncerait-elle?
Bibliographie de crise
- Marc Augé, Où est passé l’avenir, Ed. Panama, Collection CYCLO, 2008, 190 p.
- Pierre Bourdieu, La misère du monde, Éditions du Seuil, 1993, 947 p.
- David Le Breton, Disparaître de soi, Une tentation contemporaine, Editions Métaillé, Collection Traversée, 2015, 205 p.
- Véronique Guienne et Grégoire Philonenko, Au carrrefour de l’exploitation, Éditions Desclées de Bouwer, Collection Sociologie clinque, 160 p.
- David Graeber, Bullshit Jobs, Éditions L.I.L, Les Liens qui Libèrent, 2018, 416 p.
- Stéphane Haefliger, Mass média et santé, la construction médiatique d’une pandémie, disponible ici.
- Stéphane Haefliger, DRH et Manager, Levez-vous ! Vie et mort des organisations, Éditions EMS, 2017, 232 p.
- Hartmut Rosa, Remède à l’accélération, Éditions Editeur Philosophie 2018, 93 p.
- Pierre Sansot, Les gens de peu, Éditions PUF, Collection Quadrige, 2017, 228 p.
- Paul Virilio, Vitesse et politique, Éd. Galilée, Espace critique, Éditions 1977, 160 p.
- Alfred Willener, A la lumière de la vitesse, Éditions Payot, 1990, 170 p.
A propos de la série
Oui, ce satané virus met à mal nos hôpitaux, nos certitudes et nos prédictions. Oui, il met à genoux nos familles, notre économie et nos habitudes. Oui, il désorganise tout ce que patiemment nous avions ordonné. Oui, il nous oblige à penser le futur différemment. Par-delà le drame sanitaire, cette série tente de répondre à la question suivante: ce virus, qu’a-t-il à nous dire sur nous, nos existences personnelles et finalement sur la place du travail en nos vies? Quatre regards spécifiques sont convoqués: le Covid-19 permettrait une «revisitation» de soi, une révélation du cadre politique, une reconfiguration des priorités professionnelles et une accélération de l’histoire. Petit, mais costaud, le Covid-19. Prenez-soin de vous et des vôtres!